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Comment la Suisse va relever le défi de l’Airbus A380

grafik airbus swissinfo.ch

Les aéroports suisses seront-ils prêts à recevoir le porteur géant dont Airbus annonce le décollage industriel? Oui, certainement. Swissair s´intéresse-t-elle à ce qui sera le plus gros avion de l´histoire de l´aviation civile? Non, pas pour le moment.

Les mensurations de la première version du futur A380 qui n’entrera pas en service avant cinq ou six ans ne manquent pas d’impressionner: 80 mètres d’envergure, 73 de long et 24 de haut. Cet appareil à deux ponts complets pourra accueillir quelque 550 passagers et les transporter sans escale sur une distance de plus de 14 000 kilomètres.

Du côté de la compagnie Swissair, on ne voit guère pour l’instant l’utilité d’un tel avion. «D’abord, explique Jean-Claude Donzel, porte-parole de SAirGroup, parce que le potentiel de voyageurs en partance de Suisse est un peu petit pour ce genre de très gros appareil. Pour le remplir, vu l’étroitesse du marché, il faudrait énormément de vols d’appoint de l’extérieur.»

Deuxièmement, la compagnie qui veut se doter d’un tel avion doit disposer de lignes très fréquentées. Or, si l’on regarde la principale demande suisse, celle vers les USA, on voit qu’elle porte «davantage sur des fréquences quotidiennes multiples, à différentes heures de la journée où chacun trouve son intérêt, plutôt que sur un seul vol avec un gros appareil».

Par contre, toujours selon Jean-Claude Donzel, la société Flightlease, membre de SAirGroup, «suit le développement de l’A380 avec beaucoup d’attention, le cas échéant elle pourrait se montrer intéressée». Pourquoi pas en effet puisque cette société, qui a l’américaine GATX Capital Corporation pour partenaire financier, figure au troisième rang des entreprises de leasing aéronautique? Sa flotte se compose actuellement de 102 appareils, dont 67 Airbus.

Autre chose est de savoir si un jour des A380 atterriront sur des aéroports suisses. A Zurich, on ne se fait pas trop de soucis. On est en pleine construction d’un nouvel ilôt de stationnement d’avions, il sera opérationnel dans deux ans. «Nous serons donc prêts pour accueillir les appareils de la nouvelle génération», nous dit Sonia Zuelching, porte-parole de la direction de cet aéroport rebaptisé il y a quelques mois Unique Zurich Airport.

Cette perspective ne paraît cependant pas susciter un énorme enthousiasme. Mais les Zurichois – qui veulent maintenir la compétitivité de leur place dans la bataille des «hubs» européens – feront tout pour se montrer à la hauteur de ce qui paraît tout de même un défi.

«On ne peut pas ne pas être prêt», commente lui aussi Philippe Roy, porte-parole de l’Aéroport international de Genève, tout en reconnaissant qu’il préférerait ne pas avoir à recevoir aujourd’hui un tel géant: «ça serait quand même un tout petit peu juste»!

La réfection de la piste, entamée voici longtemps, prendra encore un an ou deux. Les nouveaux aménagements d’accueil se poursuivent, avec, à moyen terme, la construction d’un nouveau satellite en forme de Y où pourront précisément se garer les très gros porteurs. Reste qu’on ne fait pas débarquer ensemble 500 passagers d’un coup de baguette magique.

Cela dit, Genève ne se fait pas d’illusions. Si des A380 atterrissent du côté de Cointrin, il n’y en aura pas plus d’un à la fois. Et il ne s’agira probablement pas d’un avion de ligne. Mais peut-être d’un charter bondé de skieurs. Ou alors – comme on en voit de temps à autre – de l’appareil personnel d’un chef d’État accompagné de sa nombreuse suite.

Economiquement parlant, l’opération n’est pas désintéressée. Les aéroports encaisseront au passage des taxes d’atterrissage fort bien venues puisqu’elles sont calculées sur le tonnage maximum des appareils. Quant aux riverains, ils attendent de pouvoir vérifier que ce nouvel Airbus sera effectivement moins bruyant et moins polluant que le plus gros des Boeing. On en reparlera donc dans cinq ou six ans.

Bernard Weissbrodt

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