Béjart au Brésil: audace et tango

Quand la créativité de Béjart côtoie la folle beauté brésilienne, l'art est assurément au rendez-vous. Keystone

Le Groupe 13 de l’école Rudra Béjart de Lausanne a fait l’ouverture, à São Paulo, du Festival Suisse 2000, organisé pendant tout le mois de juin. Au programme: la dernière chorégraphie de Maurice Béjart «Che, Quichotte et Bandonéon».

Ce spectacle très dynamique offre un subtil mélange de genres, allant de la danse contemporaine au théâtre, en passant par la littérature, le chant, la musique et la percussion. Une véritable performance. L’actrice argentine Cipe Lincovsky y cotoie les jeunes danseurs du Groupe 13, emmenés par un autre Argentin, Octavio Nahuel Stanley dans le rôle de Che Guevara.

Il règne ainsi un parfum révolutionnaire très latin dans toute cette oeuvre clamée en espagnol et ponctuée de mélancoliques tangos au son du bandonéon. On y assiste à la rencontre insolite entre le Che et Don Quichotte, interprété par le Français Arnaud Marcon. Un Espagnol, Denis Vasquez, incarne la mort qui finit par rattraper le Che en Bolivie, au terme d’un ballet-épopée allègre et divertissant. Les autres membres de la troupe viennent d’horizons européens fort divers, de la Suisse à la Croatie.

Le caractère avant-gardiste de la chorégraphie a séduit le public de São Paulo, qui a réservé un accueil particulièrement chaleureux aux jeunes danseurs. Au coeur de la foule, un spectateur attentif: le ministre brésilien de la Culture (et ancien révolutionnaire dans les années 60), Francisco Weffort, qui est arrivé presque incognito lors de la «première» de l’oeuvre de Béjart, jeudi soir.

Le Groupe 13 poursuit sa tournée mondiale, mais demeure au Brésil pendant quelques jours. Prochaine étape: le 7 juin à Brasília, la capitale au style également avant-gardiste, projetée par les architectes révolutionnaires Costa et Niemeyer.

Thierry Ogier, Sao Paolo