Aujourd’hui en Suisse
Bonjour à vous, Suisses de Suisse et du monde,
Richard Branson et Jeff Bezos viennent de faire la une avec leurs sauts en apesanteur et à l’EPFL de Lausanne, Chloé Carrière imagine déjà le jour où tout le monde pourrait y aller. Rencontre avec une passionnée de l’espace, qui sera un jour candidate astronaute.
Plus terre à terre, et moins réjouissant, nous parlerons aussi du vrai prix des nuisances routières, du prochain Sommet mondial de l’alimentation et d’une certaine attitude néo-colonialiste de la Suisse envers l’Afrique.
Bonne lecture,
Même si leurs «sauts de puce» à 100 km d’altitude ne leur donneront pas le titre d’astronautes, les milliardaires Richard Branson et Jeff Bezos auront mis l’espace à la une cet été. Et avant eux, il y avait eu les 22’000 candidates et candidats astronautes annoncés au concours de l’Agence spatiale européenne – du jamais vu. Pour parler de cet engouement, la RTS recevait ce matin la «Madame espace» de l’EPFL.
Ses camarades l’ont surnommée «Galactic Chloé». Il y a quelques jours, cette étudiante en management de la technologie commandait une «mission analogue», qui consiste à simuler les conditions d’isolement d’une mission spatiale, pendant huit jours dans une galerie sous les Alpes bernoises. Chloé Carrière est aussi la fondatrice de l’association Space@YourService et se destine évidemment à un métier dans le spatial, idéalement comme astronaute.
Pour elle – comme pour nous à swissinfo.ch – pas de doute: la Suisse est une vraie nation spatiale. Et de citer évidemment nos chasseurs d’exoplanètes nobélisés et le télescope CHEOPS, mais aussi toutes les contributions technologiques aux vols spatiaux (des coiffes de fusée aux horloges atomiques) et la récente initiative de ClearSpace pour commencer à nettoyer l’orbite terrestre de ses débris.
- L’interview de Chloé CarrièreLien externe, invitée de la Matinale de RTS La Première
- La chercheuse en gravité qui se rêve en apesanteur – portrait d’une candidate astronaute suisse, par votre serviteur, février 2021
- Point fort – Dans l’espace, la petite Suisse joue dans la cour des grands
Les nuisances du trafic routier coûteraient bien plus à la Suisse que ce que l’on pense généralement: pas loin de dix milliards de francs par année, selon une étude de la Confédération. On parle ici de pollution, de bruit ou d’accidents, dont il est possible de calculer scientifiquement l’impact sur l’environnement et la santé – des façades des bâtiments à nos poumons, en passant par les catastrophes climatiques.
L’Office fédéral du développement territorial vient de dévoiler ses derniers chiffres. Au total, les coûts externes des transports en Suisse s’élèvent à 13,7 milliards de francs, dont 9,7 milliards pour la route, suivie par l’avion et le rail à plus d’un milliard de francs chacun. A l’inverse, la mobilité active, la marche et le vélo génèrent des bénéfices et sont responsables de moins de maladies et de décès prématurés.
Ces chiffres confortent dans leur cause les défenseurs de la mobilité douce, alors que sans surprise, les milieux routiers les contestent. Selon eux, l’étude oublie les bénéfices du transport routier pour l’économie et la société. «On sent bien qu’on cherche aujourd’hui à tirer à boulets rouges sur le trafic individuel motorisé», regrette le secrétaire vaudois de l’Association suisse des transports routiers (ASTAG).
- L’articleLien externe de RTS Info
- Plus de morts et de blessés sur les routes suisses en 2020 – Keystone-ATS – 29 juin 2021
Encore un sommet pour rien? C’est ce que pensent certaines ONG du prochain Sommet alimentaire mondial des Nations unies. Selon elles, les géants de l’agro-alimentaire ont trop de poids dans les processus de résolution de problèmes qu’ils ont contribué à créer. Mais ce n’est pas l’avis de tout le monde.
Quelles formes d’agriculture et de nutrition pourront à la fois nourrir une population croissante et protéger la biodiversité et le climat? En collaboration avec le Forum économique mondial (WEF), les Nations unies organisent le quatrième grand Sommet sur le système alimentaire à New York en septembre. Et un pré-sommet de préparation se déroule actuellement à Rome (26-28 juillet).
Les ONG ne sont pas les seules à protester. Des scientifiques suisses se sont également joints au boycott et des élus posent des questions critiques au gouvernement. Dans l’autre camp, on trouve aussi des experts et des politiciens pour défendre la légitimité d’un tel sommet, car le dialogue est toujours utile.
- L’article de ma collègue Sibilla Bondolfi
- «Il n’est pas trop tard, mais il est grand temps!» – l’opinion de Markus Allemann, directeur de la Fondation suisse pour la coopération au développement Swissaid
- Comment réinventer notre alimentation – par ma collègue Clare O’Dea – juin 2020
- Point fort – Le visage renouvelé de la Genève internationale
Plus
«L’inconscient raciste de la Suisse la préserve de reconnaître son rôle négatif en Afrique». Le constat est celui du philosophe et historien camerounais Achille Mbembe, une grande voix africaine, qui enseigne actuellement à Johannesburg, après avoir fait sa carrière académique à Paris, à Dakar et aux Etats-Unis.
En interview avec Le Temps, Achille Mbembe commence par rappeler que son pays fut dans les années 1970 un des plus performants d’Afrique, avant de devenir un des plus corrompus du monde. Au pouvoir depuis 38 ans, son président Paul Biya séjourne régulièrement, et à grands frais, à l’hôtel Intercontinental à Genève, où il a déjà passé environ cinq ans de sa vie – «alors qu’il devrait être au Tribunal pénal international de La Haye», s’insurge le philosophe.
Cette complaisance envers un tyran n’est pas le seul reproche qu’Achille Mbembe adresse à la Suisse. Selon lui, «la force du pays, c’est la finance internationale. Elle héberge un conduit de réseaux financiers et l’incohérence de sa politique africaine vient du fait qu’elle souhaite simultanément s’en laver les mains. Cette déresponsabilisation est tout sauf neutre».
- L’interviewLien externe d’Achille Mbembe dans Le Temps (libre accès)
- Genève, capitale du Cameroun – pour combien de temps encore? – par Markus Spörndli, swissinfo.ch – janvier 2019
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