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Les économistes misent sur une guerre courte

Un enlisement du conflit précipiterait l'Occident au bord de la récession. Keystone

Offensive éclair ou enlisement. Rebond rapide ou récession. Le développement de la guerre en Irak et celui de l'économie mondiale sont liés.

Les économistes ont déjà parié. Eux, ils misent sur un conflit court.

Pour les investisseurs, entrepreneurs et consommateurs, une guerre brève mettrait un terme aux incertitudes.

L’offre de brut ne serait que faiblement perturbée. Puisque l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP) a réglé le problème causé par l’arrêt de la production irakienne et celui des exportations koweïtiennes.

Un conflit éclair signifie aussi un regain d’optimisme des marchés financiers, amorcé lundi, juste après l’ultimatum lancé par le président George W. Bush à son homologue irakien Saddam Hussein.

Un tel scénario impliquerait «un renversement de la prime de risque dans les marchés d’actions et une chute des prix du pétrole autour de 25 dollars le baril d’ici le second semestre 2003», résume Mary Davis, économiste de Credit Suisse First Boston (CSFB).

Un baril de pétrole trop cher

La prolongation du conflit est le scénario le plus redouté par les analystes. Mais le moins envisagé, en raison de la supériorité militaire de la coalition américano-britannique.

Un enlisement signifierait un maintien des cours du pétrole à un niveau élevé. Il précipiterait l’Occident déjà fragile, en particulier l’Europe, «au bord de la récession», estime Murat Toprak, économiste de la Société Générale.

Avec une hausse prolongée des prix du pétrole, juge la Commission européenne, une stagnation ou une récession ne sont pas exclues.

«Une baisse du brut, souligne Murat Toprak, semble la seule variable capable de restaurer la confiance».

Une baisse des taux d’intérêt des deux côtés de l’Atlantique ne suffirait pas avec l’atonie de la conjoncture, d’autant que les banques centrales n’ont plus beaucoup de marge de manoeuvre.

Un risque d’affaiblissement du dollar



Pour Rory Robertson, stratégiste de la banque Macquarie à New York, «une grosse baisse des prix du pétrole serait plus utile pour l’économie qu’une petite baisse des taux».

S’il se prolonge, l’effort de guerre – qui implique déjà des dépenses énormes – risque de profondément déséquilibrer les finances publiques des Etats-Unis et d’aggraver encore leurs déficits.

D’où, selon Patrick Artus, de CDC Ixis Capital Markets, «un affaiblissement du dollar», et une moindre compétitivité des exportateurs européens et asiatiques face à leurs concurrents américains.

L’après-guerre sera crucial. La mise en place rapide d’un nouveau régime à Bagdad, sans tensions intérieures et dans les pays limitrophes, apaiserait les prix du pétrole.

Et une transition en douceur améliorerait à terme les capacités de production pétrolière et gazière de l’Irak, sans perturbation des exportations.

swissinfo et les agences

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