La Suisse brille aux JO… scientifiques
En avant-première de Pékin, les Olympiades scientifiques se sont tenues en divers points du monde. Chimie, physique, maths, informatique et biologie, les quatre «athlètes» suisses raflant 4 médailles dans cette dernière catégorie.
«C’était le stress aux examens, mais la deuxième semaine, on a voyagé dans le Kerala, on a visité des parcs nationaux. J’ai retrouvé des gens que j’ai connu l’année dernière au Canada et je me suis fait aussi plein de nouveaux amis.» Adeline Colussi n’a aucun mal à se remettre du décalage horaire, tant elle est ravie de son voyage en Inde.
C’était la deuxième fois que la Valaisanne prenait part aux «International Biology Olympics» (IBO). Mais cette année, elle est revenue de Mumbai avec une médaille d’argent.
Toute la sélection suisse a fait impression puisque les trois autres gymnasiens, Miriam Luginbühl et Manuela Binggeli de Berne, ainsi que Gabriele Gut (Argovie), tous âgés de 18 ans, ont ramené chacun une médaille de bronze.
Joli butin 2008
«Cette année, nous avons ramené autant de médailles que les neuf dernières années», se réjouit Daniel Wegmann, doctorant en zoologie et président des IBO suisses.
Enthousiasme partagé par Claudia Appenzeller, directrice de l’Association des olympiades scientifiques suisses (AOSS). «La Suisse est dans la bonne moyenne des pays européens. Mais, bien sûr, les Asiatiques sont très forts, ils ont des formations beaucoup plus poussées et pour certains, comme la Corée, le Vietnam ou la Chine, ils ne ramènent que de l’or, car, dans ces pays, une médaille, c’est une assurance-vie.»
De manière générale, la Suisse a raflé un joli butin cet été: argent et bronze, plus deux mentions «honorable» aux 49es Olympiades de mathématiques à Madrid; une médaille de bronze aux 40es de chimie à Budapest, 5 mentions pour 5 sélectionnés aux 41es de physique à Hanoï, au Vietnam.
Quant aux 20es Olympiades d’informatique, elles se tiendront du 16 au 23 août au Caire (Egypte). «Nous avons de bons espoirs car l’équipe est très forte», indique Claudia Appenzeller.
Les Suisses bien préparés
«Cette année, les examens étaient moins théoriques et plus basés sur la logique et la réflexion, or nous sommes mieux formés pour ça en Suisse.» Adeline Colussi était aussi mieux préparée. «La première fois, j’y suis allée à l’aveuglette, puis j’ai suivi un camp de préparation qui m’a donné envie de continuer. Dans d’autres pays, l’organisation passe par l’Etat et par des profs d’université. En Suisse, on a de la chance car ce sont des étudiants bénévoles à peine plus âgés que nous, et c’est beaucoup plus motivant!»
Motivée, elle l’est, Adeline, relève sa mère, Chantal Balet Colussi: «Mais tout ça n’est pas tombé du ciel et elle a beaucoup travaillé, elle a même sacrifié ses vacances pour ça.»
Ce que confirme la directrice de l’ASSO, en ajoutant: «Adeline joue aussi du cornet dans l’harmonie de son village. Tous ces jeunes travaillent beaucoup en marge de l’école, mais ils s’intéressent aussi à plein d’autres choses et développent des compétences sociales grâce à ces échanges. Certains s’inscrivent même dans plusieurs disciplines: ce ne sont pas des surdoués mais ils forment une élite, c’est indiscutable.»
L’appui de l’école
Ce qui est sûr, c’est que les résultats font augmenter la participation… à condition que les professeurs y mettent du leur, car ce sont eux qui sont chargés d’en parler aux gymnasiens et de faire passer la première étape d’examens.
«Ce sont eux qui reçoivent les prospectus de l’ASSO, dit encore Adeline, mais les profs n’en parlent pas aux élèves. Dans mon collège, les collègues de mon prof commencent aussi à en parler dans leurs classes et les autres élèves à s’intéresser aux épreuves.»
Les listes des participants présentent souvent des groupes de plusieurs élèves d’un même établissement, ce qui montre bien l’importance de l’école.
Encourager la relève
Outre la possibilité de favoriser des échanges et des contacts dans le monde entier, les «JO» sont surtout un bon moyen d’encourager les vocations. Le président d’IBO Suisse Daniel Wegmann mise sur la promotion de la «pensée scientifique» dans l’espoir que les participants deviendront les chercheurs de demain.
Ce sont les anciens participants qui organisent les épreuves sur une base bénévole. «Ceux qui ont du temps», précise Adeline Colussi, bien décidée de son côté à «continuer l’aventure». Pendant le voyage du retour, sa délégation a du reste commencé à rédiger des questions pour ses successeurs.
Le système récolte ses fruits: un participant aux Olympiades des années 93, 94 et 95 est devenu professeur à l’Ecole polytechnique de Zurich. Ce sera peut-être un jour le cas d’Adeline, qui y commencera cet automne des études de biologie cellulaire.
swissinfo, Isabelle Eichenberger
Créées dans les années 60 par les pays d’Europe de l’Est en quête d’échanges avec l’Ouest, elles ont été développées par l’Unesco. Aujourd’hui, près de 80 pays y participent.
L’Olympiade de maths a été créée en 1959 (1991 en Suisse), celle de physique en 1967 (1995), celle de chimie en 1968 (1987), celle d’informatique en 1989 (1992), de biologie en 1990 (2000).
Les compétitions combinent des épreuves théoriques et pratiques et les meilleurs reçoivent des médailles d’or, d’argent et de bronze, comme aux «vrais» JO.
La sélection est ouverte aux gymnasiens de moins de 20 ans et se fait en 3 tours; le 1er est un examen à l’école, le 2e dans les régions linguistiques et le 3e est une semaine de travaux pratiques dont les médaillés d’or participent aux Olympiades internationales qui se tiennent en été, à chaque fois dans un autre pays.
Les 18es Olympiades Internationales de Biologie (IBO) 2008 ont réuni plus de 200 jeunes de 55 pays du 13 au 20 juillet à Mumbai (Inde). Les 4 sélectionnés suisses ont fait une médaille d’argent et 3 de bronze.
49es de mathématiques (IMO) du 10 au 22 juillet à Madrid (Espagne): argent et bronze, plus deux mentions «honorable» pour les 6 Suisses.
40es de chimie (IchO) du 12 au 21 juillet à Budapest (Hongrie): une médaille de bronze.
41es de physique (IphO) du 20 au 29 juillet à Hanoï (Vietnam): 5 mentions pour 5 sélectionnés.
Les 20es Olympiades d’informatique (IIO) se tiendront du 16 au 23 août au Caire (Egypte).
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