Quel avenir pour Erasmus
Cela fait dix ans que la Suisse participe au programme européen Erasmus. Cet anniversaire a été fêté mercredi dans douze villes. Même si le futur paraît incertain.
Depuis sa création en 1987, Erasmus connaît un grand succès auprès des étudiants européens. Et aussi des étudiants suisses. Ce programme vise à intensifier la coopération entre les universités européennes. Et il encourage les étudiants comme les enseignants à passer un semestre, voire un an, à l’étranger.
En 1991, un accord avait été conclu entre l’Union européenne (UE) et la Suisse sur la participation de la Confédération à Erasmus. Et c’est ainsi qu’en 1992, 350 étudiants suisses sont partis étudier dans un pays de l’UE, tandis qu’un nombre identique d’étudiants européens venaient en Suisse.
Aucune base formelle
Actuellement, environ 1400 étudiants profitent de ce programme d’échanges. Une quarantaine de hautes écoles suisses participent aux activités d’Erasmus. Depuis 1992, la Confédération a déboursé quelque 60 millions de francs pour la participation à ce programme.
Mais aujourd’hui, la collaboration de la Suisse à Erasmus ne repose sur aucune base formelle. En effet, en 1995, l’UE a dénoncé l’accord de collaboration de la Suisse. Expliquant que désormais Erasmus était intégré dans un programme éducatif plus vaste, intitulé «Socrates». Et que la Suisse, ne faisant pas partie de l’UE, ne pouvait y collaborer.
Cependant, les échanges entre étudiants suisses et européens se sont poursuivis ces dernières années. Grâce à des mesures transitoires. Mais l’UE peut mettre fin à cette coopération d’un moment à l’autre.
Coopération fructueuse
La participation de la Suisse à Erasmus est l’exemple même d’une collaboration fructueuse avec l’UE. Les autorités suisses sont bien décidées à batailler pour maintenir une présence suisse au sein du plus grand programme européen d’échanges universitaire.
C’est ainsi que la participation de la Suisse aux programmes communautaires d’éducation est l’un des dix dossiers au menu des négociations bilatérales-bis entre la Suisse et l’Union européenne. La Suisse dispose d’un mandat de négociation depuis le 27 juin 2001. Celui des Quinze se fait encore attendre.
L’Union européenne est confrontée à un problème juridique. La liste des pays participant aux programmes d’éducation pour les années 2002-2006 est déjà arrêtée. La participation de la Suisse nécessiterait une modification de cette liste. Ce qui nécessiterait une procédure assez longue.
Qu’à cela ne tienne: le Conseil fédéral est prêt à se contenter d’une lettre des Quinze promettant de poursuivre la coopération de la Suisse . Et de rédiger un mandat rapidement.
Problème politique
Mais le problème est aussi politique. Dans le domaine de l’éducation comme celui de la recherche, la Suisse souhaite participer de façon plus active aux programmes.
A Bruxelles, on fait la grimace. En demandant quel serait l’intérêt des Quinze de céder aux demandes suisses. Poursuivant aujourd’hui une politique d’intégration avec les pays tiers, l’Union refuse de conclure un accord à la carte avec la Suisse.
La participation des étudiants suisses à Erasmus dépend donc d’enjeux plus larges. Son issue est liée aux résultats des bilatérales-bis. Lesquelles sont actuellement au point mort.
Les Quinze veulent démarrer des négociations sur la fiscalité de l’épargne. Mais la Suisse a exigé d’avoir au préalable tous les mandats de négociations. Les ministres européens devraient les adopter le 17 juin.
swissinfo/Barbara Speziali à Bruxelles
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