

Aujourd’hui en Suisse
Chères lectrices, chers lecteurs,
C’était une autre époque. Alors que la voix de la diplomatie helvétique est à peine audible dans la cacophonie qui entoure la guerre en Ukraine, il y a 60 ans, c’est en grande partie grâce à la Suisse que les armes se taisaient en Algérie. Le pays et ses bons offices y gagnaient alors une belle réputation.
Mais c’était une autre époque. Une époque où - par exemple, et nous en parlons aussi aujourd’hui - , on disait «crime passionnel» pour «féminicide». Et c’est plus qu’un détail de langage. Qui montre que quand le monde change, ce n’est pas toujours en pire…
Bonne lecture et excellent week-end malgré tout,

Il y a 60 ans, la France signait à Évian le cessez-le-feu avec sa colonie rebelle. L’Algérie était libre. Cette issue heureuse pour une sale guerre devait alors beaucoup à la diplomatie suisse, à son ministre des Affaires étrangères Max Petitpierre et à sa neutralité active.
«Si la Suisse n’existait pas, la civilisation occidentale aurait besoin qu’on l’inventât», écrivait le quotidien «Le Monde» alors que les négociateurs français et algériens s’apprêtaient à signer le 18 mars 1962 les fameux Accords d’Évian prévoyant l’instauration d’un cessez-le-feu dès le lendemain.
La réputation de la Suisse a beaucoup bénéficié des Accords d’Évian. La neutralité, parfois perçue comme un signe d’indifférence et d’isolement, devenait aux yeux du monde le symbole de l’engagement helvétique. Max Petitpierre avait misé par ailleurs sur la coopération technique au développement, qui venait ainsi s’ajouter à l’aide humanitaire et aux bons offices.
- «La réputation de notre neutralité active doit beaucoup aux Accords d’Évian»Lien externe – La Tribune de Genève (abonnés)
- Quand la Suisse contribuait à la fin de la guerre d’Algérie (vidéo) – Coulisses diplomatiques, SWI, juillet 2021
- Il y a 60 ans, les Accords d’ ÉvianLien externe – RTS, Histoire Vivante, en 5 épisodes + 3 documentaires

Au 23e jour de l’invasion russe, l’Ukraine continue à saigner, mais ne se rend pas. Les combats ont désormais atteint le centre de Marioupol. Un espoir pourrait venir de l’entretien qui a eu lieu cet après-midi entre Joe Biden et Xi Jinping, où Washington a pressé la Chine de choisir son camp et de ne pas soutenir Vladimir Poutine.
Sur le front économique, la pression monte pour Nestlé, qui contrairement à nombre de multinationales, a choisi de conserver certaines de ses activités en Russie. Dans un message relayé via son compte Twitter, le ministre des Affaires étrangères ukrainien, Dmytro Kuleba, a fustigé le groupe agroalimentaire suisse, l’accusant d’encourager la guerre menée par le Kremlin.
Et puis, après de nombreux artistes et sportifs, Roger Federer est sorti de son silence: sa fondation va donner un demi-million pour les enfants ukrainiens. «Horrifié» par les images venues d’Ukraine, le Bâlois annonce ce don à l’ONG «War Child», afin de permettre aux enfants ukrainiens de continuer à avoir accès à la scolarité.
- Le suivi de la guerre en UkraineLien externe – RTS Info
- Nestlé sommé de suspendre toutes ses activités en RussieLien externe – Le Temps (abonnés)
- Guerre en Ukraine: Federer sort de son silenceLien externe – La Tribune de Genève

Faute de données fiables, les féminicides restent un phénomène sous-estimé dans la plupart des pays. Les Nations unies espèrent améliorer les choses avec une nouvelle norme statistique, approuvée par la Suisse.
Le mot «féminicide» se fraie un chemin dans le vocabulaire courant depuis quelques années. Il est entré pour la première fois dans un dictionnaire français en 2015. Auparavant, on parlait plutôt de «meurtre d’une femme», voire de «crime passionnel». Le glissement de langage n’est pas anodin: il souligne que les victimes ont été tuées parce qu’elles étaient des femmes, et qu’il y a un phénomène sociétal derrière leur meurtre.
La difficulté à s’accorder sur une définition signifie aussi un manque de statistiques fiables et harmonisées. Or, pour combattre un phénomène, il faut d’abord le connaître. En Suisse, le taux de femmes tuées dans le cadre d’une relation de couple ou familiale est de 0,48 pour 100’000. C’est plus bas qu’en Finlande ou en Allemagne, mais plus haut qu’en France ou en Italie.
- L’article de Pauline Turuban
- Le harcèlement sexuel au travail reste très répandu[MMA(1] – Marie Vuilleumier, février 2021
- Lorsque dire «non» au sexe ne suffit pas – Sibilla Bondolfi, Kamel Dhif et Belén Couceiro, janvier 2021
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«Lex Netflix», contribution à Frontex, consentement présumé pour le don d’organes: Comment allez-vous voter le 15 mai? La radio-télévision publique suisse (SSR), qui est aussi la maison-mère de swissinfo.ch, prend la température de l’opinion sur ces trois sujets. Participez en ligne.
Culture, politique extérieure et éthique sont au menu de ce deuxième dimanche de votations de l’année. La modification de la loi sur le cinéma vise à obliger les plateformes de streaming à soutenir financièrement la création de films et de séries suisses. La reprise du règlement de l’UE relatif au corps européen de garde-frontières et de garde-côtes signifierait davantage de fonds alloués à Frontex. Enfin, la modification de la loi sur la transplantation vise à faire de chaque personne qui n’a pas explicitement exprimé son refus un ou une donneur∙euse d’organes potentiel∙le.
- ParticipezLien externe à l’enquête de la SSR
- Votation populaire du 15 mai 2022Lien externe – sur le site de la Confédération

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