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Locarno accueille Cuba et l’Argentine

Le cinéma cubain est à la recherche de nouveaux débouchés en Europe. RTS

Dans le cadre de programmes spéciaux, le festival montre environ 30 films des deux pays et accueille plusieurs réalisateurs.

Les deux pays latino-américains sont les premiers bénéficiaires d’un projet lancé par le festival et la Confédération.

Durant trois ans, le Festival de Locarno et la Confédération vont promouvoir le cinéma issu de pays du Sud et de l’Est.

Ainsi, la Direction du développement et de la coopération (DDC), qui dépend du Département fédéral des affaires étrangères, a dégagé 550’000 francs pour le programme d’aide de cette année.

L’argent sert à produire des films, à les sous-titrer mais aussi à favoriser leur circulation et faire venir des professionnels à Locarno, qui joue ainsi un rôle de relais entre réalisateurs du Sud et producteurs, distributeurs du Nord.

L’impact de la crise économique

A côté d’un programme intitulé «Argentinos Juniors, qui met en valeur le travail de jeunes cinéastes argentins, la section «Portes Ouvertes: Cuba» réunit 18 films. Sept réalisateurs cubains sont présents.

«L’idée est de développer une meilleure compréhension et d’encourager la coopération avec les Cubains, qui souffrent de l’isolement politique et d’une crise économique», précise Sophie Delessert, porte-parole de la DDC. Le nombre de films produits est en effet passé d’une quinzaine par an, à cinq ou moins.

A propos, le cinéma cubain est-il confronté à un problème de censure gouvernementale? Camilo Vives, de l’institut cubain pour la cinématographie, rejette cette idée.

«Le seul genre de censure auquel nous avons eu à faire ces dernières années est économique. Ainsi, plusieurs films ont été abandonnés en cours de route, attendant de pouvoir être achevés».

Réagissant à ces difficultés, de jeunes étudiants des écoles de cinéma témoignent de la vitalité du cinéma cubain. Les nouvelles technologies, dont la vidéo numérique, leur permettent de tourner des courts métrages ou des oeuvres expérimentales.

Discrétion, mais reconnaissance!

Malheureusement, à Locarno, les films cubains sont projetés tôt le matin, et dans l’un des lieux les moins accessibles du festival. De plus, des copies vidéo ne sont pas disponibles pour ceux qui auraient manqué les projections.

Malgré ces obstacles, les spectateurs qui ont vu les films en question se montrent enthousiastes, et les réalisateurs invités semblent reconnaissants quant à l’opportunité qui leur est offerte.

Humberto Padron, dont le film «Video de Familia» a été bouclé avec 400 dollars, espère trouver les fonds qui lui permettront de transférer son œuvre en format 35 mm.

Après une journée de contacts avec des producteurs occidentaux, il se dit optimiste…

Humberto Solas, réalisateur de l’un des plus célèbres films cubains, «Lucia», a besoin de 100’000 dollars pour achever son projet actuel.

«Venir quémander de l’argent ici blesse mon amour-propre. Mais quand je pense aux problèmes qu’un Fellini a pu avoir pour financer ses films, je me dis que nous sommes nombreux à vivre la même situation.»

Solas dirige par ailleurs un modeste festival cinématographique à Cuba. Il lutte pour que les formats numériques se généralisent, ce qui éviterait justement la nécessité des transferts coûteux en 35 mm.

swissinfo, Julie Hunt, Locarno
(Adaptation: Bernard Léchot)

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