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L’aviation d’affaires à Genève, inquiète, pèse 1% du PIB cantonal

Genève reste la deuxième plate-forme européenne pour l'aviation d'affaires malgré un recul en 2016 (archives). KEYSTONE/SALVATORE DI NOLFI sda-ats

(Keystone-ATS) Les acteurs genevois de l’aviation d’affaires sont inquiets. Alors que le Salon européen du secteur (EBACE) s’ouvre lundi à Genève, une étude chiffre leur poids à plus de 1% du PIB cantonal. Une autre révèle son importance pour les autres activités économiques.

L’Association genevoise de l’aviation d’affaires (AGAA) rassemble 15 compagnies qui emploient près d’un millier de personnes sur la deuxième plate-forme européenne du secteur. Selon une enquête interne dévoilée vendredi et obtenue par l’ats, le chiffre d’affaires a atteint plus de 495 millions de francs en 2016, soit 1,03% du produit intérieur brut (PIB) cantonal. « C’est une baisse notable », a indiqué à l’ats le président de l’AGAA Walter Chetcuti.

Au total, 12,5 millions de francs, soit près de 3%, sont reversés à Genève aéroport et 56% sont réinvestis en Suisse. En combinant ces deux données, le secteur contribue à 0,12% du PIB suisse. Problème, l’aviation d’affaires fait face aux difficultés d’encombrement à Genève aéroport. Elle n’arrive qu’en « troisième priorité » sur l’unique piste disponible, après les compagnies de ligne et les charters, fait remarquer M. Chetcuti.

En constatant récemment le recul des mouvements sur ce secteur, le nouveau directeur de Genève aéroport André Schneider avait admis que la marge de manoeuvre n’est pas considérable. Mais il s’était montré devant la presse résolu à « stabiliser » ou même faire repartir l’aviation d’affaires. M. Chetcuti mentionne une concertation « ouverte et transparente » avec le nouveau directeur.

« Slots » visés par l’AGAA

Dans l’enquête interne de l’AGAA, 90% des membres estiment que la situation s’est dégradée pour eux en 2016. Et 70% s’attendent à devoir bloquer leurs investissements. Pour le président de l’AGAA, la solution passe par l’amélioration de la fluidité du trafic, d’autant plus que le site genevois attend 25 millions de passagers par an d’ici 2030 contre 16 millions actuellement.

« L’aviation d’affaires n’aura certes pas la même croissance », affirme Walter Chetcuti. « Mais elle restera très active ». L’AGAA soutient le nouveau Plan sectoriel (PSIA) en consultation qui devrait permettre une meilleure distribution des mouvements. L’aviation d’affaires devrait être séparée des lignes régulières et des charters, dit M. Chetcuti.

Mais les membres ont aussi leur contribution à apporter. Les réservations de plusieurs tranches horaires pour satisfaire les clients conduisaient à 12’000 « slots » gâchés par an.

Après un appel de M. Chetcuti à davantage de discipline, la situation s’améliore, ajoute-t-il. « Mais ce n’est pas suffisamment significatif ». Le président demande des mesures fermes. Une évaluation est attendue dans les prochains jours.

Augmentation de taxes ciblée

Plus largement, une autre étude menée par MIS Trend informe que les hommes d’affaires utilisent jusqu’à 6 fois par mois l’aviation d’affaires à Genève, malgré les coûts importants. Mais ils ont aussi recours aux lignes commerciales. Les deux doivent pouvoir cohabiter, selon eux.

Les personnes interrogées estiment que la baisse est due à l’infrastructure de l’aéroport et à l’extension du trafic commercial. Les hommes d’affaires déplorent le renforcement des contrôles de sécurité et l’augmentation des redevances.

Même si certains n’estiment pas l’aviation d’affaires indispensable, la plupart affirment qu’une réduction pourrait avoir un impact sur l’emploi et l’attractivité en matière de rencontres importantes et d’entreprises. Une troisième étude sur les conséquences directes de l’aviation d’affaires sur l’économie genevoise et de la région doit par ailleurs être publiée cet été.

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