France: l’ex-président Nicolas Sarkozy est sorti de prison
Après vingt jours de détention, l'ex-président français Nicolas Sarkozy est sorti lundi après-midi de prison, avec un contrôle judiciaire qui lui interdit d'entrer en contact avec de hauts responsables judiciaires. Le ministre français de la Justice y figure.
(Keystone-ATS) Peu avant 15H00, M. Sarkozy, 70 ans, a quitté la prison parisienne de la Santé à bord d’une voiture aux vitres teintées, escortée par des motards de la police, pour regagner son domicile, ont constaté des journalistes de l’AFP.
Il était incarcéré depuis le 21 octobre, une première pour un ex-chef d’Etat de l’Union européenne (UE), après sa condamnation en septembre dans l’affaire du financement libyen de sa campagne présidentielle en 2007. M. Sarkozy attendra donc libre son procès en appel, qui devrait commencer en mars.
«Le droit a été appliqué. Je vais maintenant préparer le procès en appel. Mon énergie n’est tendue que vers le seul but de prouver mon innocence. La vérité triomphera. C’est une évidence que la vie enseigne», a-t-il déclaré sur X après sa libération.
Dans sa décision, la cour d’appel de Paris lui a toutefois interdit de sortir du territoire français, «le risque de pression, de concertation ne pouvant pas être totalement écarté», sur ses coprévenus mais surtout sur «un certain nombre de témoins-clés», particulièrement les ex-dignitaires du régime Kadhafi qui vivent à travers le monde.
Elle a imposé une «interdiction de contact» élargie, avec d’anciens responsables libyens comme avec de hauts responsables de la justice française, dont le ministre de la Justice Gérald Darmanin, constatant la «capacité» de M. Sarkozy «à actionner différents services de l’Etat» en tant qu’ex-président. Lors de l’audience, comparaissant en visioconférence depuis une salle aux murs blancs de la prison, ce dernier est apparu visage fermé.
Photos interdites
Ses pieds trépignent, ses mains font tourner un stylo entre ses doigts. La prison, «c’est dur, c’est très dur, ça l’est certainement pour tout détenu, je dirais même que c’est éreintant», dit-il, offrant par écran interposé la première image de l’histoire d’un ancien président de la République en prison.
Les photographies étant interdites par la loi en salle d’audience, les téléphones portables devaient être éteints à l’entrée puis placés dans des enveloppes scellées. Mais les journalistes présents ont pu voir l’ancien président (2007-2012), vêtu d’une veste bleu foncé, un pull sombre sur une chemise, visiblement tendu.
«Je me bats pour que la vérité triomphe», a affirmé M. Sarkozy, qui a fait appel de sa condamnation à cinq ans de prison ferme pour association de malfaiteurs. «Même s’il est un homme fort, robuste et courageux, cette détention a été pour lui une grande souffrance et une grande douleur», a souligné avant lui l’un de ses avocats, Me Jean-Michel Darrois, qui s’exprimait à ses côtés en visioconférence.
Me Darrois a «exclu» qu’il pouvait y «avoir réitération de l’infraction» ou «pression sur les témoins». «C’est la détention qui constitue une menace pour Nicolas Sarkozy, pas le contraire», a estimé un de ses autres avocats, Me Christophe Ingrain.
Pour des raisons de sécurité, M. Sarkozy était «placé à l’isolement» et bénéficiait de la protection de deux agents, une mesure exceptionnelle.
Dates du procès en appel
Le 25 septembre, le tribunal correctionnel de Paris l’avait reconnu coupable d’avoir sciemment laissé ses collaborateurs démarcher la Libye de Mouammar Kadhafi pour solliciter un financement occulte de sa campagne présidentielle victorieuse de 2007.
En cause, des réunions fin 2005 de deux proches de M. Sarkozy avec Abdallah Senoussi, beau-frère du dictateur libyen, sous le coup d’une condamnation à perpétuité en France pour l’attentat contre un avion d’UTA en 1989, dans lequel 170 personnes, dont 54 Français, ont trouvé la mort au-dessus du désert du Ténéré (Niger).
Les dates précises du procès en appel devraient être communiquées aux avocats jeudi, ont indiqué à l’AFP des sources proches du dossier.
Déjà condamné définitivement dans l’affaire dite des «écoutes», pour laquelle il a écopé d’une peine d’un an d’emprisonnement ferme, l’ancien président saura par ailleurs le 26 novembre si la Cour de cassation valide ou non sa condamnation en appel dans «l’affaire Bygmalion», lui valant un an d’emprisonnement dont six mois ferme, pour le financement illégal de sa campagne présidentielle perdue de 2012.