Louise Attaque: cocktail explosif

Gaëtan Roussel, la voix et la guitare de Louise Attaque. swissinfo.ch

Mardi à Paléo, Louise Attaque a démontré qu´ils étaient des vedettes à part entière, vedettes pour ne pas dire «stars». Ou quand l´indépendance porte ses fruits.

On les avait déjà vus à Nyon il y a deux ans. Ils avaient joué en début de soirée, sur la grande scène. Louise Attaque était alors le groupe d’un seul album, et d’un seul tube: «Je t’emmène au vent». Pourtant, la ferveur des fans était déjà surprenante pour le non initié.

Louise Attaque, un groupe qui s’est fait tout seul. Qui a usé ses cordes dans les clubs, les salles mal payées, avec tous les plans foireux qui caractérisent le quotidien des groupes inconnus. Puis il y a eu une maquette, le Printemps de Bourges, la rencontre avec un éditeur, un premier album… que les grandes stations FM n’ont pas été pressées de diffuser: Louise Attaque? Pas dans le «format»!

Mais l’entêtement a payé, le bouche à oreille a fonctionné, les disques se sont vendus et les radios ont suivi. Pour leur deuxième album, «Comme on a dit», Louise Attaque n’a pas eu les mêmes soucis en matière de médias…

Paléo 2000, grande scène, 23h30… Le terrain est occupé à perte de vue, les premiers rangs frisent l’hystérie, Louise Attaque est attendue en star, chose devenue relativement rare avec la banalisation de l’artiste amenée par la mouvance techno.

La formule de Louise Attaque est simple. Batterie, basse, guitare acoustique et violon, enrobant la voix chevrotante de Gaëtan Roussel, à la fois agaçante et éminemment personnelle. Des influences folk, mais «boostées» par une énergie directement héritée du mouvement punk, comme l’est d’ailleurs l’attitude scénique des quatre Français. Une énergie si communicative «en soi» que leurs invités, Miossec, Flor Del Fango, Zebda, au lieu de rehausser la sauce, ne feront que la diluer.

Louise Attaque, juste une machine à rythme? Pas seulement. La preuve: si le public réagit immédiatement aux tempos énervés du groupe, les fans connaissent par cœur les paroles des chansons, et vibrent au lyrisme ambiant.

Chaleur du folk, violence du rock, poésie du langage… Le cocktail est aisément analysable. Le talent de Louise Attaque réside dans le fait d’avoir su créer ce cocktail, et d’avoir eu la persévérance de l’imposer. Le danger réside dans la répétition de la recette.

Bernard Léchot