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L’indépendance, une alternative au chômage

A fin décembre 2002, le taux de chômage s'élevait à 3,6% de la population active. Keystone Archive

La détérioration du marché du travaille incite de plus en plus de chômeurs à demander une aide à la création d'une activité indépendante.

Près de 70% d’entre eux réussiraient leur pari. Mais, cette démarche implique des risques et des sacrifices.

L’encouragement à une activité indépendante (EAI) prévue par la loi fédérale sur l’Assurance-chômage est entré en vigueur en 1996. Le taux chômage atteignait alors le niveau record de 5,7% de la population.

Cette mesure du marché du travail permet à l’assuré de bénéficier de quatre à six semaines de formation à la gestion d’entreprise. Elle lui garantit en outre le versement de trois mois d’indemnité de chômage.

Après cette phase dite’d’élaboration du projet’, l’entrepreneur en herbe est appelé à choisir définitivement entre son statut de demandeur d’emploi et celui d’indépendant.

Le second choix débouche notamment sur la suppression du droit aux allocations de chômage.

Entrepreneurs par nécessité

Selon les statistiques du Secrétariat d’état à l’économie (seco), lors de sa création en 1996, seuls 800 chômeurs ont fait appel de cette mesure. Une année plus tard, ils étaient déjà 2 700 à vouloir se lancer dans la création d’une entreprise. Le record a été atteint en 1998 avec 3 500 requêtes.

Le nombreux de chômeurs désireux d’acquérir le statut d’entrepreneur a toutefois chuté après la crise. En 2001, l’assurance chômage n’a enregistré que 1 800 demandes d’aide à la création d’une activité indépendante.

Toutefois, face à la montée du chômage enregistrée en 2002, le seco s’attend à une nouvelle augmentation du nombre des demandeurs d’emploi désireux de se convertir en entrepreneurs.

Selon des statistiques partielles, à mi-septembre l’an dernier, leur nombre avait déjà dépassé le cap de 1 700 demandes.

«La détérioration de la conjoncture s’accompagne généralement d’une hausse des projets de création d’entreprise, constate Laurent Kurth, chef du service cantonal de l’emploi du canton de Neuchâtel.

En revanche, il semblait qu’une amélioration durable de l’environnement économique n’insiste pas à l’indépendance. En clair, l’esprit d’entreprise des chômeurs est clairement dicté par la situation du marché du travail.

«Il est évident que l’on ne lâche pas un bon job pour se lancer dans une aventure aussi périlleuse», admet Daniela Riva, responsable de la mesure ‘encouragement à l’activité indépendante’ au seco.

Et de relativiser: «pour autant, il ne faut pas en déduire que tous les chômeurs choissent cette voie faute de pouvoir retrouver un poste de travail», poursuit Daniela Riva.

«Certains profitent véritablement de cette opportunité pour réaliser un projet de vie qui leur tient à cœur.»

Pas de profil type

Difficile toutefois d’obtenir un profil type du chômeur reconverti en indépendant. «L’expérience est encore trop récente, explique Daniela Riva. Pour l’heure, seuls les cantons de Vaud et de Neuchâtel ont réalisé une enquête détaillée portant sur les années 1996 à 2002.»

Et, au vu des statistiques, les résultats sont des plus encourageants. En effet, dans les deux cantons, plus de 70% des projets créés avec le soutient de l’Assurance-chômage étaient toujours opérationnels l’an dernier.

Selon un récent sondage, le canton de Berne affiche également un taux de réussite de l’ordre de 55%.

Sans être exhaustives, les diverses évaluations cantonales permettent d’affiner le portait des entreprises et de leurs fondateurs.

«Le soutien de l’assurance chômage a généralement débouché sur la création de petites, voire de micro-entreprises», explique Laurent Kurth.

En revanche, le panel des activités est plutôt large. Il touche le domaine fiduciaire autant que celui des arts et métier ou celui de la restauration.

Les créateurs d’entreprises sont le plus souvent des hommes de moins de 50 ans qui bénéficient du soutien de leur entourage pour développer leur activité.

La face sombre du pari

Mais le tableau comporte aussi sa face sombre. Selon les résultats de l’enquête vaudois, la plupart des demandeurs d’emploi qui ont réussi à créer leur entreprise ont dû investi des fonds propres. Et dans la moitié des cas, ils ont engagé leur 2ème pilier.

Autre constat peu réjouissant, plus de 50% des nouveaux entrepreneurs ont enregistré une baisse de leur revenus. Seul 22% des bénéficiaires de la mesure d’encouragement à une activité indépendante affiche un revenu supérieur a celui obtenu avant la période de chômage.

swissinfo, Vanda Janka

Les cantons sont chargés d’évaluer les projets des chômeurs qui souhaitent obtenir une EAI.

Les candidats à l’indépendance sont dirigés sur un cours de formation à la gestion d’entreprise d’une durée de 4 à 6 semaines.

Ils bénéficient ensuite de 60 d’indemnités journalières pour lancer leur projet.

La nouvelle loi sur l’assurance chômage, qui rentrera en vigueur en juillet 2003, sera plus généreuse. Elle offrira 90 indemnités aux candidats à l’indépendance.

Confédération envisage par ailleurs d’améliorer l’encadrement des nouveaux entrepreneurs. Et de développer une palette de prestations relatives à la gestion d’entreprise.

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