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Lausanne renature ses rivières pour la biodiversité et la sécurité

Keystone-SDA

Soutenir la biodiversité et renforcer la sécurité face aux crues: tels sont les objectifs du vaste projet de revitalisation des cours d'eau communaux lancé par la Municipalité de Lausanne mercredi. Cette première étape du préavis "Rivières vivantes" représente un investissement de 12 millions de francs.

(Keystone-ATS) «C’est l’occasion de faire face à une double crise», a déclaré le conseiller municipal Pierre-Antoine Hildbrand en conférence de presse mercredi. Face au réchauffement climatique, qui donne lieu à des épisodes de précipitations intenses et face à la crise, plus latente, de la perte de la biodiversité, Lausanne entend «redonner de la place aux rivières».

Grâce à des analyses de terrain de personnes «qui mettent leurs bottes et vont dans l’eau», les autorités ont identifié des tronçons d’eau au sein du territoire communal, où une action est prioritaire. Trois projets sont en cours ou sur le point de démarrer sur les hauts de la ville.

Le ruisseau de Vennes, situé non loin du CHUV, sera revitalisé afin de diversifier les milieux naturels. A la hauteur de Rovéréaz, le petit cours d’eau du Riolet sera élargi, avec la création d’une prairie inondable, qui joue le rôle essentiel d’amortisseur naturel en cas de crue. Les sources de la Bressonne, qui naissent sur les pentes du Jorat, seront, quant à elles, remises à ciel ouvert, ce qui renforcera la migration des amphibiens.

Une vision différente qu’à l’époque

Ces travaux témoignent d’un changement de stratégie en ce qui concerne l’aménagement des rivières, plus volontiers canalisées et enterrées pendant des dizaines d’années. Il faut «défaire ce qu’on a fait par le passé», constate Pierre-Antoine Hildbrand.

Mais alors, comment agir concrètement sur les cours d’eau du territoire lausannois ? Il a d’abord fallu récolter des données à l’échelle locale, plus précises que celles déjà établies au niveau cantonal ou fédéral.

Cela a permis de «zoomer» et d’identifier le «potentiel» des ruisseaux et rivières, a expliqué Sébastien Apothéloz, chef du Service de l’eau. Les études du degré d’artificialisation – ou «écomorphologie» en termes scientifiques – ainsi que les analyses biologiques et chimiques menées depuis 2019 constituent la base des projets lausannois en cours et à venir.

Des rivières trop canalisées

L’évaluation de la qualité des cours d’eau a ainsi révélé que 30% d’entre eux présentent «une morphologie trop artificialisée», ce qui les empêchent de jouer leur rôle naturel face aux aléas climatiques et d’accueillir une biodiversité riche.

S’il est logé «entre deux voies de tram, un cours d’eau ne sera connecté à rien et n’aura pas de biodiversité», illustre le responsable. La connectivité avec le milieu naturel guide donc grandement les possibilités: il s’agit de repérer les sites proches de forêts ou d’autres plans d’eau, dégagés des «contraintes» du bâti.

Cette logique explique que les cours d’eau du Flon et de la Louve, parmi les cours d’eau les plus importants du territoire lausannois et les mieux connus du grand public, ne fassent pas partie des projets de renaturation.

Focus sur les rivières à potentiel

Aujourd’hui nichées à plusieurs dizaines de mètres sous la ville, ces rivières sont avant tout des «collecteurs d’eaux usées», relève Pierre-Antoine Hildbrand. Et d’ajouter: «leur redonner un espace en surface serait un projet pour lui-même et d’urbanisme principalement.»

Le conseiller municipal reconnaît qu’il y a «une forte demande pour remettre ces rivières à l’air libre» et qu’il y a «une volonté politique d’aller dans cette direction.» Mais «l’horizon de réalisation n’est pas dans ce préavis», continue-t-il.

Pour l’heure, Lausanne se concentre sur «les nombreux tronçons» sur lesquels il est possible d’agir. En plus des trois projets de «Rivières vivantes» déjà lancés, onze sites s’ouvrent à des possibilités de revitalisation sur le territoire communal.

A noter que ce programme bénéficie d’un financement pouvant atteindre 95% de la part du Canton et de la Confédération.

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