Expo.02: A-B
L'abécédaire d'Expo.02: A comme adjectif ou arteplages, et B comme Bienne. Nelly Wenger, Frédéric Hohl et Daniel Rossellat découvrent le principe du jeu.
A comme adjectif
Pour commencer, un coup d'œil global: quel est l'adjectif qui caractériserait le mieux Expo.02? «Admirable!» réagit du tac au tac Nelly Wenger. Laquelle, en riant, corrige le tir: «Non... chaleureux». Danielle Rossellat, lui, opte pour «complexe», ce qui se comprend aisément, en ajoutant «extraordinaire dans tous les sens du terme».
La réponse de Frédéric Hohl surprend donc d'autant plus: il parle de simplicité. Goût du paradoxe? «Le futur visiteur n'a pas envie de voir toutes ces complications. Il veut simplement venir à un endroit et passer un bon moment. C'est clair que pour nous, c'est un concept extrêmement compliqué, mais pour le visiteur, ça doit être simple».
A comme arteplages
En 1968, on arrachait les pavés pour voir la plage qui était dessous. Fin des années 90, qu'a-t-il donc fallu arracher pour qu'on puisse voir les arteplages? «Il y a eu des cloisons à abattre, des doutes à enlever et des certitudes à planter», répond Daniel Rossellat, qui nuance toutefois la formulation de la question: «on n'est pas en forêt vierge, je ne pense pas qu'il faille arracher beaucoup d'arbres pour faire une clairière».
Frédéric Hohl donne d'abord dans l'euphémisme: «il a fallu arracher un peu d'argent peut-être». Puis complète son propos: «et arracher aux gens l'envie d'être ensemble, ce qui n'est pas facile».
Nelly Wenger constate qu'il a fallu arracher «le scepticisme de la Suisse, sa prudence extrême, et son manque d'esprit de fête. Il a fallu décaper tout ça, avant qu'un embryon d'esprit de fête et qu'un enthousiasme franc s'installe». La formule «un enthousiasme franc» dénote une belle positivité.
B comme Bienne
Bienne est l'une des quatre villes à accueillir un arteplage fixe. Quel cliché nos trois interlocuteurs en avaient-ils avant, et quelle image en ont-ils maintenant?
Pour Frédéric Hohl, les clichés étaient «les deux langues, et puis une ville peut-être un peu poussiéreuse. Aujourd'hui, on a plutôt l'impression d'une ville futuriste». Autre son de cloche chez Nelly Wenger, qui, outre le brouillard, associait déjà à Bienne une image de dynamisme: «Historiquement, et sur le plan de l'urbanisme, Bienne est une ville très dynamique, et ça s'est complètement confirmé: c'est une ville qui bouge et qui anticipe».
Daniel Rossellat ose l'avouer: il n'était jamais allé à Bienne avant de s'occuper d'Expo.02. «Lorsque j'ai dit ça à Monsieur Stöckli, le maire de la ville, il était tout surpris», ajoute-t-il faussement candide. Ce qui le frappe aujourd'hui? «Il y a une vie culturelle étonnante dans cette ville, avec, à la fois, des mouvements alternatifs et d'autres institutionnels.» Le patron de Paléo constate également l'envie de prendre une revanche sur un passé économique difficile. Et puis, il a cette expression forte: «il y a une fierté, à Bienne, qui est évidente».
Pouvoir et liberté
«Pouvoir et liberté», c'est le thème associé à l'arteplage biennois. C'est-à-dire? «Un thème très large qui permet de faire plein de choses. Mais un thème qui ne me touche pas directement du point de vue des spectacles». Car, selon Rossellat, la démarche des créateurs relève assez clairement de la liberté, voire de l'anarchie, plutôt que du pouvoir. Et cela même si «certaines personnes dans le milieu artistique» recherchent également pouvoir et sécurité. Mais qui vise-t-il?
«Pour moi, cela veut dire qui décide de moi?», répond Nelly Wenger. «Qui décide de moi et qu'est-ce que je peux prendre comme liberté dans le cadre qui m'est donné». Incontestablement, il y a là matière à réflexion.
Bernard Léchot

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