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Urs Lüthi, un narcissique à l’humour glaçant

Légende photo: «Low action games|From Placebos & Surrogates». 1998, Ilfochrome sous plexiglas, Munich, à l'artiste

Au plasticien lucernois, le Musée Rath de Genève consacre une exposition intitulée «Urs Lüthi/Art is a better life».

Le regard drôle d’un homme épris de lui-même et irrité par la globalisation.

Sur les cimaises du Musée Rath de Genève, ils sont installés comme des jokers intimes. Des dizaines et dizaines d’autoportraits, noyau d’une vie. La vie d’Urs Lüthi, artiste Lucernois, né en 1947, aujourd’hui établi à Munich. Un narcissique patenté qui a le culte de lui-même, mais l’entretient avec un esprit de dérision acharné.

Un plasticien plein d’humour et de mélancolie mêlés qui, il y a trente ans, à l’époque du «body art», se voyait à travers le prisme de son propre corps, de son cerveau et de ses émotions. Et qui aujourd’hui voit le monde à travers l’insupportable concept de «l’ordre universel».

A cet homme troublant, le Musée Rath consacre donc une exposition qui, sous le titre «Urs Lüthi/Art is a better life», regroupe des tableaux réalisés entre 1970 et 2002.

D’un Lüthi à un autre

Autant dire qu’il s’agit de l’histoire d’un regard que l’artiste pose sur lui-même avant de se dégager petit à petit de sa vie intime pour se frotter à la masse (mondialisation oblige) sans jamais accepter de s’y fondre.

Les autoportraits (photographies sur toile émulsionnée, conçues dans les années soixante-dix) qui ouvrent l’exposition mettent en scène l’héroïsme de pacotille, les pulsions et les fantômes de Lüthi.

Lüthi assis sur un tapis, tel Sindbâd prêt à prendre son envol. Lüthi couvert d’un boa, odalisque en puissance exhibant une féminité larvée. Lüthi soldat travesti portant une coiffe à la Bismarck…

Quelques salles plus loin et des années plus tard, le visage de ce Lüthi-là disparaîtra de ses tableaux pour céder la place au profil sévère de l’artiste dont le crâne rasé, reproduit à cinq exemplaires, se confond avec la carte géographique des cinq continents. Le tableau s’intitule «Global presence». Il a été réalisé entre 1996 et 2000.

La globalisation creusait alors son chemin emportant sur son passage les individualités et installant la masse dans un décor de plage envahie par la cohue. C’est cette image forte représentée en deux tableaux («Vietri», «Vietri») que l’on gardera surtout en mémoire.

Image d’un monde où l’espace privé n’a plus sa place.

swissinfo/Ghania Adamo

«Urs Lüthi/Art is a better life/Tableaux 1970-2002» à Genève, Musée Rath. Jusqu’au 1er septembre. Tel: 022/418 33 40

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