«L’art, c’est comme une excitation intense»

A sa voix soul et sa manière incendiaire de vivre sa musique, Concha Buika ajoute le propos. Sans fausse pudeur.
D’origine guinéenne, née en 1972, cette figure déjà reconnue en Espagne a eu une enfance difficile à Palma de Majorque, où elle s’est initiée à son art auprès des gitans du quartier.
Après un premier disque soul, elle a croisé Javier Limon, qui a réveillé son feu pour le flamenco. Une musique ouverte et sensuelle qui dépasse les chapelles.
swissinfo: Qu’est-ce que le flamenco pour vous?
Concha Buika: C’est une façon de vivre, plus qu’une musique. Mais le fait est que je ne suis pas vraiment dans le flamenco. Ma musique, c’est du jazz. J’utilise le flamenco pour exprimer mes mots.
swissinfo: Vous chantez avec tout votre corps. Que ressentez-vous quand vous chantez?
C.B.: En fait, je chante pour ne pas devenir folle. J’aime mes chants parce que je ne veux haïr personne. Quand je chante, j’ai l’impression de me donner de l’amour.
swissinfo: Votre voix est très inhabituelle dans le flamenco et les musiques latines. Est-il difficile d’être acceptée et comprise?
C.B.: Pas vraiment, parce que ce que je cherche, c’est me comprendre moi-même. Avec ma musique, j’y parviens.
swissinfo: Sur scène, que donnez-vous au public et que vous donne-t-il lui-même?
C.B.: Juste de l’amour. Un tas d’amour.
swissinfo: Qui sont les artistes qui vous inspirent?
C.B.: Tous les artistes. Même si je ne les aime pas tous, ce que ressent le public à leur contact est impressionnant. J’apprécie vraiment ce que tous les artistes essaient de faire pour nous tous. Nous avons besoin de davantage d’artistes. Plus de musique, plus de cinéma, plus de photos, plus!
swissinfo: Comment faites-vous votre musique? D’où vient-elle?
C.B.: Je ne sais pas vraiment. Je vis dans mon propre être, mais je ne le vois pas. Je ne sais pas ce qu’on voit quand on me regarde chanter, quand on m’écoute. Je ne sais pas ce que je fais quand je le fais. Je ferme juste les yeux et je fais confiance à la petite personne qui est en moi. Et les choses se passent. Mais pour moi, ça reste un mystère.
swissinfo: Vous travaillez beaucoup avec Javier Limon. Que ressentez-vous à son égard?
C.B.: Chanter avec Javier, c’est comme faire l’amour avec quelqu’un dont vous êtes amoureuse. Parce que nous sommes vraiment amoureux. Lorsque je me sens excitée avec Javier, je chante. Quand il se sent excité avec moi, il joue de la guitare. L’art, c’est comme une excitation intense.
Interview swissinfo: Pierre-François Besson à Montreux
* Concha Buika a sorti cette année un 4e album intitulé «Nina de fuego».

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