Aujourd’hui en Suisse
Helvètes du monde, bonjour,
Depuis dimanche, nous avons beaucoup parlé votations, forcément. Je vous propose donc une dernière analyse sur le sujet avant de vous emmener voir du 7ème art et de la culture underground. Tout un programme!
Bonne lecture,
Dimanche, la Suisse est devenue le 29ème pays au monde à légaliser le mariage entre individus de même sexe. La bataille a été longue pour ses partisanes et partisans, mais le oui d’autant plus clair. Le politologue Claude Longchamp explique pourquoi.
Avec 65% de oui en Suisse alémanique, 63% en Suisse romande et 53% au Tessin, toutes les régions linguistiques ont adoubé le mariage pour toutes et tous. L’habituel fossé ville-campagne s’est résumé cette fois à une petite fissure de quelque 14%. Alors pourquoi aura-t-il fallu si longtemps pour que ces unions soient acceptées?
Claude Longchamp et la science politique l’expliquent par le phénomène des instances de veto que sont le droit de référendum et le fédéralisme. Tous deux, de part leur recherche de compromis, freinent les changements politiques. Rappelons que la première tentative en matière de mariage gay remonte à 1998. La classe politique joue également un rôle dans la lenteur au changement.
Mais, d’après le politologue, tout cela est en train de changer. Au Parlement, la population évolue et est désormais plus représentative des résidentes et résidents de Suisse. En outre, les minorités revendicatrices devraient devenir de plus en plus visibles et engagées pour leurs causes. En clair, lorsque le peuple s’engage, la société change plus rapidement.
- Lire l’analyse de Claude Longchamp
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Pour le comité d’opposition, la lutte ne fait que commencer
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Notre dossier sur les votations fédérales du 26 septembre
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Le dernier film du réalisateur français François Ozon raconte l’histoire d’un père qui demande à sa fille de l’aider à mourir grâce au suicide assisté. Abordant un sujet tabou en France mais bien connu en Suisse, «Tout s’est bien passé » a été présenté au Festival du film de Zurich.
Le film est en fait l’adaptation du roman autobiographique d’Emmanuèle Bernheim, à qui son père André, 85 ans, partiellement paralysé et dépendant à la suite d’un AVC, avait demandé de l’aide pour obtenir un suicide assisté.
Les deux rôles principaux sont tenus par André Dussollier, qui joue le père, et Sophie Marceau dans le rôle de sa fille. «Dans ce long-métrage bouleversant mais lumineux, André Dussollier, métamorphosé et magistral, incarne ce père avec une rare justesse », écrit la RTS, qui a pu interviewer l’acteur en marge du Festival du film de Zurich.
Si «François Ozon n’a pas voulu prendre parti», André Dussollier est d’avis que «dans tous les cas, il faudrait que la personne malade puisse décider de la fin de sa vie ». Confiant, il pense que la France, à l’instar de la Suisse, y arrivera un jour aussi.
- Lire l’article de la RTSLien externe et voir la bande-annonce du film
- (re)Lire le bouleversant reportage sur Yoshi, un Japonais venu mourir en Suisse
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Notre dossier sur le suicide assisté en Suisse
Dans ses «salons de messages», Esther Eppstein et les artistes de passage façonnent depuis trois décennies l’évolution culturelle de Zurich. Aujourd’hui, la grande dame de l’underground zurichois est reconnue par ses pairs et reçoit le Prix Meret Oppenheim 2021, le prix d’art plastique le plus prestigieux de Suisse.
C’est en 1996 qu’Esther Eppstein ouvre son premier salon de messages dans un quartier chaud de Zurich. Et cette envie de vivre et de travailler pour, avec et à travers d’autres artistes ne l’a pas quittée depuis, puisqu’elle dirige désormais une résidence d’artistes nomade, la Message Salon Ambassy.
Le Prix Meret Oppenheim, elle en est très heureuse, mais elle le voit «comme un devoir, dans le sens où [elle peut] être un modèle pour les jeunes artistes» en leur montrant que, même sans avoir jamais dirigé d’institution, on peut vivre de sa vie d’artiste et recevoir un prix prestigieux.
Depuis longtemps, Esther Eppstein aurait pu surfer sur les vagues artistiques qu’elle a elle-même lancées, ouvrir des galeries et probablement gagner beaucoup d’argent. Au lieu de cela, elle a préféré cultiver cette culture underground. Les galeries «jouent un rôle important dans la carrière des artistes, mais ce n’était pas mon véritable intérêt. J’étais entre l’underground et la recherche de visibilité. Et c’est précisément cette jonction qui m’intéresse», déclare-t-elle.
- Son interview, une galerie photos et une vidéo de l’artiste
- Représentation des femmes au musée : l’égalité devra encore attendre
Mercredi, Stefan Blättler devrait être nommé à la tête du ministère public de la Confédération et succéder ainsi à Michael Lauber. Un bon compromis «à la Suisse», selon l’analyse du quotidien Le Temps.
Son prédécesseur était flamboyant et perçu comme susceptible de faire briller la Suisse dans la lutte contre la criminalité internationale. La chute n’en fut que plus rude. Avec Stefan Blättler, la commission judiciaire en charge du recrutement d’un nouveau (ou d’une nouvelle) procureur général a choisi l’opposé.
«Un gestionnaire plutôt qu’un magistrat, une sorte de grand directeur plutôt qu’un procureur général, un prudent plutôt qu’un remuant», écrit Le Temps. L’actuel commandant de la police bernoise a un profil discret. L’homme est dépeint comme ayant «une capacité certaine à endormir la méfiance de ses interlocuteurs».
Et c’est sans doute ce calme et cette discrétion qui, finalement, feront les atouts de Stefan Blättler, à en croire, Baptiste Hurni, membre de la commission judiciaire: «C’est un candidat consensuel qui bénéficie d’une bonne réputation. On espère qu’il saura rétablir le calme dans la maison et dans ses rapports avec le politique.»
- L’articleLien externe du Temps (abonnement)
- (re) Lire l’histoire de Michael Lauber
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