Bienne et Berne, deux villes en rose

Le canton de Berne passera le mois de novembre dans un “gay-apens”. Entendez : un festival de films lesbiens et gays dont le coeur est à Berne et la tête (de pont) à Bienne.

Le canton de Berne passera le mois de novembre dans un “gay-apens”. Entendez : un festival de films lesbiens et gays dont le coeur est à Berne et la tête (de pont) à Bienne. Du 10 au 14 novembre, la capitale helvétique, sous la coupole de laquelle les élus débattaient il n’y a pas si longtemps de la possibilité d’un PACS à la Suisse, accueille Queersicht 1999. Mais c’est Bienne qui coupe le ruban dès ce week-end avec deux projections affiliées à Queersicht.

Longs et courts métrages du plus accessible («Fire» de l’Indienne Deepa Mehta sorti l’an dernier en Suisse) au moins diffusé (par exemple, un documentaire suédois sur la vie des lesbiennes scandinaves dans les années 50), fêtes et galas avec animations DJ’s : Queersicht, deuxième du nom, répercute le coming out toujours plus important du cinéma dit «homosexuel». A Genève, à Lausanne, à Paris, bref, un peu partout, la culture gay sort de l’ornière. Si on y trouve des travaux fortement revendicatifs et, à l’opposé, des oeuvres plus grand public bien sûr, mais aussi des expérimentations intéressantes qui ne pouvaient naître que dans la marge : nos films ont de toute façon une audience limitée, pourquoi nous forcerions-nous à jouer dans la cour du mainstream.

C’est donc l’audace qui caractérise le meilleur de cette production, à l’image du mythique «Pink Narcissus», film anonyme mais attribué à Kenneth Anger et régulièrement projeté en raison de sa force surréaliste. Radicalisme aussi pour la plupart des films restés plus ou moins confidentiels en raison de leur caractère fortement sexué, de leur esthétique fortement symbolique voire kitsch, de leur production marginale et de leur forte affirmation identitaire. Si on peut rester insensible à la manière un peu hérissante dont certains films s’autoproclament réservés aux homosexuels, la découverte du cinéma gay offre presque toujours le sentiment plutôt agréable qu’il existe un courant de liberté débridée dans le cinéma, ce qui est plutôt rare depuis que le fantastique ou l’horreur, par exemple, ont été phagocytés par les grandes compagnies de production. A découvrir donc.

Thierry Jobin

Bienne. Centre PasquART, Gay and Lesbian Movies, du vendredi 29 octobre au lundi 1er novembre, à 20h30. 73 Faubourg du Lac. Tel.: [phone]. http://www.pasquart.ch.
Berne. Queersicht 1999 à la Reitschule, au Kellerkino, Kunstmuseum et au Cosmos, du 10 au 14 novembre. Secrétariat: 21 Bollwerk. Tél.: [phone]. http://queersicht.cjb.net