La semaine en Suisse
Chères Suissesses, chers Suisses de l’étranger,
Bienvenue dans notre sélection des nouvelles qui ont le plus résonné en Suisse ces sept derniers jours.
Nous y parlons d’une fraude à la récolte de signatures, du niveau de satisfaction des Suisses de l’étranger et de l’(in)capacité des Suisses à repérer les «fake news». Nous nous penchons également sur les dégâts causés à la biodiversité par l’animal sans doute le plus meurtrier du pays: le chat.
Vous trouverez enfin notre article le plus lu de la semaine et un aperçu des débats à venir lors de la session parlementaire d’automne.
LES NOUVELLES DE LA SEMAINE
La bombe de la semaine est tombée lundi: les journaux de TamediaLien externe ont révélé que des entreprises avaient falsifié des signatures et manipulé frauduleusement des initiatives populaires et des référendums, qui sont des piliers de la démocratie directe helvétique.
La Chancellerie fédérale a annoncé avoir déposé une plainte pénale contre inconnu auprès du Ministère public de la Confédération. Selon elle, de fausses signatures seraient apparues dans le cadre d’une douzaine d’initiatives populaires, mais elle n’a pas précisé lesquelles.
D’après le Tages-Anzeiger, qui a révélé l’affaire, une entreprise avait proposé de fournir une campagne de référendum contenant 10’000 signatures au prix de 4,50 francs l’unité.
Les autorités locales ont constaté par la suite qu’entre 35% et 90% des signatures étaient invalides, un taux d’invalidité largement supérieur à celui qui est considéré comme normal (8 à 12%), selon le journal. Parmi les problèmes identifiés, des adresses de signataires inexistantes, ou encore des signatures de personnes n’ayant pas vécu dans la région depuis plusieurs années, selon le Tages-Anzeiger.
Les vérifications de signatures sont désormais renforcées, et des parlementaires réclament l’interdiction des collectes rémunérées de signatures.
«C’est un fiasco pour notre démocratie», tacle le Tages-Anzeiger dans un éditorialLien externe. «Il y a actuellement 16 initiatives en cours auprès du gouvernement fédéral qui seront soumises au peuple dans les deux ou trois prochaines années. Pouvons-nous être sûrs, le jour du vote, qu’elles ont toutes été élaborées légalement? Les spécialistes et les responsables cantonaux estiment que certaines initiatives ne le sont pas.»
- L’équipe de journalistes de Tamedia explique comment elle a découvert l’affaireLien externe
- La collecte rémunérée de signatures devrait-elle être interdite? Le débat de SRFLien externe
Les journaux suisses n’ont pas non plus accueilli avec satisfaction les résultats de deux élections régionales qui ont eu lieu dimanche dernier en Allemagne. Les bons résultats de l’extrême droite ont suscité des inquiétudes à Berlin et dans la Suisse voisine.
L’AfD est devenu le premier parti d’extrême droite à remporter une élection législative en Allemagne depuis la Seconde Guerre mondiale, avec un score de 32,8% en Thuringe. Dans la Saxe voisine, il est arrivé de justesse en deuxième position. Des analystes préviennent que le poids croissant de l’extrême droite pourrait nuire à la plus grande économie d’Europe, en dissuadant les investisseurs et la main-d’œuvre qualifiée.
«Dans la psyché allemande, le traumatisme risque d’être douloureux, estime le journal Le TempsLien externe. Car pour les millions de personnes qui ont défilé ce printemps dans les villes allemandes pour dénoncer l’extrême droite, c’est un tremblement de terre. […] Le gouvernement de Scholz devra faire son introspection. Et réaliser que la réunification économique a peut-être réussi, mais le fossé culturel qui demeure entre les deux parties du pays demeure béant.»
La Neue Zürcher Zeitung (NZZ) explique comment les choses auraient pu se passer différemmentLien externe. «Comme de nombreux partis de droite en Europe, l’AfD aurait pu être domptée ou son charme aurait pu être rompu grâce à l’intégration. La manière dont la Suisse gère l’Union démocratique du centre en est un bon exemple. Le parti de droite contribue à gouverner le pays. D’une part, cela permet à des personnes qui, autrement, se détourneraient de la politique, de se sentir représentées par le Conseil fédéral. D’autre part, la responsabilité modère et discipline l’UDC, dont le ton et le contenu se distinguent nettement des trublions nationalistes de l’AfD.»
Mais la NZZ conclut que le discours politique en Allemagne est devenu «tout simplement trop enraciné» pour ce genre de pragmatisme. La «lutte contre la droite» est devenue une sorte de doctrine d’État, même dans le camp centriste, estime le journal.
- L’UDC est-elle d’extrême-droite? Les explications du politologue Oscar Mazzoleni
«Comment ça va, la Suisse?» Plus de 50’000 personnes, dont un millier de Suisses de l’étranger, ont répondu à cette question, sur différents aspects de la vie. Il en ressort que les Suisses de l’étranger sont en grande partie satisfaits de leur quotidien, bien que les personnes retraitées soient plus heureuses que celles qui travaillent.
Comment expliquer l’insatisfaction des Suisses qui travaillent à l’étranger? «Les personnes actives à l’étranger semblent être soumises à une plus grande pression par rapport à leur travail», explique Urs Bieri de gfs.bern, l’institut qui a mené la deuxième édition de ce sondage sur mandat de la SSR, la maison-mère de SWI swissinfo.ch.
Un tiers des Suisses de l’étranger interrogés ont indiqué que leur situation professionnelle actuelle les exposait à un risque d’épuisement professionnel. «Ce n’est pas seulement la peur de perdre son emploi ou sa situation financière, mais une pression ressentie individuellement qui peut conduire jusqu’au burnout», précise Urs Bieri.
L’une des principales conclusions de l’enquête de la SSR est que les Suisses se portent bien, mais qu’ils sont plus pessimistes quant à l’avenir qu’il y a un an. En la matière, les Suisses de l’étranger font figure de contrepoids. Certes, les thèmes internationaux tels que les guerres, la sécurité ou le changement climatique les préoccupent tout autant que la population de Suisse, mais leur regard sur le pays est fondamentalement très positif.
- Les principaux résultats de l’enquête
- Les sujets qui inquiètent les Suisses dans le Baromètre des préoccupations 2023Lien externe de Credit Suisse
Êtes-vous capable de repérer des absurdités disséminées dans les actualités et sur internet? Il semblerait que les Suisses, qui votent pourtant sur des sujets importants quatre fois par an, ne soient pas très bons pour distinguer les faits de la fiction.
L’enquête Truth Quest de l’OCDE a interrogé 40’765 personnes dans 21 pays. Les 1531 participants et participantes en Suisse ont réalisé le troisième plus mauvais score, tandis que la Finlande, le Royaume-Uni et la Norvège constituent le trio de tête.
Pour les Suisses, traiter la désinformation (définie comme du «contenu créé et diffusé dans le but de tromper») s’est révélé particulièrement difficile. Ils et elles n’ont reconnu les fausses informations que dans 55% des cas, ce qui les place au dernier rang ex aequo avec la France. Les Suisses ont également eu du mal à reconnaître les contenus sortis de leur contexte de manière trompeuse («tromperie contextuelle»).
Des universitaires ont toutefois critiqué le fait que l’on ne sache pas exactement quels énoncés ont été présentés aux personnes interrogées, et ont souligné que les différences entre les pays étaient assez faibles.
- Lire notre analyse détaillée de l’étude (en anglais)
- L’enquête Truth QuestLien externe de l’OCDE en intégralité (en anglais)
- En Suisse, les réseaux sociaux attisent-ils la désinformation et le populisme autant qu’aux États-Unis?
Notre article le plus lu cette semaine porte sur une étude affirmant que les Suisses vivent dans des «bulles» et n’ont que peu de possibilités de rencontrer des personnes d’âge, de fortune ou de niveau de formation différents.
Deux tiers des riches et des pauvres connaissent très peu de gens de l’autre groupe, d’après l’étude. La proportion est la même pour les personnes très instruites par rapport aux personnes sans formation supérieure, ou pour les Alémaniques par rapport aux Romands ou aux italophones.
Les personnes sondées expliquent ce phénomène par un manque d’opportunités de rencontres, plutôt que le manque d’intérêt. Une majorité d’entre elles estiment qu’une mixité plus marquée de la société les enrichirait.
- L’étude de l’Institut Gottlieb Duttweiler, réalisée pour le Pour-cent culturel MigrosLien externe
- Une analyse de l’étudeLien externe, graphiques à l’appui, par la télévision publique suisse SRF
INSOLITE
Les chats tuent des millions d’oiseaux, de grenouilles et d’autres animaux en Suisse chaque année, mais la classe politique est réticente à l’idée de faire quoi que ce soit à ce sujet. La proposition d’un «moratoire sur les chats», interdisant leur importation et leur élevage pendant dix ans, fera-t-elle une différence?
Plus
Félins criminels: comment résoudre le problème de la surpopulation de chats en Suisse?
LA PHOTO DE LA SEMAINE
LA SEMAINE PROCHAINE
Le Parlement suisse siège quatre fois par an pendant trois semaines, et la session d’automne débute lundi.
Les parlementaires se pencheront principalement sur les questions de politique étrangère et de défense. Le Parlement prête de plus en plus attention à l’influence des acteurs étrangers en Suisse. Un aperçu des débats à venir.
Lundi également, les quatre prestigieux prix BalzanLien externe, qui récompensent des travaux universitaires et scientifiques, seront décernés par la Fondation internationale suisse-italienne du prix Balzan. Les prix sont d’une valeur de 750’000 francs chacun, dont la moitié doit être utilisée pour la recherche.
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