
Nouveau vol-test réussi de la mégafusée Starship d’Elon Musk

La mégafusée Starship que construit l'entreprise SpaceX d'Elon Musk pour aller sur la Lune et Mars, a réussi lundi un nouveau test. Ce vol pourrait cependant ne pas suffire à faire taire les critiques, des experts s'inquiétant des retards pris dans son développement.
(Keystone-ATS) Le mastodonte métallique de plus de 120 m de haut, soit l’équivalent d’un immeuble d’environ 40 étages, s’est élevé dans un épais nuage de fumée en début de soirée au Texas. Après que les deux étages de la fusée se sont séparés dans les airs, SpaceX a mené avec succès plusieurs tests et manoeuvres sur le propulseur et le vaisseau avant qu’ils ne finissent leur course dans les eaux comme convenu.
Ce onzième vol-test, mené tout en maîtrise comme le précédent en août, permet à l’entreprise américaine d’aller de l’avant, après une série noire d’essais au début 2025, marqués par des explosions en vol.
Rivalités spatiales
Mais ce succès n’efface pas les inquiétudes croissantes concernant l’état d’avancement de la fusée, censée effectuer ses premiers vols vers Mars en 2026 et permettre le retour des Américains sur la Lune en 2027.
Selon la récente analyse d’un panel d’experts indépendants, la version modifiée de Starship devant servir d’alunisseur pourrait avoir «des années» de retard, ce qui repousserait encore le calendrier du programme Artémis de la NASA. Cette situation fait courir le risque que les Etats-Unis ne soient devancés par la Chine, puissance rivale qui ambitionne aussi d’envoyer des hommes sur la Lune d’ici à 2030.
En l’état des choses, «il est très improbable que nous allions sur la Lune avant la Chine», a prévenu en septembre Jim Bridenstine, ancien patron de la NASA, devant une commission sénatoriale, exhortant Washington à élaborer un plan B.
L’enjeu est d’autant plus important que le gouvernement américain évoque ouvertement une «nouvelle course à l’espace», cette fois face à la Chine, en écho à celle menée contre l’URSS pendant la guerre froide.
«Milliers de défis techniques»
Malgré les critiques, Elon Musk, qui est connu pour ses prévisions très optimistes, continue d’afficher sa confiance dans cette mégafusée, la plus puissante jamais construite, bien qu’il reste encore de son propre aveu «des milliers de défis techniques» à surmonter.
L’homme le plus riche au monde et ancien proche conseiller du président américain Donald Trump a déjà révolutionné le secteur spatial avec ses fusées réutilisables produites à la chaîne et domine aujourd’hui le marché des lancements commerciaux.
Avec Starship, pensée pour les voyages interplanétaires, il vise encore plus loin, en cherchant à démontrer des manoeuvres techniques encore jamais réalisées.
Après avoir réussi il y a un an à récupérer, à l’atterrissage, le propulseur de la fusée grâce à de gigantesques bras mécaniques, il espère réussir prochainement à rattraper le vaisseau et à ravitailler sa fusée en carburant dans l’espace.
Il entend relever ces paris techniques grâce au lancement répété de multiples prototypes, une méthode qui a fait son succès jusqu’ici, mais qui pourrait se heurter cette fois aux contraintes du programme lunaire américain, d’autant qu’Elon Musk a plusieurs fois exprimé sa volonté de privilégier la planète rouge, son obsession personnelle, au détriment de la Lune.