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Difficile de cerner l’ampleur du GHB en Suisse romande

Le GHB circule en Suisse romande, même s'il n'y a pas une avalanche de cas, selon Marc Augsburger, responsable de l'Unité de toxicologie et de chimie forensiques. KEYSTONE/JEAN-GUY PYTHON sda-ats

(Keystone-ATS) Le GHB circule en Suisse romande, même s’il est difficile d’en déterminer précisément l’ampleur. Une étude a mis en évidence un cas de soumission chimique en 2021. Trop souvent, les prélèvements sont réalisés trop tard pour détecter la drogue du violeur.

Depuis l’an dernier, le Centre universitaire romand de médecine légale (CURML) procède à la recherche systématique de la molécule dans les échantillons qui lui sont envoyés, alors que jusqu’ici il ne le faisait qu’en cas de suspicion de GHB. Ce type d’étude est « unique en Suisse », a expliqué mercredi Marc Augsburger, responsable de l’Unité de toxicologie et de chimie forensique du CURML.

Concrètement, sur les 815 tests réalisés en 2021, quatre présentaient des traces de consommation de GHB. Dans trois cas, les échantillons ont été prélevés lors d’infractions routières et faisaient problablement suite à une consommation festive. Le quatrième est un cas avéré de soumission chimique. La personne – en l’occurrence un homme dans le canton de Vaud – s’est vu administrer la substance à son insu.

Pas une avalanche

Dans le détail, les analyses du CURML portaient sur des échantillons prélevés en Suisse romande suite à des agressions sexuelles, black-out, suspicions de soumission chimique, agressions diverses ainsi que lors d’infractions routières (le gros des cas, avec 633 cas sur 815). Soixante échantillons ont été prélevés lors d’agressions sexuelles, de suspicions de soumission chimique et de black-out, à la demande de victime, médecins ou magistrats.

Dans ce contexte, la consommation de GHB a été mise en évidence dans un cas (1,7%). Comme le montrent les études réalisées à l’étranger, « il n’y a pas une avalanche de cas, et ce n’est clairement pas le produit stupéfiant le plus utilisé », a expliqué Marc Augsburger.

Prélèvements trop tardifs

Mais l’étude soulève un problème: le GHB est éliminé relativement rapidement par l’organisme. Après 6 à 8 heures, on ne peut plus le déceler dans le sang. Après 10 à 12 heures, il n’est plus détectable dans l’urine. Or, dans la moitié des cas étudiés, le prélèvement a été effectué 12 heures après l’événement, a expliqué Marc Augsburger.

Ce délai est fréquemment observé en de telles circonstances, selon les études à disposition. Il s’explique en partie par les effets de la substance consommée, qui empêchent la victime d’avoir une réaction appropriée en allant rapidement consulter.

Vite aux urgences

Les personnes qui arrivent aux urgences présentent des symptômes variables, a témoigné Pierre-Nicolas Carron, chef du Service des urgences, au CHUV. Souvent, elles disent: « il me manque un bout de ma soirée ». Le médecin encourage les victimes potentielles à venir le plus vite possible aux urgences. En moyenne, entre cinq et six personnes se présentent chaque mois avec ce type de demande.

Comme la plupart des hôpitaux romands, le CHUV a mis en place un protocole spécifique de prise en charge. Les échantillons de sang et d’urine sont transmis à l’UTCF pour conservation (un an) et analyse.

Test rapide

La recherche systématique du GHB a permis d’évaluer – avec succès – l’utilisation d’un test de dépistage rapide, peu coûteux, à hauteur d’une vingtaine de francs. En cas de réponse positive, ce résultat est confirmé par une analyse basée sur la spectrométrie de masse.

Ce test rapide est dorénavant utilisé systématiquement par l’UTCF en premier recours. « Mais il doit être fait en laboratoire. Il ne peut pas être réalisé aux urgences, au chevet du patient », a averti M. Augsburger.

Le CURML va continuer à procéder à ces dépistages systématiques du GHB. Des chiffres seront disponibles chaque année.

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