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La crise du Golfe révèle les failles de l’économie

Les actionnaires sont à la recherche de signes de reprise économique. RTS

L'appréciation du franc face au billet vert inquiète l'industrie d'exportation alors que le Swiss Market Index est au plus bas depuis 1997.

Un nouveau conflit en Irak mettrait en péril la vigueur de la reprise économique.

Valeur refuge par excellence, le franc suisse fait l’objet de nombreuses spéculations. La volonté déterminée de George W. Bush d’en découdre avec l’Irak n’a fait que raviver les craintes d’une forte appréciation de la devise helvétique.

Pourtant, et contrairement à ce que l’on pourrait croire en pareille situation, le franc suisse ne s’est pas démesurément apprécié par rapport à la devise européenne.

«Par rapport à l’euro, devise dans laquelle sont achetées 60% des exportations suisses, le franc suisse évolue dans une fourchette étroite», souligne Jean-Claude Manini, économiste de la banque Lombard Odier Darier Hentsch à Genève.

Inquiétude des entreprises suisses

Une simple phrase pour souligner que l’appréciation du franc suisse s’inscrit dans la durée et qu’aucun mouvement de hausse marqué ne s’est produit depuis plusieurs mois.

Compte tenu de la tension qui règne sur la scène internationale et de toutes les incertitudes qui en découlent – y aura-t-il une guerre en Irak, combien de temps durera-t-elle, provoquera-t-elle un nouveau choc pétrolier, etc. – les entreprises suisses sont inquiètes.

Une inquiétude que la baisse quasi ininterrompue des cours du dollar conforte. En 2002, l’euro s’est apprécié de 17% face au billet vert. Une baisse du dollar qui incite les investisseurs à se tourner vers le franc suisse ou l’or.

Raison pour laquelle, Thomas Daum, directeur de Swissmem – qui regroupe l’Association patronale suisse de l’industrie des machines (ASM) et la Société suisse des constructeurs de machines (VSM) – estime que la poursuite de la dégringolade du dollar «aurait de sérieuses répercussions sur la Suisse».

De son côté, la Banque nationale suisse (BNS) calme le jeu. «Nous ne nous préparons pas à la guerre. Nous accomplissons notre mission en surveillant les marchés financiers tous les jours de façon à pouvoir réagir immédiatement», rassure Werner Abegg, porte-parole de la BNS.

Plusieurs moyens d’agir

Et la BNS conserve plusieurs moyens d’agir. Même si sa marge de manœuvre sur les taux d’intérêt reste maigre, elle peut décider d’abaisser son taux directeur en dessous de 0,75%.

Elle peut encore faire baisser le cours du franc en intervenant directement sur le marché des changes, rachetant des dollars ou des euros contre des francs suisses.

Il lui est encore possible d’instituer un taux de change fixe de manière temporaire entre le franc et l’euro de façon à dissuader les investisseurs de se replier sur le franc uniquement. Favorisant du même coup l’industrie d’exportation helvétique.

Bruno Gehrig, vice-président de la BNS en partance pour le conseil d’administration de la compagnie d’assurance Swiss Life, a évoqué cette possibilité en début de semaine dans les colonnes du quotidien Le Temps.

Des déclarations qui font dire à Jean-Claude Manini que «la BNS a tracé une ligne dans le sable en faisant savoir aux marchés qu’en cas d’appréciation forte et soudaine du franc elle n’hésiterait pas à intervenir».

Une opinion partagée par l’économiste de la banque Pictet, Bernard Lambert. «Le franc suisse reste une valeur refuge et la BNS signale que dans le pire des scénarios, l’enlisement du conflit irakien doublé d’un choc pétrolier, elle ne laissera pas les choses évoluer librement».

Un phénomène bien plus grave

L’économiste considère en outre que les possibilités de la BNS sont plus importantes que celles de son homologue européenne. La Banque centrale européenne (BCE) doit en effet prendre en considération les politiques budgétaires extrêmement restrictives de ses membres.

«La marge de manœuvre de la BNS est plus importante. Mais en raison des dispositions édictées pour respecter le frein à l’endettement, cela ne signifie pas pour autant qu’elle puisse soutenir la croissance activement», remarque l’économiste.

La crise irakienne ne fait donc qu’exacerber un phénomène bien plus grave: l’absence de perspectives résolument optimistes pour l’économie mondiale. Expliquant du même coup le niveau historiquement bas des marchés financiers.

swissinfo, Jean-Didier Revoin

La Banque nationale suisse a trois options:
procéder à une baisse des taux d’întérêt
intervenir sur le marché des changes
établir une parité fixe temporaire entre le franc et l’euro

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