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L’achat des nouveaux avions de combat accepté à un cheveu par les Suisses

Les F/A-18 de l armée suisse arriveront en fin de carrière en 2030.
Les F/A-18 de l'armée suisse arriveront en fin de carrière en 2030. Keystone/ Valentin Flauraud

L'armée suisse pourra acquérir de nouveaux avions de combat, mais on est loin du plébiscite: seuls 50,1% des citoyens ont dit oui dimanche à l'enveloppe de 6 milliards de francs pour renouveler la flotte.  

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Les Forces aériennes suisses pourront bien acquérir de nouveaux avions de combat, mais le oui a été obtenu sur le fil. Seuls 50,1% des Suisses ont donné leur accord à l’enveloppe budgétaire de 6 milliards de francs qui servira au renouvellement de la flotte helvétique. L’écart de voix est minime (8670).

Les résultats dessinent un net clivage entre Suisse latine et Suisse alémanique: les seuls cantons à avoir dit non sont les cantons romands -à l’exception notable du Valais d’où vient la ministre de la défense Viola Amherd-, le Tessin et les deux Bâle. Le Jura bernois a également dit non.

Les F/A-18 de l’armée suisse arriveront en fin de vie en 2030, raison pour laquelle le Conseil fédéral prévoit de les remplacer. Pour s’éviter de revivre le non à l’achat des avions Gripen en 2014, le gouvernement a complètement changé de stratégie, en décidant de ne soumettre aux urnes que le principe de l’achat et de se réserver le choix du type d’avion. Son calcul a payé.

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Les opposants surveilleront l’achat de près

Le référendum d’opposition avait été lancé par le Groupe pour une Suisse sans armée (GSsA). L’organisation antimilitariste, soutenue par le Parti socialiste, les Verts et d’autres mouvements pacifistes, juge cette dépense luxueuse et inutile. Le GSsA a annoncé dimanche son intention de lancer une initiative contre un type spécifique d’avion. 

Pour Thomas Bruchez, secrétaire politique de l’organisation, «c’est un véritable chèque en blanc sur lequel la population était amenée à s’exprimer: on ne connaît ni le modèle, ni le type d’avion de combat», a-t-il dit sur les ondes de la RTS dimanche.

Les Verts se montreront vigilants lors de l’acquisition des nouveaux avions de combat, a pour sa part promis l’écologiste neuchâtelois Fabien Fivaz dans l’émission Forum. Selon le député, «le résultat serré montre que les citoyens n’étaient pas si prêts que ça à une telle dépense».

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Pour le chef du groupe socialiste aux Chambres fédérales Roger Nordmann, même avec ce oui, «il est exclu d’acheter les F-35 américains, qui sont les plus chers», a-t-il dit à la RTS.

Les partisans promettent la transparence

Pratiquement tous les autres partis politiques, les milieux économiques et différentes associations proches de l’armée soutenaient l’achat. Pour eux, la modernisation de la flotte aérienne suisse est nécessaire pour maintenir un système de défense crédible et préserver l’indépendance de la Suisse. 

La conseillère nationale vaudoise libérale-radicale (droite) Jacqueline de Quattro s’est félicitée du résultat de dimanche. «Ce oui aux avions est réjouissant pour la Suisse romande» qui devrait bénéficier d’un milliard de francs d’affaires compensatoires. Il est en effet prévu que les entreprises étrangères qui obtiendront des mandats dans le cadre de cette acquisition passeront commande à des entreprises suisses à hauteur de 60% de la valeur du contrat.

Jacqueline de Quattro a assuré que les montants dévolus aux avions de combat ne manqueront pas à la formation, la santé ou au social, rappelant qu’il s’agit de dépenses relevant du budget ordinaire de l’armée.

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Le président du parti démocrate-chrétien (PDC, centre-droit) Gerhard Pfister a pour sa part exigé que «le Conseil fédéral examine attentivement les offres». «Si les avions coûtent un peu moins cher que 6 milliards de francs, ce n’est pas grave», a-t-il relevé sur les ondes de SRF.

La ministre de la défense Viola Amherd est sur la même ligne. Ce oui du peuple n’est pas un «chèque en blanc», a-t-elle réagi à l’issue de la votation. La transparence continuera à être de mise dans la procédure d’achat de ces appareils, a promis la conseillère fédérale.

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Le renouvellement de la flotte suisse est scruté bien au-delà de ses frontières, puisque le modèle choisi sera forcément importé. Les offres de quatre constructeurs ont été présélectionnées: le Français Dassault (Rafale), l’Européen Airbus (Eurofighter) et les Américains Boeing (F/A-18 Super Hornet) et Lockheed-Martin (F-35A).


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