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Venise à l’heure de l’art contemporain… féminin

Pipilotti Rist dans la Cité des Doges. Keystone

Quelques artistes suisses participent à la 51e Biennale de Venise, qui se tient jusqu'au 6 novembre prochain et rassemble les travaux d'artistes de 70 pays.

Fondée il y a 110 ans, la Biennale de Venise est la plus ancienne et la plus importante manifestation d’art contemporain au monde. L’édition 2003 avait attiré 260.000 visiteurs.

Dans les Jardins de la Biennale, le Pavillon suisse accueille les travaux de quatre artistes helvétiques, tous issus d’une culture étrangère: Marco Poloni, Ingrid Wildi, Gianni Motti et Shahryar Nashat. Ils abordent les thèmes de l’identité, du multilinguisme, de l’illusion mais aussi du rapport entre réalité et fiction.

De son côté, Pipilotti Rist va dévoiler une installation vidéo onirique dans l’église baroque de San Staë, sur le Grand Canal. Cette fresque électronique, baptisée «Homo sapiens sapiens», est une histoire paradisiaque sans péché originel.

«Dans ce travail, je souhaite montrer comment serait le monde si nous ne devions pas nous sentir coupable en permanence», a expliqué récemment Pipilotti Rist. Pour l’artiste, l’art doit consoler. Son installation est placée dans un espace assombri, agrémenté d’une musique «favorisant la détente, une élévation du corps par l’esprit.»

Le conseiller fédéral (ministre) Pascal Couchepin sera à Venise vendredi et samedi, notamment avec le directeur de l’Office de la culture Jean-Frédéric Jauslin.

Rappelons que le duo suisse Fischli/Weiss avait reçu le Lion d’or de la meilleure oeuvre de la Biennale 2003. Ce prix saluait la qualité et la cohérence du travail de ces créateurs parmi les plus connus de Suisse.

Pouvoir féminin

Confiée pour la première fois de son histoire à deux femmes, la 51e édition de la Biennale d’art contemporain de Venise ouvre ses portes au public dimanche. Elle se veut une rétrospective des dernières décennies et une ouverture vers l’avenir de l’art.

Ce sont les commissaires espagnoles Maria de Corral et Rosa Martinez qui se sont partagé le travail en oeuvrant chacune sur un grand thème.

Après quelques pas dans les corderies de l’Arsenal, qui abritent l’exposition «Toujours un peu plus loin» de Rosa Martinez, les affiches «pop-art» des Guerrillia Girls viennent rappeler que «moins de 3 % des artistes dans l’Art Moderne sont des femmes, mais que 83 % des nus sont féminins».

Le lustre fabriqué entièrement à partir de tampons hygiéniques par Joana Vasconcelos, artiste née à Paris en 1971 et vivant à Lisbonne, donne également un caractère indéniablement féminin à cette entrée en matière. Mais c’est d’abord la complémentarité qui a caractérisé le travail des deux Espagnoles.

De Francis Bacon à Corto Maltese

D’un côté, Maria de Corral, qui fut pendant quatre ans à la tête du Musée de la Reine Sophie à Madrid (1991-1994), a choisi dans «L’expérience de l’art» de revenir sur les dernières décennies, en accueillant de grands noms tels que l’Irlandais Francis Bacon (1909-1992) et ses études sur le corps humain (huiles sur toile) ou l’Espagnol Antoni Tapies et ses peintures et assemblages sur toile ou sur bois.

L’exposition s’ouvre par une façade «Sans titre» de l’Américaine Barbara Kruger, consacrée lors de cette édition avec un Lion d’or pour l’ensemble de sa carrière, et qui proclame: «Tu entres dans l’histoire une fois que tu as réussi dans les affaires».

«L’expérience de l’art» (42 artistes, 34 salles), que Maria de Corral souhaitait «plus proche d’un centre d’expérimentation que d’un cumul de certitudes», laisse cependant aussi de jeunes artistes s’exprimer, comme Francesco Vezzoli, qui raille Hollywood en réalisant la bande-annonce d’une fausse superproduction sur l’empereur romain Caligula.

«J’ai voulu m’infiltrer dans le système pour réaliser un miroir de l’industrie du cinéma actuel», dit à l’AFP cet Italien de 33 ans qui a notamment réuni Courtney Love, Milla Jovovich et Benicio del Toro pour ce film de quelques minutes où tout, des scènes les plus érotiques aux plus dramatiques, se fait dans l’exagération.

De son côté, la commissaire Rosa Martinez a confié s’être directement inspirée de Corto Maltese, le personnage de bande dessinée imaginé par Hugo Pratt, qui représente pour elle «le mythe du voyageur romantique, toujours indépendant et prêt pour les imprévus et les risques».

9000 m2

Dans les 9000 mètres carrés de l’Arsenal, ancien fief de la marine italienne, son projet «Toujours un peu plus loin» réunit 49 artistes venus principalement d’Europe, mais aussi de Palestine (Emily Jacir), du Guatemala (Regina José Galindo), de Cuba (Carlos Garaicoa, Diango Hernandez), du Cameroun (Pascale Marthine Tayou) ou des Philippines (Kidlat Tahimik).

L’exposition donne davantage d’espace aux installations sophistiquées et innovatrices qu’aux supports traditionnels, même si les sculptures de la nonagénaire Louise Bourgeois, deux spirales métalliques suspendues en l’air, tentent selon l’artiste de «contrôler le chaos».

Plusieurs installations mettent également en scène le visiteur, qui peut par exemple choisir la musique de son enterrement et vivre ses propres obsèques en s’allongeant sur le catafalque blanc de Pierre Coindé et Gary O’Dwyer ou monter dans le gigantesque vaisseau en forme de baleine imaginé par la Japonaise Mariko Mori.

swissinfo avec les agences

– La 51ème Biennale de Venise est ouverte au public dès ce week-end.

– Elle se tient jusqu’au 6 novembre.

– Dans les Jardins de la Biennale, le Pavillon suisse accueille les travaux de quatre artistes helvétiques, tous issus d’une culture étrangère: Marco Poloni, Ingrid Wildi, Gianni Motti et Shahryar Nashat.

– De son côté, Pipilotti Rist dévoile une installation vidéo onirique dans l’église baroque de San Staë, sur le Grand Canal.

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