La voix de la Suisse dans le monde depuis 1935
Les meilleures histoires
Démocratie suisse
Les meilleures histoires
Restez en contact avec la Suisse

Pourquoi la Suisse produit trop de lait

La Suisse a 126 millions de kilos de lait en trop.
La Suisse produit 126 millions de kilogrammes de lait en trop. Keystone / Gian Ehrenzeller

La Suisse produit actuellement trop de lait qui coûte trop cher. Face à la situation, la branche a décidé d’une baisse des prix. Explications.

De quoi parle-t-on?

Il y a actuellement trop de lait sur le marché suisse. Au total, ce surplus se chiffre, selon l’Organisation interprofessionnelle du lait (IP Lait), à environ126 millions de kilogrammes.

L’organisation a récemment annoncé une baisse de 4 centimes du prix du lait du segment A, c’est-à-dire celui destiné aux produits de qualité pour le marché suisse (voir deuxième encadré). Le nouveau prix de 78 centimes par kilo s’appliquera à partir du 1er février 2026 et pour une durée de onze mois.

C’est la première fois qu’un prix du lait est fixé pour presque une année entière. Jusqu’ici, les prix indicatifs étaient valables pour trois mois. L’objectif de ce changement est d’offrir davantage de sécurité de planification aux productrices et producteurs de lait.

Voir le sujet de SRF, en allemand:

Contenu externe

Comment l’organisation justifie-t-elle cette baisse des prix?

Selon Stefan Kohler, directeur de l’Organisation interprofessionnelle du lait, le prix du lait suisse se situe de plus en plus au-dessus de celui pratiqué à l’étranger.

En Suisse, environ la moitié du lait est transformée en fromage. Or ce marché est en partie libéralisé et aligné sur le marché européen. Lorsque l’écart de prix entre le fromage suisse et le fromage étranger devient trop important, le fromage suisse perd en compétitivité et disparaît des rayons. C’est pour éviter que cet écart ne se creuse davantage que le prix indicatif a été abaissé.

Quelles sont les raisons de cette surabondance de lait?

Selon Swissmilk, l’organisation faîtière des producteurs laitiers suisses, les causes sont multiples et résultent d’un enchaînement de plusieurs facteurs.

Un été aux conditions météorologiques très favorables a permis de produire des fourrages abondants et de grande qualité, ce qui s’est directement traduit par une hausse de la production laitière. Parallèlement, les droits de douane américains ont entraîné d’importantes incertitudes sur les marchés, non seulement en Suisse, mais dans l’ensemble de l’Union européenne. Cette situation a provoqué un recul des exportations, laissant davantage de lait sur le marché intérieur. S’y sont ajoutés des effets de change défavorables ainsi que des stocks de beurre déjà élevés.

Que disent les experts?

«On a tout simplement laissé la production laitière évoluer sans encadrement», estime Mathias Binswanger, professeur d’économie politique à la Haute école spécialisée du Nord-Ouest de la Suisse. «Les contradictions de notre politique agricole échappent au regard. D’un côté, on incite à devenir toujours plus productif et à réduire les coûts. De l’autre, cela mène à une agriculture dans laquelle nos vaches ne montent même plus à l’alpage, mais sont nourries avec des aliments concentrés. Ce que nous voulons en réalité encourager – une agriculture basée sur les prairies, avec des vaches qui montent à l’alpage en été – se perd alors.»

Dans la branche, on ne parle pas de litres, mais de kilogrammes. La raison est la suivante: un litre de lait n’est pas toujours d’un poids identique. En principe, un litre pèse plus d’un kilogramme, car contrairement à l’eau, le lait contient notamment des protéines et du lactose. Mais leur proportion varie, ce qui fait que le volume du lait n’est pas une mesure fiable.

Que disent les producteurs de lait?

Pour les agricultrices et les agriculteurs, il s’agit d’un choc. «Au final, cela représente pour moi une perte de chiffre d’affaires de 16’000 francs sur une année», explique Boris Beuret, qui exploite une ferme laitière de 60 vaches dans le canton du Jura. Il est également président de l’organisation Swissmilk. À ce titre, il a toutefois lui aussi approuvé la baisse des prix – «dans l’intérêt de la stabilité». Afin de lutter contre la surabondance de lait, il va adapter l’alimentation de son troupeau et a déjà envoyé des vaches plus âgées à l’abattoir plus tôt que prévu.

Et maintenant?

La branche laitière part du principe que l’offre et la demande vont bientôt se rééquilibrer. Les consommatrices et consommateurs devraient également payer moins cher prochainement. Interrogées, Migros et Coop indiquent vouloir répercuter la baisse des prix.

Contenu externe

L’Organisation interprofessionnelle du lait distingue les segments A, B et C. Ceux-ci indiquent l’usage du lait et déterminent le niveau du prix indicatif.

Segment A: Le lait est utilisé pour des produits de qualité tels que le lait de consommation, la crème ou le fromage destiné au marché suisse. Il obtient le prix le plus élevé, fixé en règle générale tous les trois mois. Actuellement 82 centimes le kilo (78 centimes à partir du 1er février).

Segment B: Le lait est destiné à des produits d’exportation ou à des produits soumis à une forte concurrence étrangère sur le marché intérieur. Il est rémunéré à un niveau inférieur, fixé mensuellement. Actuellement 53 centimes par kilo.

Segment C: Le lait issu de volumes excédentaires est transformé en produits du marché mondial, tels que le beurre ou la poudre de lait écrémé. Il est exporté et soumis au prix le plus bas, fixé mensuellement. Actuellement 27 centimes le kilo.

Les prix indicatifs servent de référence pour les négociations tarifaires et ne constituent pas des prix de paiement garantis.

Traduit de l’allemand à l’aide d’un outil d’IA/dbu

Les plus appréciés

Les plus discutés

En conformité avec les normes du JTI

Plus: SWI swissinfo.ch certifiée par la Journalism Trust Initiative

Vous pouvez trouver un aperçu des conversations en cours avec nos journalistes ici. Rejoignez-nous !

Si vous souhaitez entamer une conversation sur un sujet abordé dans cet article ou si vous voulez signaler des erreurs factuelles, envoyez-nous un courriel à french@swissinfo.ch.

SWI swissinfo.ch - succursale de la Société suisse de radiodiffusion et télévision

SWI swissinfo.ch - succursale de la Société suisse de radiodiffusion et télévision