Aujourd’hui en Suisse
Chères et chers Suisses d’ici et du monde, bonjour,
Terrorisme et environnement au menu de cette sélection du jour.
Impossible d’échapper aux commémorations des 20 ans du 11-Septembre. À cette occasion, nous vous proposons aujourd’hui deux réflexions, sur les effets pervers de la guerre au terrorisme et sur l’avènement d’une société de la surveillance, dont les bénéficiaires en Occident ne sont pas forcément ceux à qui on aurait pu s’attendre.
Côté environnement, nous nous penchons sur les espèces menacées – avec quelques bonnes nouvelles – et sur la possible inscription dans la loi suisse d’une notion de «crime environnemental».
Bonne lecture et bon week-end,
Au lendemain du 11-Septembre, l’union sacrée s’est faite très vite aux Nations unies pour lutter contre le terrorisme. Mais au fil des ans, on a vu que cette guerre faisait aussi ses victimes collatérales, notamment dans les pays qui ont facilement tendance à taxer de terroriste toute force d’opposition.
Entérinée le 28 septembre 2001 à New York, alors que les ruines des Twin Towers sont encore fumantes, la résolution 1373 enjoint les États membres à criminaliser le terrorisme. Puis en 2006, l’ONU adopte une stratégie antiterroriste mondiale. À Genève, pendant ce temps, le Conseil des droits de l’homme instaure un poste de «Rapporteur spécial sur la promotion et la protection des droits humains et des libertés fondamentales dans la lutte antiterroriste».
Car certains pays profitent de leurs nouvelles lois antiterroristes pour contrarier des libertés fondamentales comme celle d’expression ou de réunion, et pour réprimer durement certains mouvements. Que l’on pense à la Turquie, à la Russie, au Sri Lanka ou à la Chine, pour n’en citer que quelques-uns.
- L’article de ma collègue Julia Crawford
- Pourquoi la nouvelle loi antiterroriste menace les activistes en Suisse – par ma collègue Katy Romy – juillet 2021
- Les questions en suspens laissées par Washington en Afghanistan – par le politologue américano-suisse Daniel Warner – 17 août 2021
- 11 septembre 2001Lien externe – commémorations, souvenirs, témoignages et vidéos sur RTS Info
En Occident aussi, le 11-Septembre a apporté son lot de bouleversements, avec notamment l’instauration d’une société de la surveillance. On est bien loin de l’amateurisme de la police fédérale helvétique, qui fichait les gauchistes pendant la Guerre froide. Aujourd’hui, la surveillance est électronique, totale et le plus souvent exercée par des sociétés commerciales.
Les géants du numérique savent à peu près tout de nous, de nos habitudes, de nos goûts et de nos comportements. Et les montagnes de données ainsi collectées le sont le plus souvent dans un but commercial, relève Sarah Genner, spécialiste des médias et du numérique, auteure notamment du livre «ON/OFF», sur les risques et les bénéfices de l’internet omniprésent (en anglais).
«Le capitalisme de surveillance est une mutation du capitalisme moderne. Il se caractérise par une concentration sans précédent de la richesse, du savoir et du pouvoir», constate pour sa part Shoshana Zuboff, professeure émérite à la Harvard Business School. Et l’acceptation de ces pratiques n’aurait sans doute pas été aussi rapide sans la culture de la surveillance instaurée au lendemain du 11 septembre 2001.
- L’article de Sarah Genner
- «D’autres pays pourraient prendre exemple sur la Suisse et durcir leur loi antiterroriste» – Katy Romy – mai 2021
Plus
On connaissait la Liste Rouge des espèces menacées, voici le Statut Vert, plus réjouissant. Avec ce nouvel outil, l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN), basée en Suisse, entend évaluer les programmes de restauration et de sauvegarde des espèces menacées. Et il y a du travail!
À côté du changement climatique, on cite souvent la perte de biodiversité comme l’autre grand problème écologique de notre temps. Ce n’est pas sans raisons: chaque espèce est essentielle à l’équilibre des écosystèmes dont nous dépendons toutes et tous. La faune et la flore ne sont pas là pour la décoration: elles constituent la biosphère, au même titre que les humains.
Quelque 28% des espèces étudiées par l’UICN – 38’543 sur 138’374 pour être précis – sont menacées d’extinction, selon la dernière mise à jour de la Liste Rouge. Mais il y a aussi des rémissions. C’est ce que mesure le Statut Vert, outil complémentaire à la Liste Rouge, qui offre une perspective plus optimiste sur les efforts de conservation d’une espèce.
Exemple: la libellule à pattes jaunes, espèce entièrement rétablie grâce aux efforts de lutte contre la pollution des rivières. Les programmes de conservation les plus efficaces sont ceux qui tiennent aussi compte des besoins humains. Quand on ne parvient pas à trouver un compromis entre l’être humain et la faune, c’est la faune qui sera perdante.
- L’article de mon collègue Luigi Jorio
- Point fort – La biodiversité est-elle préservée dans les Alpes suisses?
Et puisqu’on parle d’écologie, le Conseil fédéral prévoit d’introduire dans la loi la notion de «crime environnemental». Cela pourrait concerner des entreprises qui portent systématiquement atteinte au climat et ne font aucun effort. Mais pour l’instant, les critères prévus concernent avant tout les activités mafieuses.
Le commerce illégal issu du braconnage ou de la déforestation et, surtout, le trafic de déchets constituent des exemples de ce type de crimes. Dans sa définition, le Conseil fédéral cible «les infractions porteuses d’effets graves pour l’homme et l’environnement […] commises en bande, par métier ou par habitude», qui selon son message «rapportent des milliards à l’échelle mondiale».
Ce type de crimes pourraient faire encourir des peines de prison jusqu’à cinq ans. La Suisse suit dans ce domaine une tendance qui se manifeste déjà ailleurs en Europe. Le projet de révision de la Loi sur la protection de l’environnement – qui contient aussi des dispositions sur la dépollution des sites contaminés et la protection contre le bruit – est soumis à consultation des cantons, des partis et des milieux intéressés jusqu’à la fin de l’année.
- L’articleLien externe de RTS Info
- La révision de la Loi sur la protection de l’environnementLien externe, sur le site de la Confédération
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