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La Suisse va se doter d’une stratégie nationale de lutte contre le crime organisé

La Suisse va se doter d'une stratégie nationale de lutte contre le crime organisé
La Suisse va se doter d'une stratégie nationale de lutte contre le crime organisé Keystone / Alessandro Della Valle

La Suisse est de plus en plus touchée par le crime organisé. Pour contrer cette menace croissante, notre pays devrait se doter d’une stratégie nationale d’ici à fin 2026. Pour la nouvelle directrice de fedpol, Eva Wildi-Cortés, ce changement est «crucial» pour poursuivre la lutte contre la criminalité.

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L’Organisation internationale de police criminelle (Interpol) a identifié plus de 800 organisations criminelles actives en Europe. «La plupart sont aussi en Suisse. On parle de la mafia des Balkans, albanaise, des confréries nigérianes, de la mafia marocaine, italienne. Les organisations criminelles turques aussi, chinoises, néerlandaises», constate Eva Wildi-Cortés, la nouvelle directrice de la Police fédérale (fedpol), dans La Matinale. Cette situation a poussé le Service de renseignement de la Confédération (SRC) à faire passer son niveau de menace lié au crime organisé de l’échelon 3 à l’échelon 5 (sur 6, NDLR) au cours des deux dernières années.

Dans une interview au quotidien fribourgeois La Liberté en juin dernier, la Lucernoise avait fait de la lutte contre le crime organisé sa «priorité», affirmant même que «la mafia est dans nos rues». «C’est un peu visible, on parle de barbiers, de studios d’onglerie, de kebabs ou de pizzerias. Ils sont utiles pour faire le blanchiment d’argent», détaille-t-elle au micro de la RTS.

Une stabilité appréciée

En raison de sa situation géographique, de sa stabilité financière et politique, la Suisse possède de nombreux atouts pour les organisations criminelles, faisant d’elle une plaque tournante attractive pour le blanchiment d’argent, le trafic de drogues, d’armes ou encore la traite des êtres humains.

«Nous sommes au centre de l’Europe; avec une place financière et un système politique stables. En tant que peuple, c’est ce que nous aimons, mais c’est aussi ça que les organisations criminelles aiment en Suisse», explique celle qui a succédé à Nicoletta della Valle en début d’année.

Vers une stratégie nationale

Face à ce constat, la Conférence des directrices et directeurs des départements cantonaux de justice et police a discuté la semaine dernière de la mise en place d’une stratégie nationale de lutte contre le crime organisé. Le plan devrait être dévoilé d’ici à la fin de l’année, après ratification du Conseil fédéral.

Cette stratégie nationale contre le crime organisé a été saluée par les cantons, qui se disent inquiets pour la sécurité intérieure. Pour certains responsables cantonaux, il est indispensable que la Confédération mette à disposition des ressources, notamment financières, afin de pouvoir s’attaquer aux différents niveaux de la criminalité organisée.

Cette forte présence mafieuse en Suisse augmente considérablement le risque de violences, affirme la directrice de fedpol. «Je suis persuadée que c’est un risque pour la société, pour l’État de droit et pour la démocratie.»

Collaboration cantonale: «Un vrai point faible»

Le futur plan doit reposer sur plusieurs piliers, comme la prévention, la répression et la coopération internationale. «Il s’agit de renforcer les bases légales pour mieux lutter contre le crime organisé, mais aussi d’octroyer plus de moyens et de ressources», a expliqué Eva Wildi-Cortés à la RTS.

Cette souplesse législative, qui était une demande des cantons, doit permettre d’accélérer l’échange de données entre les polices cantonales, ce que la directrice de fedpol considère comme étant «crucial», car il s’agit d’«un vrai point faible» dans la stratégie actuelle.

La menace liée à la criminalité organisée fait presque oublier la menace terroriste, qui fait moins l’actualité ces derniers temps. Cela ne signifie pas pour autant que fedpol y accorde moins d’importance.

«On a les moyens de lutter contre le terrorisme — au contraire du crime organisé —, qui reste une menace, mais qui émane plutôt de personnes seules. C’est une priorité, absolument, car le danger est là», répond Eva Wildi-Cortès.

Le Conseil des États, première Chambre à délibérer sur le budget 2026, a donné le ton mardi à l’issue de cinq heures de débats. La priorité est donnée à la sécurité: plusieurs dizaines de millions supplémentaires ont été alloués à l’armée, la cybersécurité et fedpol.

Le Conseil des Etats a augmenté le budget de la défense de 70 millions, le faisant passer à 2,78 milliards. Il a alloué non pas 16, mais 26 millions à la cybersécurité, et ajouté un million à l’enveloppe prévue pour fedpol.

Le budget de la police fédérale, qui n’arrive plus à effectuer toutes les enquêtes faute de moyens, passe ainsi à un peu plus de 296 millions. «Je suis très contente de cette décision. Ça correspond à environ 10 postes d’enquêteurs supplémentaires. On va pouvoir renforcer nos équipes pour lutter contre le crime organisé, le terrorisme et la cybercriminalité», a réagi Eva Wildi-Cortès.

La directrice de la police fédérale rappelle que le Contrôle fédéral des finances a constaté un manque de moyens à disposition de fedpol, qu’elle chiffre à environ 100 postes d’enquêteurs et de spécialistes. «C’est ce qui nous manque pour bien faire notre travail», conclut-elle.

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