Salaires: le fossé se creuse entre patrons et employés
Selon une étude syndicale, l'écart entre les salaires des travailleurs et ceux des top managers s'est encore accru l'an dernier.
Travail.Suisse fustige les patrons suisses qui peuvent gagner jusqu’à 800 fois plus que les employés qui se situent tout en bas de l’échelle.
Comme en 2005, Travail.Suisse a analysé les rapports d’activité de 27 entreprises suisses.
Le constat du syndicat est clair: les patrons de ces firmes ont encore augmenté leurs revenus de 30% l’an dernier (soit 40 millions de francs).
Plus largement dans l’économie, des hausses de salaires de 10% voire 20% ont été la règle pour les chefs. Les exceptions – «louables» selon le syndicat – existent bien. Chez Migros, Coop ou La Poste, les salaires n’ont que faiblement augmenté.
Mais dans l’ensemble, «les salaires comme l’écart salarial atteignent désormais des montants dépassant l’entendement», assure vendredi Travail.Suisse. Lequel déplore une «mentalité du libre-service».
Responsable de la politique sociale du syndicat, Martin Flügel estime que le niveau salarial des chefs est moins lié à leur engagement, au niveau de responsabilité et de risque qu’à un contrôle défaillant, à une perte du sens des réalités et une avidité incontrôlée.
La tendance va perdurer
Martin Flügel indique que l’écart salarial le plus grand au sein d’une entreprise est passé de 1:487 à 1:544. Par extrapolation, il estime même qu’il devrait se situer à 1:800.
En effet, le Credit Suisse n’a pas donné son salaire le plus bas en Suisse. Mais en admettant qu’il avoisine celui de 45’000 francs révélé par son concurrent UBS, l’écart atteindrait 1:840.
Et la tendance ne semble pas fléchir. La semaine dernière, une étude basée sur 362 entreprises suggérait que la hausse tendancielle des salaires chez les cadres supérieurs se poursuivra cette année.
Les managers ont en effet obtenu une hausse moyenne de salaire de 4,5% par rapport à l’exercice précédent.
Perte de confiance globale
Selon Travail.Suisse, l’évolution des salaires des managers conduit à une perte de confiance globale. D’autant que le salaire moyen réel a baissé de 0,2% l’an dernier.
Si les responsables de l’économie ne viennent pas à bout de ce problème, le modèle économique suisse à succès et la cohésion sociale sont en danger.
Des mesures comme le plafonnement des salaires sont imaginables, assure Hugo Fasel, président de Travail.Suisse.
Pour une vraie transparence
Aux yeux du député de gauche, «une initiative populaire fédérale qui fixerait à un million de francs le plafond salarial des managers n’est plus un projet irréaliste» dans la perspective d’une votation.
Le syndicat n’en fait pas une priorité pour autant. Il exige avant une entière transparence sur l’ensemble des salaires, hauts comme petits.
swissinfo et les agences
– Les syndicats ne sont pas les seuls à dénoncer les salaires encaissés par les dirigeants des grandes entreprises.
– Ancien patron et président d’honneur du géant alimentaire suisse Nestlé, Helmut Maucher a récemment critiqué les salaires de certains top managers. Il juge que «des montants autant élevés sont ridicules».
– Vice-directeur d’economiesuisse et président de Swissmem, Johann Schneider-Ammann estime que les managers doivent être récompensés mais avec mesure pour ne pas mettre en péril la cohésion sociale.
– A ces critiques s’ajoutent, entre autres, celles qui ont été émises par les actionnaires du Credit Suisse et d’UBS, les deux grandes banques helvétiques.
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