Aujourd’hui en Suisse
Bonjour à vous, qui nous lisez d’un peu partout,
Les syndicats suisses ont fait leur rentrée et s’attaquent à un gros chantier: le projet de réforme des retraites. Il prévoit notamment de faire travailler les femmes un an de plus qu’aujourd’hui, soit jusqu’à 65 ans. L’idée est ancienne et a déjà été refusée par le peuple à deux reprises; il semblerait qu’elle ne passera pas non plus comme une lettre à la poste cette fois.
Dans cette dernière sélection de la semaine, je vous parle aussi des responsabilités de la Confédération envers les enfants enlevés du Sri Lanka, de la pression qui monte dans les hôpitaux et d’un fait divers rarissime en Suisse.
Excellente lecture et bon week-end,
Les syndicats montent au front contre ce qu’ils perçoivent comme un démantèlement des retraites. Ils avaient convoqué la presse ce vendredi à Berne, et ont qualifié les réformes, telles qu’elles sont sur la table aujourd’hui, d’«affront» aux travailleurs et travailleuses.
Le gouvernement suisse projette notamment de relever d’un an l’âge de départ à la retraite des femmes, de 64 à 65 ans, l’alignant sur celui des hommes, afin d’équilibrer les finances de l’AVS (le premier des trois «piliers» du système suisse de retraite).
Pour les syndicats, les femmes sont les grandes perdantes des projets de réformes. Ils martèlent qu’actuellement, elles perçoivent une retraite inférieure d’un tiers à celle des hommes, et estiment que les économies escomptées (1,2 milliard par an) se feront en grande partie «sur leur dos».
Les organisations syndicales s’inquiètent aussi de réformes prévues du deuxième pilier, l’épargne retraite professionnelle. Ils relèvent qu’en l’état des propositions, la révision du niveau des cotisations ferait baisser le salaire net de 1,2 à près de 4% pour tous les salariés et salariées de moins de 55 ans. Un appel à manifester le 18 septembre sur la Place fédérale à Berne a été lancé, sous le signe «Pas touche à nos rentes».
- Les syndicats tapent du poing sur la table au sujet de la réforme de l’AVS – le sujetLien externe du 12h45 de la RTS
- Le Parlement fédéral fixe l’âge de la retraite des femmes à 65 ans – le sujetLien externe de RTSinfo
- Repousser l’âge de la retraite des femmes: de nombreux pays ont franchi le pas – mon article sur la situation internationale
- Que prévoit la nouvelle réforme suisse des retraites? – notre article explicatif de novembre 2019
Plus
Des enfants srilankais enlevés ont été adoptés en Suisse. «Pour la première fois, très clairement», un rapport fait le lien entre les adoptions illégales d’enfants en Suisse et des disparitions forcées au Sri Lanka, selon Olivier de Frouville, expert en droits humains auprès de l’ONU.
Plus de 700 enfants srilankais ont été adoptés dans les années 1980 en Suisse, dont certains de manière illégale. À la fin 2020, le Conseil fédéral l’a reconnu et a exprimé ses regrets quant aux manquements des autorités, qui étaient au courant de ces irrégularités mais ne les ont pas empêchées pour autant.
La Suisse a depuis été sommée de faire davantage la lumière sur ce trafic d’enfants, et de vérifier si certains d’entre eux avaient été soustraits de force à leurs parents. Et le Conseil fédéral l’admet aujourd’hui: certains cas «sont préoccupants et se recoupent avec les disparitions forcées», explique Olivier de Frouville, vice-président du Comité sur les disparitions forcées (CED).
«Il existe de nombreuses histoires de femmes qui ont accouché, puis vu leur bébé enlevé», dit-il notamment dans un entretien à SWI swissinfo.ch. Désormais, la Suisse a le devoir de poursuivre les responsables et de fournir des réparations aux victimes, rappelle Olivier de Frouville.
- L’interview d’Olivier de Frouville, par mon collègue Dorian Burkhalter
- «Mes parents m’ont aimée comme leur propre enfant» – portrait de la photographe bernoise Carmela Harshani Odoni, elle-même adoptée au Sri Lanka
- Les «regrets» du Conseil fédéral sur les adoptions illégales au Sri Lanka – l’articleLien externe de RTSinfo.ch (décembre 2020)
- La Suisse a fermé les yeux sur les adoptions illégales d’enfants srilankais – l’articleLien externe de RTSinfo.ch (février 2020)
Les hôpitaux commencent à tirer la sonnette d’alarme. Dans un communiqué diffusé ce vendredi, les hôpitaux zurichois alertent sur le remplissage rapide et élevé de leurs secteurs de soins intensifs, actuellement occupés à 90% – dont un tiers de malades de la Covid-19.
Ces chiffres se rapprochent de la situation de l’hiver dernier bien plus tôt que prévu, soulignent-ils. Les patients et patientes sont plus jeunes que lors des vagues précédentes de la pandémie, et très majoritairement non vaccinés. C’est pourquoi les hôpitaux appellent à «se faire vacciner d’urgence». «C’est la seule manière d’éviter des évolutions graves de la maladie et la surcharge du secteur de la santé», souligne Christian Schär, président de la fédération.
Plus tôt dans la semaine déjà, Linda Nartey, vice-présidente de l’Association des médecins cantonaux de Suisse, déclarait son inquiétude «face à la situation dans les hôpitaux», confrontés à une charge de travail élevée. La situation était déjà tendue entre les vagues de Covid: toutes les opérations repoussées n’ont pas pu être rattrapées et tous les départs de personnel n’ont pas été remplacés, a-t-elle rappelé.
Face à la surcharge, certains établissements hospitaliers commencent à prendre des mesures, comme le report des interventions non urgentes. Les Hôpitaux universitaires genevois, qui jugent leur situation «préoccupante», disent en être encore au stade où ils l’envisagent. À Lausanne, le CHUV a commencé à transférer des patients et patientes vers d’autres cantons par anticipation.
- Le point sur la situation en Suisse dans notre article récapitulatif
- Le suivi de la pandémieLien externe sur RTSinfo.ch
- «Les non-vaccinés devraient renoncer à se faire hospitaliser» – polémiqueLien externe autour des propos de Natalie Rickli, la ministre cantonale zurichoise de la Santé
C’est un fait divers largement relayé dans les médias suisses cette semaine. Lundi 30 août, un Zurichois de 37 ans a été tué par un policier à la gare de Morges, dans le canton de Vaud.
Le procureur général vaudois Eric Cottier, qui s’est exprimé pour la première fois sur cette affaire jeudi soir, a annoncé l’ouverture d’une enquête pénale. «Le coup de feu est intentionnel et par conséquent on est dans la configuration théorique de ce que le code pénal qualifie de meurtre», a-t-il expliqué. Il a précisé qu’une telle procédure était normale dans ce cas de figure et ne disait rien de la culpabilité ou non du policier à ce stade.
Selon les premiers éléments de l’enquête, la victime souffrait de problèmes psychologiques et était connue de la police zurichoise. Les investigations ont confirmé qu’elle a menacé les policiers avec un couteau, et que trois coups de feu ont été tirés par un seul policier. Une vidéo de la scène montre que plus de 4 minutes se sont écoulées entre le 3e coup de feu et le massage cardiaque qui lui a été prodigué.
Les policiers ont-ils tardé à lui porter secours? L’instruction pénale devra le déterminer, et si le policier a agi dans une situation de légitime défense. Les investigations vont encore durer plusieurs semaines. «Ce genre d’intervention demeure rarissime en Suisse», rappelle Le Temps, mais elle «survient dans un contexte vaudois tendu», deux semaines après la confirmation de l’acquittement d’un policier qui avait tué un Africain à Bex.
- L’interviewLien externe du procureur général vaudois Eric Cottier dans l’émission Forum de la RTS
- Le profil de la victime par balles de Morges se dessine petit à petit – le sujetLien externe de la RTS
- À Morges, une mort qui interroge – l’articleLien externe du Temps (abonnés)
Deux objets, votre avis: participez au sondage de la SSR sur les votations!
La population suisse est appelée à voter le 26 septembre sur deux objets: l’ouverture du mariage civil aux couples homosexuels et une initiative de la gauche visant à taxer plus lourdement les revenus du capital.
Nous aimerions savoir comment vous vous positionnez par rapport à ces deux projets et si vous avez déjà décidé de glisser un oui ou un non dans l’urne.
Participez au sondage de la SSR, auquel vous accédez en cliquant iciLien externe.
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