
Lecornu propose de suspendre la réforme des retraites jusqu’en 2027

Le Premier ministre français Sébastien Lecornu a annoncé mardi devant l'Assemblée qu'il allait proposer une suspension de la réforme des retraites "jusqu'à l'élection présidentielle" de 2027, dans une tentative de surmonter le blocage politique en France.
(Keystone-ATS) La suspension de cette réforme impopulaire, passée au forceps en 2023 pour repousser l’âge de départ légal à 64 ans, coûtera «400 millions d’euros en 2026 et 1,8 milliard en 2027» et «devra être compensée par des économies», a-t-il précisé lors de sa déclaration de politique générale.
Cette loi emblématique du deuxième mandat du président Emmanuel Macron, adoptée sans vote au Parlement en 2023, est au coeur des tractations politiques en France depuis plusieurs semaines. Sa suspension est notamment considérée comme un préalable par le Parti socialiste (PS) pour ne pas faire chuter le gouvernement.
Menace de censure
Cette main tendue de l’exécutif intervient dans un contexte très tendu, après des semaines de crise politique et alors que le gouvernement composé dimanche soir est à nouveau menacé de censure par les oppositions.
Le pays traverse une période inédite d’instabilité politique depuis la dissolution de l’Assemblée nationale en juin 2024, qui a abouti à une chambre sans majorité, divisée entre la gauche, le centre droit et l’extrême droite.
«Aucun relèvement de l’âge n’interviendra à partir de maintenant jusqu’à janvier 2028», a assuré mardi M. Lecornu.
Le projet de budget 2026, qui doit être adopté d’ici le 31 décembre, a par ailleurs été entériné mardi matin, lors du premier Conseil des ministres du gouvernement Lecornu II.
Le déficit public français prévu dans ce projet de budget «est réduit à 4,7%» du PIB et devra «dans tous les cas de figure être à moins de 5% à la fin de la discussion» au Parlement, a réaffirmé le Premier ministre.
«Nous ne pouvons pas placer notre pays en dépendance durable de prêteurs étrangers et je ne serai pas le Premier ministre d’un dérapage des comptes publics», a-t-il dit, alors que la France, deuxième économie de la zone euro, affiche une dette de 3400 milliards d’euros (115,6% du PIB).
«Contribution exceptionnelle»
Reconnaissant «des anomalies» dans la fiscalité des très grandes fortunes, M. Lecornu souhaite par ailleurs demander «une contribution exceptionnelle» des Français les plus riches dans le prochain budget.
Si le Parlement ne parvient pas à voter un budget pour 2026, «les seuls qui se réjouiraient d’une crise ne sont pas les amis de la France», a-t-il prévenu.
«Qui, parmi les Français, se sentira mieux, si la France se divise plus encore, si elle est plus faible, si elle repousse les questions de fond et les questions d’urgence à plus tard ?», a encore dit le Premier ministre, en conclusion son discours devant les députés.