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Des victimes d’escrocs blanchissent de l’argent à leur insu

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Les victimes sont appâtées par des offres d'emploi bien rédigées. Il s'agit généralement de petits jobs pouvant être effectués en télétravail. (Image d'illustration) KEYSTONE/DPA/Helena Dolderer

À l’aide de stratagèmes bien rodés, des criminels parviennent à pousser des personnes honnêtes à ouvrir des comptes bancaires et à participer à des opérations de blanchiment d’argent sans le savoir.
La manœuvre est d’autant plus sournoise que les victimes de telles arnaques finissent souvent par avoir de gros ennuis.

«Je pensais avoir un super travail. En réalité, j’ai été complètement exploitée», raconte Lisa (prénom d’emprunt), une jeune étudiante. Elle a été victime d’une arnaque perfide: des criminels l’ont amenée à ouvrir des comptes bancaires destinés au blanchiment d’argent, à son insu. Ce système serait très répandu en Allemagne, d’après l’émission Wiso de la ZDF.

Des procédures pénales ont toutefois aussi été ouvertes en Suisse. Les autorités parlent du «piège des testeurs d’applications». Les victimes sont attirées par des offres d’emploi bien rédigées, souvent pour de petits boulots réalisables en télétravail. Dans le cas de Lisa, il s’agissait d’un poste d’«assistante pour des évaluations».

Les victimes ouvrent sans le savoir de vrais comptes bancaires

La supercherie est parfaite: Lisa croyait tester le processus de vérification des applications bancaires, ces étapes numériques nécessaires pour ouvrir un compte en ligne. En réalité, elle ouvrait à chaque fois un véritable compte à son nom. Les criminels disposaient de ses données personnelles et d’une copie de sa pièce d’identité, obtenues par le biais de son dossier de candidature.

L’arnaque n’a été découverte que lorsque Lisa a demandé, sur WhatsApp, quand elle serait payée. La réponse du fraudeur — aussi choquante par son honnêteté que déconcertante par sa politesse — a été la suivante: «Je suis désolé de vous avoir utilisée pour ouvrir des comptes fantômes. Ne vous en voulez pas. Tout cela est organisé de manière très professionnelle.»

Spécialiste de la cybercriminalité à la police cantonale de Berne, Martin Bader sait pourquoi les criminels ciblent aussi des comptes de tiers en Suisse: il s’agit de blanchir l’argent tiré d’escroqueries sur des places de marché numériques comme Tutti, Ricardo ou Facebook.

«Les criminels ne veulent pas se faire prendre et cherchent à effacer leurs traces, explique-t-il. De plus, un compte bancaire suisse aide à donner une apparence de sérieux. Pour la plupart des gens, un IBAN suisse reste très digne de confiance.»

L’escroquerie au crédit prospère sur la détresse

Le système des «money mules» (littéralement des passeurs d’argent) n’est pas nouveau. Traditionnellement, il s’agit de personnes payées pour faire transiter de l’argent via leur propre compte bancaire, afin de le blanchir. Mais cette méthode s’essouffle, et les escrocs inventent des stratagèmes plus raffinés. Martin Bader met en garde contre l’escroquerie au crédit, qui s’est répandue en Suisse: des personnes en grande difficulté financière sont recrutées comme «money mules».

Le service intercantonal cybercrimepolice.ch met en garde contre des escroqueries telles que l’arnaque au créditLien externe. De manière générale, les recommandations suivantes s’appliquent:

– Ne communiquez jamais votre compte bancaire ni vos identifiants à des tiers.

– Méfiez-vous des offres de crédit sans vérification de solvabilité ou proposant des conditions trop belles pour être vraies.

– Prenez au sérieux les avertissements émis par votre banque.

– Signalez toute offre de crédit suspecte sur le site cybercrimepolice.ch.

Elles ouvrent alors un compte bancaire qui sera détourné pour le blanchiment, sous la promesse d’un crédit d’urgence à des conditions avantageuses. Il s’agit généralement de personnes qui ont de gros problèmes financiers et ont, de ce fait, du mal à obtenir un crédit classique.

Sous prétexte de leur proposer ce crédit, on leur demande d’ouvrir des comptes dans le cadre d’un soi-disant processus d’intégration ou de candidature, puis de partager ces comptes avec des tiers.

Des victimes condamnées pour blanchiment d’argent

Particulièrement perverse, cette méthode se retourne souvent contre les victimes: celles dont le compte est utilisé pour le blanchiment se retrouvent elles-mêmes poursuivies. «Cela arrive régulièrement, constate Martin Bader. En règle générale, ces personnes écopent d’une inscription au casier judiciaire et d’une amende avec sursis.»

Traduit de l’allemand par Pauline Turuban à l’aide d’un outil de traduction automatique

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