Aujourd’hui en Suisse
Amies et amis lectrices et lecteurs, bonjour,
Le monde est en guerre, tout le monde le sait. Mais qu’est-ce que cela fait de voir pratiquement tous ces conflits de près? Comment cela transforme-t-il une personne? Les réponses de Peter Maurer, qui s’apprête à quitter la présidence du CICR après dix ans, sont éclairantes à cet égard.
Je vous parle aussi des pacifistes suisses face à la guerre en Ukraine, de cet été caniculaire qui ne surprend pas les climatologues et d’un nouveau label suisse de sécurité informatique.
Excellente lecture, et bon week-end
Pendant dix ans, il aura présidé aux destinées du CICR. À la veille de son départ, interview-bilan avec Peter Maurer, l’homme qui a vu de près tous les conflits de la terre. Et des conflits, il y en a eu sous son mandat à la tête de l’organisation humanitaire: guerre en Syrie, persécution des Rohingyas au Myanmar, Afghanistan ou Ukraine.
«Tout le monde considère la neutralité comme un manque de courage. Mais la neutralité est fondamentale pour effectuer ce travail», rappelle l’ancien diplomate. «Si vous parlez avec toutes les parties et essayez de les comprendre, vous gagnez une idée de ce que chacune d’entre elles peut faire pour que le dialogue soit rétabli. Mais comprendre ne veut pas dire excuser, il est important de faire la part des choses».
«Je pense que le fait d’être confronté à des conflits et d’en vivre les conséquences vous transforme, surtout lorsque vous y êtes confronté personnellement à de multiples reprises», confie encore Peter Maurer. «Je me suis rendu compte qu’il est presque plus facile de vivre le conflit en personne que d’en voir les images dans les médias. Lorsque vous voyagez dans des zones de guerre et que vous parlez aux gens, l’horreur prend des proportions différentes».
- L’interview de Peter Maurer, par SRF Info
- Que peut-on attendre de la Croix-Rouge en Ukraine? – Dorian Burkhalter, SWI, avril 2022
- Le CICR, un instrument des intérêts suisses? – Frédéric Burnand, SWI, août 2017
Peut-on militer pour la paix et soutenir les livraisons d’armes? Avec la guerre en Ukraine, la question divise les pacifistes suisses. Tous veulent la paix bien sûr, mais les avis divergent sur les moyens d’y parvenir. Les sanctions non plus ne font pas l’unanimité.
Le petit Mouvement suisse pour la paix s’oppose à la livraison d’armes à l’Ukraine et aux sanctions contre la Russie. Selon lui, plus d’armes ne sont pas la garantie d’une victoire rapide, mais ne font que prolonger la souffrance des deux côtés. Quant aux sanctions, elles frappent toujours les couches les plus pauvres de la population. Et pas seulement en Russie.
À l’inverse, le Groupe pour une Suisse sans armée, plus grande organisation pacifiste du pays, reconnaît le droit à l’autodéfense, lorsqu’un conflit est déjà bien engagé. Pour le GSsA, il est également clair que la Suisse doit soutenir les sanctions occidentales contre la Russie. Pour lui, il s’agit là du plus important levier dont dispose la Suisse pour contribuer à la paix en Ukraine.
- L’article de Ümit Yoker
- Tous les articles de swissinfo sur l’attaque russe contre l’Ukraine et ses conséquences – un point de vue suisse
Sécheresse, canicules, incendies, cet été de tous les dangers ne surprend par les scientifiques. «Ce qu’on observe aujourd’hui était annoncé. C’est logique par rapport aux émissions de gaz à effet de serre», a rappelé Martine Rebetez, climatologue et professeure à l’Université de Neuchâtel et à l’Institut fédéral de recherches sur la forêt, la neige et le paysage.
Seule surprise: la situation est plus grave que ce que prévoyaient les scénarios. Aucun n’entre eux n’avait prévu qu’on émettrait autant de CO2. Martine Rebetez observe qu’il existe effectivement une prise de conscience, mais seulement «chez les gens honnêtes et bien informés». La climatologue pointe ainsi du doigt la «désinformation» au profit des intérêts financiers à court terme des compagnies pétrolières, notamment.
Pour elle, il faut désormais agir sur deux axes: «d’un côté, on doit absolument réduire les émissions de gaz à effet de serre – depuis le temps que je le répète. Et de l’autre, le changement climatique est là. La question est donc de savoir comment on va sauvegarder notre mode de vie dans le meilleur des cas ou simplement notre vie dans certains endroits».
- L’interviewLien externe de Martine Rebetez – Forum (RTS)
- Point fort SWI – La Suisse – petit pays, grosse empreinte carbone
- Point fort SWI – Pourquoi la fonte des glaciers nous concerne
Plus
Un label de confiance numérique, c’est un peu l’équivalent pour les services en ligne du label bio pour l’alimentation. Celui que vient de lancer la Swiss Digital Initiative a des ambitions mondiales. Interview de la directrice de la fondation.
Nommé Digital Trust Label, il indique qu’un service numérique est digne de confiance selon 35 critères, qui assurent la sécurité, la protection des données, la fiabilité ainsi que des interactions équitables avec les utilisatrices et les utilisateurs. Il est particulièrement indiqué pour les applications qui recueillent des données sensibles, comme les services bancaires.
Pour l’heure, cinq entreprises suisses (dont les géants Credit Suisse et Swisscom) ont reçu le nouveau label. 14 autres sont en cours d’évaluation, principalement suisses elles aussi. Le Digital Trust Label a une soixantaine de concurrents dans le monde, mais ses ambitions sont grandes.
- L’interview de Niniane Paeffgen, directrice de la fondation Swiss Digital Initiative, par Philippe Monnier
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