
L’identité au coeur de la saison du Théâtre national de Strasbourg

(Keystone-ATS) Que signifie être un homme, une astronaute, un poète ou un enfant d’immigré? Les questions d’identité seront au coeur de la saison 2023-24 du Théâtre national de Strasbourg (TNS) présentée mardi par ses deux directeurs, l’ancien et la nouvelle.
La nouvelle programmation sera placée à partir de la rentrée prochaine sous la responsabilité de l’autrice et metteuse en scène Caroline Guiela Nguyen, nommée fin 2022 à la tête du seul théâtre national en dehors de Paris. Elle succédera début septembre à Stanislas Nordey, en poste depuis 2014.
Tous deux ont conçu la saison 2023-24, qui se décline en 19 spectacles, dont « Evangile de la nature », tiré d’un poème latin de Lucrèce retraduit par l’autrice Marie NDiaye. Stanislas Nordey, seul en scène, y fera en décembre ses adieux à Strasbourg – même s’il a bien l’intention d’y revenir.
« Construction du masculin »
La saison démarrera en octobre avec « La Tendresse », un spectacle « extrêmement drôle » selon M. Nordey, où huit hommes s’interrogent sur « la construction du masculin hier et aujourd’hui », dans le contexte du mouvement MeToo.
En janvier, ce sera aux femmes de se questionner sur le sens de la vie dans « La Chanson (reboot) »: trois jeunes femmes « au rêve très normé », selon Mme Guiela Nguyen, y préparent un concours de sosies du groupe Abba à l’ombre d’Euro Disney.
« Cosmos » mettra en scène en avril l’histoire de cinq Américaines amenées en 1960 à subir des tests destinés à voir si le sexe féminin pouvait aller dans l’espace.
D’autres spectacles comme « Le iench » (le chien en verlan), « La langue de mon père », « Great Apes of the West Coast » ou encore « Fajar » évoqueront la recherche d’identité de personnes qui grandissent dans un autre pays que celui de leurs parents.
Récit d’exilés
Caroline Guiela Nguyen remettra elle-même en scène en mars son spectacle « Saïgon », Grand Prix de la critique en 2018. Cette fille d’une mère vietnamienne et d’un père pied-noir y déroule des récits d’exilés vietnamiens.
La future directrice du TNS présentera aussi en mai « LACRIMA », un spectacle qu’elle écrit et met en scène autour d’une maison de couture parisienne, à qui une famille royale commande une robe de mariée.
Mme Guiela Nguyen, 41 ans, se défend d’avoir choisi pour fil conducteur les thèmes de l’exil, de l’identité ou de l’arrachement. « J’ai eu envie d’inviter ces artistes-là (…) qui racontent leur récit avec les formes et les mots qu’ils ont envie de nous faire passer », a-t-elle expliqué.