Asile: les villes exigent des changements

Les villes et communes veulent que la Confédération assume seule l'aide d'urgence aux requérants dont la demande a fait l'objet d'une non-entrée en matière.
Lors d’une conférence vendredi, le maire de Zurich a plaidé pour une politique d’immigration moins restrictive.
Les entreprises des grandes agglomérations ont un intérêt vital à pouvoir engager des migrants qualifiés, a déclaré le maire de Zurich Elmar Ledergerber lors de l’édition 2005 de la Conférence zurichoise sur l’asile.
Pour satisfaire les besoins de l’économie, il faut, selon le socialiste, mettre en place une émigration contrôlée depuis les pays non-européens.
Quota de migrants
La Suisse fixerait chaque année un quota. «Cela déchargerait le secteur de l’asile». Une telle proposition est actuellement en discussion dans l’Union européenne, a-t-il rappelé.
Le maire de Zurich a défendu «une politique de migration qui rend les migrants autonomes et leur donne les moyens de ne pas tomber dans la petite criminalité». Pour cela, il a demandé plus d’argent pour de nouvelles mesures d’intégration, comme des cours de langue.
Elmar Ledergerber estime encore qu’il faut occuper les migrants sans travail dans «des entreprises sociales» à créer ou dans des postes d’utilité publique, comme il en existe à Zurich.
Enfin, la police doit lutter plus intensivement contre les gros poissons des réseaux de criminalité organisée, qui emploient les migrants «insécurisés» comme petites mains.
Aide d’urgence
Pour sa part, Ruedi Meier, membre de l’exécutif de la Ville de Lucerne, a demandé que la Confédération assume seule tous les coûts de l’aide d’urgence accordée par les cantons et les communes aux requérants dont la demande d’asile a fait l’objet d’une non-entrée en matière (NEM). Depuis une année, ces requérants n’ont plus droit à l’aide sociale.
Cela provoque de nombreux problèmes sociaux qui pèsent sur les villes, a ajoute l’écologiste lucernois. La Confédération ne paie plus aux cantons que 600 francs par cas. Ces derniers ont déjà exigé une hausse de cette indemnisation.
Les villes s’opposent à ce que l’aide sociale soit également supprimée pour les requérants dont la demande d’asile a été rejetée, comme le demande le conseiller fédéral Christoph Blocher au Parlement.
Il s’agit de gens qui sont depuis longtemps en Suisse et qui y sont souvent bien intégrés. Les communes «ne réussiraient pas à appliquer cette nouvelle mesure», observe encore Ruedi Meier.
Comme certains cantons, les interlocuteurs présents vendredi à Zurich ont aussi demandé à la Confédération un plus grand soutien pour renvoyer chez eux les requérants déboutés.
Le cas des Pays-Bas
Lors d’un débat, la responsable des affaires sociales de la Ville de Zurich, l’écologiste Monika Stocker a espéré que la Suisse n’aille jamais aussi loin que la Hollande qui a complètement supprimé tout soutien aux requérants qui n’ont pas obtenu l’asile.
Ces derniers se retrouvent alors à la rue. Pour éviter qu’ils se criminalisent ou qu’ils tombent dans la misère, les villes hollandaises font appel à une organisation privée soutenue notamment par les Eglises. Elle prend en charge les requérants et les aide à rentrer dans leur pays.
Les communes et les cantons suisses disposent déjà de structures appropriées pour encadrer ces personnes. Ce serait idiot de les détruire, a commenté Monika Stocker.
Jörg Schild, conseiller d’Etat de Bâle-Ville, a pour sa part critiqué le fait que la Confédération repousse de plus en plus les coûts de l’asile sur les cantons. Selon lui, Berne ne remplit pas ses «devoirs» dans ce domaine. Un point de vue partagé par le gouvernement zurichois.
swissinfo et les agences
Demandes d’asile en 2004: 14’248
Diminution par rapport à 2003: 32%
Depuis avril 2004, les normes sur l’asile sont plus restrictives
L’aide sociale aux requérants frappés d’une décision de non-entrée en matière (NEM) est supprimée

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