Peter Friederich et les services secrets
Dès l'annonce de l'arrestation de l'ambassadeur de Suisse au Luxembourg, la piste des services secrets a été évoquée.
Il s’agit du Servizio Informazione operative segrete (SIOS), le renseignement militaire italien, et de la célèbre CIA.
Les amateurs de romans d’espionnage vont être servis. Imaginez un café dans un port du lac de Côme, en Italie du nord. A l’extérieur, la pluie ne cesse de tomber sans intermittence. L’homme des services, la soixantaine, s’exprime dans un français assez correct.
Son histoire remonte avant la guerre du Golfe. Un marchand d’armes irakien s’approvisionne dans tous les pays occidentaux, y compris aux Etats-Unis. S’est-il attribué des commissions trop copieuses? Le trafiquant est finalement exécuté en 1989 par Saddam Hussein.
Seulement voilà, son immense fortune, détenue principalement dans des banques suisses au Tessin a disparu. Quel rapport avec Peter Friederich, ambassadeur de Suisse au Luxembourg?
Réunion secrète au Luxembourg
L’homme des services secrets italiens explique alors que le nom du diplomate suisse apparaît dans le blanchiment de la fortune du marchand d’armes irakien. Fort bien, mais pourquoi des espions italiens s’intéressent-ils tant à cette affaire?
Car depuis l’arrestation de Peter Friederich, le 8 juillet dernier, cet homme, qui dit appartenir au renseignement militaire de la Péninsule, adresse des signaux à Jean-René Mermoud, l’avocat de l’ambassadeur, et à des journalistes suisses et luxembourgeois.
Il évoque une réunion secrète, le 6 février 2002, dans une grande banque du Grand-Duché, en présence du Premier ministre, du ministre des Finances, et de banquiers, durant laquelle Peter Friederich aurait été mis à mort, du moins judiciairement.
Pourquoi tant d’énergie pour nuire à un ambassadeur de seconde zone (Peter Friederich n’est pas en poste aux Etats-Unis, en Allemagne ou en France)?
Friederich et la guerre en Irak
«Friederich travaille pour la CIA. En le mettant en cause, nous portons tort aux Américains, et nous les empêchons d’attaquer l’Irak», explique le plus sérieusement du monde l’espion du lac de Côme.
L’Italie serait hostile au renversement de Saddam Hussein, car elle craint que les islamistes sur son territoire provoquent des attentats… Bref, il ne s’agit plus de roman d’espionnage mais de science fiction.
«Cette personne m’a promis à plusieurs reprises des documents explosifs. Mais je n’ai jamais rien reçu, malgré un déplacement en Lombardie pour la rencontrer. Selon mes sources, toute cette affaire est bidon», commente Jean-René Mermoud, l’avocat de Peter Friederich.
Mais pourquoi tout ce cinéma, et dans quel but? Plusieurs journalistes se sont vus promettre depuis un mois des révélations extraordinaires, mais jamais étayées de la plus petite preuve.
swissinfo/Ian Hamel
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