Le dossier des profs n’est pas réglé
Près de la moitié des élèves ont repris l'école, notamment en Suisse alémanique. Pour palier la pénurie d'enseignants, il aura fallu recourir à des profs étrangers. Mais rien n'est réglé. Une «task force» nationale a été créée pour revaloriser la profession.
La rentrée scolaire est assurée cette fois encore, mais le problème se reposera de façon accrue. «Nous sommes très inquiets car le problème provient de la profession elle-même, comme du reste dans les autres pays industrialisés.» Ce constat émane de Georges Pasquier, vice-président du Syndicat des enseignants romands (SER). Lequel ajoute: «Le problème est plus grave en Suisse alémanique, mais il est en train de toucher les cantons romands».
Le métier s’est compliqué
«Il y a les départs à la retraite des enseignants engagés en masse dans les années 60-70, les transferts dans le secteur privé et la croissance démographique», selon Frédéric Wittwer, du Département de l’instruction publique de Genève. A Zurich, on invoque l’assouplissement des conditions de travail impliqué par la réforme scolaire, qui encourage le temps partiel.
«Nous avons toujours constaté une pénurie d’enseignants en période de haute conjoncture et une pléthore en période de basse conjoncture», explique Claude Gendroz, de l’Office du personnel enseignant au Département de la formation et de la jeunesse du canton de Vaud.
«Mais, plus fondamentalement, le métier s’est compliqué, car outre ses tâches pédagogiques, l’enseignant assume un rôle supplémentaire d’éducateur, ce qui alourdit considérablement sa tâche», poursuit Claude Gendroz.
De son côté, Beat Zemp, président de l’association faîtière des enseignants, dénonce les «bricolages» et autres mesures provisoires. Par exemple, Berne a engagé des étudiants ou réengagé d’anciens enseignants sans formation continue.
Enseignants étrangers embauchés
Saint-Gall, Argovie, Zurich et Schaffhouse ont embauché des étrangers, mais ce n’est pas nouveau pour les cantons frontaliers. Par contre c’est la première fois pour Zurich, qui a engagé 66 enseignants étrangers, selon Martin Weser, du Département zurichois de l’instruction publique, qui précise: «sur 8000 enseignants primaires et secondaires, c’est négligeable.»
Mais, comme les autres cantons, Zurich reconnaît qu’il faut améliorer l’attrait du métier. Des mesures d’encouragements ont été prises, comme par exemple une augmentation de 10% des salaires en deux ans.
Pour Martin Stauffer, à la Conférence des directeurs cantonaux de l’instruction publique (CDIP), «il faut s’attaquer au fond du problème». Souhaitant prendre des «mesures efficaces à long terme», le CDIP a constitué une «task force» et un véritable plan de bataille.
Féminisation de la profession
Il s’agira d’abord de mesurer l’ampleur du problème avec une enquête approfondie au niveau national – les résultats sont annoncés pour fin septembre. Ensuite, une vaste campagne de relations publiques tentera de rehausser l’image des professions de l’enseignement.
Le travail à temps partiel, justement, s’est développé au fur et à mesure de la «féminisation» de la profession, qui compte une large majorité d’enseignantes au niveau primaire – et 40% au niveau secondaire. S’ajoutent les départs à la retraite des enseignants engagés en masse dans les années du «baby boom» (1960-1970)
Beat Zemp redoute également les effets de la transition qui s’opère actuellement, avec l’ouverture des hautes écoles pédagogiques en remplacement de l’ancienne Ecole normale.
Isabelle Eichenberger
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