Neuchâtel-Appenzell, une amitié insolite

Les deux cantons s'unissent le temps d'un week-end sur l'arteplage de Neuchâtel pour les Journées cantonales d'Expo.02. Une rencontre étonnante.
«Une rencontre incongrue, c’est vrai, reconnaît Monika Dusong, présidente du gouvernement neuchâtelois. Parce qu’à priori, peu de choses nous unissent. Mais il nous semblait important de jeter un pont vers une autre partie du pays, une autre langue.»
C’est précisément pour cela que les Journées cantonales sont fondamentales aux yeux de la directrice générale d’Expo.02. «Elles expriment la diversité et la spécificité de chaque canton», déclare Nelly Wenger. «C’est peut-être cela participer à l’histoire: oser proposer de nouvelles rencontres, des alliances insolites.»
Si différents…
Pourtant tout sépare Neuchâtel et Appenzell. La géographie et la langue, bien sûr. «La vision que nous avons de la place que doit occuper la Suisse dans le monde aussi, ajoute Monika Dusong. Neuchâtel a voté à 80% pour l’ONU et l’Europe. Appenzell a fait tout le contraire.»
«Nous sommes un peu sceptiques, avoue Hans Altherr, landammann d’Appenzell Rhodes-extérieures. Il faut dire que la Suisse orientale est aussi une minorité qui n’est pas toujours comprise. Une minorité dans la Suisse alémanique.»
Alors, amis malgré tout? «Bien sûr, on peut s’aimer avec les différences. C’est comme dans le mariage», lance Hans Altherr. «Et les Appenzellois ont tellement d’humour», ajoute Monika Dusong.
Unis par la musique
Samedi matin, Neuchâtel a donc accueilli un millier d’amis appenzellois. Tout au long du week-end, les deux cantons dialogueront à travers la musique. Toutes les musiques. Le folklore évidemment. Mais aussi le jazz, le classique et le rock.
Les artistes des deux cantons se produiront ensemble également. Le chœur du Lycée Blaise Cendrars accompagné par l’orchestre de l’école cantonale de Trogen, par exemple.
Unis par la musique donc. Et… l’estomac. Samedi matin, le traditionnel marché de Neuchâtel s’est déplacé pour l’occasion sous une tente, à la Place du Port, et s’est ouvert aux produits du terroir appenzellois.
Regards croisés
Au-delà du folklore, Appenzell et Neuchâtel souhaitent également faire tomber quelques clichés. Non, les Appenzellois ne font pas que garder les vaches et jodler. Ils ont aussi une industrie textile et des écoles réputées.
Et non, les Neuchâtelois ne sont pas tous des aristocrates, amateurs de vin et de musique classique – c’est l’image que se font d’eux les Appenzellois. Ce serait oublier le double-visage du canton, le haut et le bas… Et là encore, c’est un cliché.
ARAINE, le nom de ces Journées cantonales, a pour mission d’offrir un tableau coloré, mais tout en nuances. Et peut-être que dimanche soir, comme le souhaite Nelly Wenger, «ces deux cultures se seront métissées pour engendrer une culture plus grande encore».
swissinfo / Alexandra Richard

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