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« Tout mon corps se met à trembler »: les écoles confrontées aux crises d’angoisse des étudiants lors des examens

Les collèges fribourgeois doivent gérer l'augmentation des crises d'angoisse des étudiants en période d'examens
Les collèges fribourgeois doivent gérer l'augmentation des crises d'angoisse des étudiants en période d'examens La Matinale / 5 min. / le 3 juin 2025

Pour certains étudiants, la période d'examens qui approche est synonyme de stress et cela peut parfois provoquer des crises d'angoisse. Le phénomène est en augmentation depuis dix ans, notamment dans le canton de Fribourg, où des mesures ont été mises en œuvre pour aider les jeunes à gérer ces situations.

Palpitations, tremblements, sensation d’étouffement et sentiment de perte de contrôle qui peuvent aller jusqu’à l’évanouissement: les crises d’angoisse notamment face aux examens se manifestent toujours plus chez les étudiants et les élèves depuis une décennie.

A Fribourg, elles représentent aujourd’hui une consultation sur trois auprès du Conseil psychologique aux étudiant-e-s, à tel point que le phénomène est devenu l’une des principales préoccupations des collèges du canton, qui accueillent les élèves de 15 à 20 ans.

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« Le bruit autour de moi devient sourd »

Ces crises d’angoisse peuvent être spectaculaires et les élèves préfèrent souvent tenter de les gérer seuls, aux toilettes ou en sortant de leur établissement.

« Lorsque j’ai une grosse montée d’angoisse, mon cœur commence à se serrer et à me faire très légèrement mal. Le bruit autour de moi devient un peu sourd quand ça ne va vraiment pas. Tout mon corps se met à trembler comme pour essayer de faire sortir l’angoisse », témoigne dans La Matinale de la RTS une étudiante qui dit « paniquer » depuis le début de l’année concernant ses examens de diplôme.

Cure de magnésium, café, sport ou méditation: certains élèves moins affectés par le stress rivalisent d’astuces pour affronter au mieux les examens. Mais celles-ci ne s’avèrent pas toujours suffisantes et les étudiants se voient parfois obligés de s’adresser à des professionnels.

Des interlocuteurs formés

A Bulle, le collège du Sud, le plus grand du canton de Fribourg avec 1500 élèves, a ouvert en janvier une salle de silence. Des cours de gestion du stress sont aussi proposés. François Gremion, enseignant en psychologie et médiateur dans l’établissement, a déjà été amené à gérer les crises d’angoisse de ses élèves en classe.

« Cela m’est arrivé à quelques reprises. Généralement, je signale à l’élève que je vais lui poser la main sur l’épaule et respirer calmement avec lui ou elle. J’explique ensuite à la personne que ce qu’elle est en train de vivre est très désagréable, mais qu’il n’y a pas de risque pour sa santé, que même si elle a l’impression d’étouffer, sa vie n’est pas en danger et qu’ensemble, on va réussir à trouver une respiration. […] On parvient à régler la crise comme cela en quelques minutes », détaille l’enseignant.

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Les professeurs ont également la possibilité d’appeler le Groupe d’intervention sanitaire, composé d’élèves formés pour intervenir et gérer les situations d’urgence. Afin d’augmenter les interlocuteurs potentiels, tous les enseignants et enseignantes ainsi que le personnel du collège bullois seront formés dès la rentrée prochaine pour gérer les situations d’angoisse des élèves.

« Il y a toujours des personnes, que ce soit des profs, des amis, des psychologues, des thérapeutes, qui seront là pour nous aider. Il ne faut vraiment pas fermer la porte à cela. Moi, c’est quand on a commencé à m’aider que j’ai compris que j’avais une porte de sortie et que je n’étais pas bloquée pour toujours là-dedans », raconte l’étudiante victime de crises d’angoisse interrogée par la RTS.

Des élèves désemparés

Pierre Sindelar, psychiatre exerçant à Genève, observe une recrudescence du phénomène « qui touche aussi une population beaucoup plus large ». « Auparavant, on avait des universitaires. Maintenant, on a des élèves du collège et du cycle d’orientation qui recherchent généralement des réponses immédiates et qui ne veulent pas s’inscrire dans la longueur. Pour l’immense majorité, ils demandent des médicaments: soit des stimulants pour augmenter les capacités cognitives, soit des calmants pour calmer l’anxiété », constate le spécialiste dans le 19h30.

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Selon le médiateur fribourgeois François Gremion, la multiplication des crises d’angoisse parmi les élèves s’explique par le fait que ces derniers ne sont pas suffisamment armés pour faire face à des situations de stress.

Les crises d’angoisse sont également contagieuses. « Il y a souvent une amie ou un ami qui va aider la personne sous l’emprise d’une attaque de panique. Lorsqu’il ou elle se rend compte que le soutien apporté n’aide que très peu, il y a un sentiment d’impuissance qui est transmis et qui renforce cet effet de contagion », analyse Rita Raemy, psychologue au Conseil psychologique aux étudiant-e-s à Fribourg.

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