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«Nous devons trouver des solutions qui rassemblent»

Ronde des éléphants 2023
Marco Chiesa et Thierry Burkart lors de la "ronde des éléphants", après que les premières estimations des résultats des élections fédérales 2023 ont été révélées. © Keystone / Peter Klaunzer

Lors de la traditionnelle «ronde des éléphants», les présidents des six principaux partis du pays ont appelé à promouvoir la culture du compromis lors de la prochaine législature. Voici leurs réactions.

Avec 29% des voix et 8 sièges gagnés, l’Union démocratique du centre (UDC / droite conservatrice) est la grande gagnante des élections fédérales de dimanche. Lors du traditionnel débat télévisé de la fin de journée, son président Marco Chiesa s’est pourtant voulu modeste: «Nous avons reçu du peuple le mandat clair de mettre sur la table des thèmes importants comme l’immigration illégale et ses conséquences et l’approvisionnement énergétique sûr. En ce sens, nous obtenons un très bon résultat, mais ce ne sont encore que des prévisions.»

Deuxième meilleur score derrière l’UDC, le Parti socialiste (PS) s’est dit satisfait des résultats, notamment en Romandie, où «ils sont assez impressionnants», d’après son coprésident Cédric Wermuth. Le PS progresse légèrement pour la première depuis 8 ans au niveau national et gagne 1 siège, selon la dernière projection SSR. «Il est clair que le peuple nous a donné le mandat d’être le contrepoids de l’UDC», a-t-il ajouté.

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Des Verts moralisateurs

Les présidents des partis écologistes ont fait part de leur déception évidente, puisque leurs scores sont en nette baisse. «Nous maintenons tout de même deux tiers de nos sièges sous la coupole, alors que l’UDC n’a récupéré que deux tiers de ceux qu’elle a perdus en 2019», a déclaré Balthasar Glättli, président des Vert-e-s. Le parti perd 6 sièges au Conseil national et passe sous les 10% des voix. Quant aux Vert’libéraux, ils perdent 5 fauteuils.

Alors que 2019 avait connu une vague verte sans précédent, 2023 a douché les espoirs de nombreuses et nombreux candidats écologistes. Pour le quotidien romand La Tribune de Genève, le parti s’est égaré avec son discours moralisateur sur le climat, les questions de genre ou la consommation de viande. La Basler Zeitung écrit quant à elle que les actions des activistes du climat ont eu un impact négatif sur le score des Vert-e-s.

La migration comme vecteur de mobilisation

Dans ce contexte de hausse des prix et de situation géopolitique mondiale instable, les partis ayant eu un discours sur les soucis du quotidien l’ont emporté, à l’image de l’UDC, qui a misé une grande partie de sa campagne sur la migration.

Lors du débat télévisé, Marco Chiesa a insisté à plusieurs reprises sur la politique d’asile «chaotique» de la Suisse et sur l’immigration de milliers de travailleuses et travailleurs chaque année, qui seraient la cause de bien des maux du pays. Ces sujets ont visiblement fait mouche auprès de l’électorat.

Avec la nouvelle composition du Parlement, le journal économique L’Agefi redoute un manque de pragmatisme. Répondre par des discours rassurants, mais simplistes, aux préoccupations de la population face à de vrais problèmes – comme ceux engendrés l’immigration – peut certes aider à être élu, remarque L’Agefi. Avant d’ajouter que le travail d’un parlementaire consiste ensuite à répondre aux défis auxquels la Suisse est confrontée.

Pour le président du Parti libéral-radical (PLR) Thierry Burkart, le thème de l’asile a gagné en importance au cours de la campagne. «Si nous ne voulons pas que l’UDC gagne encore plus de terrain dans quatre ans, nous devons prendre cette question au sérieux», a-t-il averti. Le parti de la droite libérale obtient 14,6% des voix et perd ainsi 0,5 point de pourcentage.

Une main tendue

L’augmentation des coûts de la santé, et notamment des primes de l’assurance maladie, a été l’un des autres grands sujets de la campagne.

Dans ce domaine, le PS «n’attend pas de soutien des partis de droite» et lancera une nouvelle initiative pour une caisse maladie unique». Mais Cédric Wermuth a nuancé ses propos et ajouté que pour trouver des solutions, «des discussions avec tous les partis sont toujours possibles».

Un avis que partage Gerhard Pfister, président du Centre. D’après lui, le peuple suisse voit son parti et le PS comme les plus compétents dans le domaine de la santé. «Notre but est que les coûts n’augmentent plus. Pour ce faire, nous créerons des alliances avec les partis qui partagent une partie de nos idées».

Au-delà de ce thème particulier, les présidents de partis semblaient enclins à promouvoir la culture du compromis. «Nous devons trouver des solutions qui rassemblent», a déclaré Michel Matter, vice-président des Vert’libéraux, pour qui la transition écologique et le vieillissement de la population doivent devenir les priorités du Parlement. Et Balthasar Glättli d’ajouter: «Nous devons trouver des moyens de protéger le climat même dans cet environnement plus difficile, car le climat n’attend pas».

Le quotidien Le Temps considère d’ailleurs que les bons résultats de l’UDC vont l’obliger à prendre ses responsabilités et à cesser de n’être qu’un parti d’opposition qui souffle sur les braises et refuse de nouer de véritables alliances constructives.

La composition du Conseil fédéral de nouveau questionnée

Alors que Le Centre est au coude à coude avec le PLR pour devenir la troisième force politique du pays, la question de la composition du Conseil fédéral a de nouveau été évoquée. Ce dernier comporte en effet deux sièges pour l’UDC, deux pour le PS, deux pour le PLR et un pour Le Centre.

Si Gerhard Pfister considère qu’il faudrait discuter en profondeur de la répartition des sièges au sein du Conseil fédéral pour voir si celle-ci est toujours justifiée, la question de la reprise par Le Centre de l’un des sièges du PLR n’est pas d’actualité dans le contexte actuel. «Si les résultats se confirment, seule l’UDC a droit à deux sièges», a-t-il ajouté. Le PLR s’est dit soulagé de ne pas devoir s’attendre à une remise en question de ses deux sièges.

Michel Matter est lui d’avis que «la répartition des sièges au Conseil fédéral est caduque». Mais, comme l’a précisé Stéphane Deleury, chef de rubrique politique à RTS radio, pour pouvoir changer la composition du gouvernement, un parti doit être fort politiquement et gagner des votations sans alliance. En outre, «aujourd’hui, à part les Vert-e-s, les Vert’libéraux et Le Centre, aucun parti ne veut toucher à cette formule magique», a estimé le journaliste.

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