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Libre-circulation: les syndicats montent au front

Les syndicalistes Vasco Pedrina (à gauche), Paul Rechsteiner (au centre) et Serge Gaillard dénoncent le dumping salarial du à la libre-circulation. Keystone

Les syndicats dénoncent le laxisme de cantons qui n'ont pas mis en place les contrôles nécessaires pour éviter le dumping salarial depuis l’entrée en vigueur de la libre circulation des personnes.

Ils brandissent la menace du référendum contre l’extension de l’accord aux nouveaux membres de l’Union européenne.

Moins de cinq mois après l’entrée en vigueur de la deuxième phase de la libre circulation des personnes, les pires craintes des syndicats se sont confirmées, estime Paul Rechsteiner, président de l’Union syndicale suisse (USS).

Lorsque des contrôles ont été effectués, des «abus alarmants» et des pressions sur les salaires «préoccupantes» ont été constatés. Cependant, dans la plupart des cantons, il n’y a pas de contrôle efficace, voire pas de contrôle du tout, dénonce le syndicaliste.

Dans plusieurs cantons, les commissions tripartites composées des représentants des travailleurs, des employeurs et des pouvoirs publics, n’ont pas mis en place l’observation du marché du travail. L’attitude des autorités compétentes dans des cantons comme Zurich, Berne et Lucerne revient à un «sabotage de la loi», de l’avis des milieux syndicaux.

Si des cantons comme Genève ou le Tessin ont créé un observatoire du marché du travail, il n’existe même pas de statistique sur les salaires dans le canton du Jura, a relevé Regula Rytz, secrétaire centrale de l’USS.

Par ailleurs, si une tradition de collaboration tripartite existe à Genève, au Tessin ou à Bâle-Campagne, les employeurs bernois sont qualifiés de «freins».

Retour aux années 1950



Les contrôles effectués dans le canton de Bâle-Campagne ont fait apparaître une sous-enchère salariale sur un tiers des chantiers.

Les pires infractions concernent les menuisiers et les monteurs de cuisine, dont certains travaillent pour 18 francs de l’heure alors que la convention collective de travail (CCT) impose un salaire de 28 francs.

Le licenciement de travailleurs indigènes au profit de travailleurs étrangers meilleur marché a d’ailleurs déjà été signalé.

Principalement dans la construction, les salaires payés à des travailleurs détachés sont souvent inférieurs de 40% aux minima garantis par les CCT.

En outre, le cas d’ouvriers de menuiserie russophones employés par une société allemande dans le canton de St-Gall et logés dans une écurie moyennant une retenue salariale de 500 francs, rappelle la situation dans les années 1950 de saisonniers siciliens logés dans des poulaillers, selon Vasco Pedrina, coprésident du nouveau syndicat UNIA.

Menace de référendum



Le dumping salarial a des conséquences sociales extrêmement préjudiciables, souligne Serge Gaillard, secrétaire central de l’USS. Sans une application sérieuse des mesures d’accompagnement, le chômage ne reculera pas et plus aucune proposition de politique européenne ne passera la rampe ces prochaines années, prévient-il.

Les syndicats exigent une réelle mise en application des mesures d’accompagnement décidées en 1999 et entrées entièrement en vigueur le 1er juin dernier.

Ils demandent également que le deuxième paquet de mesures adoptées le 1er octobre dernier par le gouvernement ne soit pas amputé par le Parlement. Ce paquet prévoit notamment des normes de contrôle minimales et de maintenir jusqu’en 2011 la priorité accordée aux travailleurs indigènes.

Et les syndicats de se faire menaçants: s’ils ne sont pas entendus, ils lanceront un référendum contre l’extension aux dix nouveaux membres de l’UE de l’accord sur la libre-circulation des personnes.

swissinfo et les agences

– La Suisse et l’UE ont conclu une 2e série d’accords bilatéraux.

– Ils prévoient notamment une extention de la libre-circualtion des personnnes aux 10 nouveaux membres de l’UE.

– La Suisse a obtenu un délai de 7 ans pour appliquer la mesure.

– Les Bilatérales bis sont menacées. Droite dure et syndicats pourraient lancer le référendum.

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