La Suisse centrale à l’Expo.02
1600 Confédérés ont envahi l'arteplage et la ville d'Yverdon samedi. Pendant 24 heures, ils ont tendu la main aux Romands en cette journée de la Suisse centrale.
Dès 6 heures samedi matin, une douzaine de bateaux à vapeur et de barques ont accosté à l’arteplage d’Yverdon, aux sons des canons, des fanfares, des cors des alpes et des «youtzes». Une foule bariolée a alors débarqué dans un joyeux tintamarre sur les berges du canal de la Thièle, Guillaume Tell et Winkelried en tête.
Les Confédérés de la bataille de Sempach brandissaient leurs lances et hallebardes, des vachers faisaient résonner des énormes cloches de vaches et claquer de longs fouets, d’autres lançaient des drapeaux en l’air. Sortis tout droit des contes et légendes de Suisse centrale, des personnages archaïques, fantastiques, et des figures du carnaval grotesques ou effrayantes, formaient une cohorte endiablée.
Massés sur les rives, choeurs de jodleurs, fanfares, joueurs de cors des alpes et badauds assistaient à cette invasion pacifique dans une ambiance bon enfant. De rares Romands, mais Nelly Wenger et le maire d’Yverdon Rémy Jaquier étaient là pour accueillir les joyeux et bruyants Confédérés venus des six cantons de Suisse centrale (Lucerne, Nidwald, Obwald, Schwytz, Uri et Zoug).
Rencontres et échanges
Au total, quelque 1600 personnes participaient à la journée, intitulée «Einfall», qui signifie à la fois «attaque» ou «invasion» et «inspiration». Orchestrée par le réalisateur de théâtre lucernois Louis Naef, cette grande «mise en scène» de l’arteplage et des rues et places d’Yverdon voulait créer un pont entre Alémaniques et Romands, un lieu de rencontres et d’échanges.
Les acteurs ont raconté «leurs histoires», celles du passé et celles d’aujourd’hui, dans un environnement étranger qui leur a fait revivre leur identité sous un nouveau regard, ainsi que le désirait Louis Naef.
Mélanges et dialogues
A 11 heures, sur la place Pestalozzi d’Yverdon, le public assemblé pour la cérémonie officielle était nettement plus mélangé que le matin. Romands et Alémaniques se sont côtoyé, et ont tenté des ébauches de dialogues.
Mélange des styles musicaux aussi, aux quatre coins de la place. Des fanfares défilaient en même temps que quatre percussionnistes de jazz improvisaient de la musique contemporaine pour cors des alpes. Ils rivalisaient avec des chansons folkloriques, et des musiciens n’hésitaient pas à allier mélodies populaires, jazz et rythmes sud-américains.
Les Romands ont-ils raison ou tort en voulant adhérer à l’Union européenne, sont-ils des «traîtres» à la patrie, se sont interrogés Guillaume Tell et Winkelried dans un débat bilingue animé, sans apporter de réponse définitive. Pestalozzi, figure de lien entre la Suisse centrale (il a d’abord vécu à Stans) et Yverdon, a philosophé en «hochdeutsch» sur les principes de liberté et d’égalité.
Cohésion et décentralisation
«L’expo donne aux Suisses l’occasion de réfléchir sur ce qui assure la cohésion nationale, la contribution que chacun peut y apporter, tout en permettant de réviser rancunes et préjugés», a dit le président de la Conférence des gouvernements de Suisse centrale, le conseiller d’Etat lucernois Paul Huber.
L’expo est un «hymne à la collaboration, à la mise en réseau et à la décentralisation», a déclaré pour sa part Nelly Wenger. Elle est la preuve d’une plus grande «mobilité» et «flexibilité» du pays, qui, espère la directrice d’Expo.02, se manifesteront bientôt aussi dans le sentiment d’identité des Suisses.
80 projets
La Vieille Ville d’Yverdon a vécu toute la journée avec l’envahisseur alémanique dans ses murs. Même les noms des rues et des places avaient été rebaptisés en anagrammes en allemands; la Rue du Four était ainsi devenue «Ruf du: Euro» (»lance ton appel, toi, l’euro»).
Quelque 80 projets de musique, de théâtre, d’arts plastiques, de littérature et de cinéma ont illustré aussi les aspects les plus avant-gardistes de la Suisse primitive. A 17 heures, un grand concert final a réuni toutes les formations de musique sur l’arteplage. Mais la fête s’est poursuivie tard dans la nuit avec des concerts de jazz, rock, hip hop et trance.
swissinfo avec les agences
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