
Test de forme pour les partis politiques – partie 2

Deux ans avant les prochaines élections fédérales, l’Union démocratique du centre (UDC) affiche une forme éclatante. D’autres formations peinent à définir leur cap – ou considèrent déjà cette législature comme perdue. Deuxième partie de notre analyse consacrée à la Cinquième Suisse.
Après deux années de travaux parlementaires, cinq week-ends de votations, deux élections au Conseil fédéral et 11 élections dans les parlements cantonaux, l’heure est au bilan: quels sont les thèmes qui dominent? Quels partis parviennent à les imposer? Lesquels stagnent? Et quelle est l’offre politique destinée aux Suisses de l’étranger?
Dans la première partie de notre analyse, nous avons examiné l’état de forme de l’Union démocratique du centre (UDC / droite conservatrice), du Parti socialiste (PS) et du Centre. Dans cette deuxième partie, nous nous intéressons aux autres grands partis du paysage politique suisse.
Le Parti libéral-radical navigue en pleine tempête

Le temps où le parti fondateur de la Confédération donnait le ton de la politique suisse est révolu. Après avoir enregistré le pire résultat de son histoire aux législatives de 2023, le PLR (droite) a subi de sévères défaites dans plusieurs scrutins cantonaux, perdant encore 13 sièges.
L’offre politique pour les Suisses de l’étranger
La section internationale du PLR affiche une certaine stabilité, avec environ 230 membres répartis dans plus de 40 pays – un chiffre en légère hausse par rapport à il y a deux ans. «Nous allons concentrer nos efforts sur le nouvel accord avec l’Europe, qui revêt une grande importance pour les Suisses de l’étranger», déclare Helen Freiermuth, présidente du PLR International.
Une intervention parlementaire du PLR pourrait également s’avérer précieuse pour de nombreux expatriés: elle demande l’introduction rapide d’un système de récolte de signatures numériques. Portée par le coprésident du PLR, Benjamin Mühlemann, cette motionLien externe permettrait pour la première fois à la diaspora de participer activement à la création d’initiatives et de référendums.
Le temps où le parti fondateur de la Confédération donnait le ton de la politique suisse est révolu. Après avoir enregistré le pire résultat de son histoire aux législatives de 2023, le PLR (droite) a subi de sévères défaites dans plusieurs scrutins cantonaux, perdant encore 13 sièges.
Selon Lukas Golder, le parti a adopté une communication plus offensive: «Il a adopté un ton plus dur, plus critique à l’égard du Conseil fédéral. Toutefois, sur le fond, ses positions ne sont pas toujours claires.» Une stratégie qui, selon lui, n’a pas porté ses fruits, créant un éloignement avec la base du parti.
Affaiblie par les droits de douane américains et un plan d’économie impopulaire, la position de la ministre des Finances Karin Keller-Sutter est également fragilisée, tandis qu’Ignazio Cassis, l’autre ministre libéral-radical, est contesté pour sa politique extérieure. «Les deux conseillers fédéraux ne sont pas des locomotives électorales pour leur parti», observe Lukas Golder.
Pour redresser la barre, le PLR compte capitaliser sur son projet d’imposition individuelle des couples mariés, qui a convaincu le Parlement. Il se targue d’avoir «fait passer la réforme la plus importante en matière d’égalité depuis des décennies». Mais l’affaire n’est pas encore close: le peuple aura probablement le dernier mot.
Lukas Golder estime que ce dossier porteur pourrait aboutir sous l’égide de la nouvelle présidence. Il ajoute que l’élection du tandem formé de la conseillère nationale Susanne Vincenz-Stauffacher et du conseiller aux États Benjamin Mühlemann à la tête du parti pourrait contribuer à stabiliser le parti. «L’adoption d’une position commune sur le dossier européen devrait aussi contribuer à apaiser la formation politique, longtemps divisée sur la question», poursuit Lukas Golder. Des éléments qui laissent entrevoir une remontée du PLR en 2027, selon le politologue.
Le parti reconnaît qu’il lui reste du travail à accomplir d’ici au prochain rendez-vous électoral. «Nous sommes toutefois convaincus que si nous continuons à protéger le porte-monnaie de la classe moyenne et à mener une politique en faveur de toutes celles et ceux qui se lèvent tôt, cela portera ses fruits dans les urnes», affirme le porte-parole du PLR, Christopher Ulmer.
Pour tenter de garder le cap, les Vert-e-s adoptent une nouvelle realpolitik

Le début de cette législature a été marqué par une lourde défaite pour les Vert-e-s. La vague verte qui les avait propulsés au Parlement en 2019 s’est retirée, laissant place à une forme de désillusion.
«C’est une législature perdue», estime aujourd’hui la vice-présidente du parti, Sibel Arslan – moins pour la formation elle-même que pour ses thèmes de prédilection: «Les baromètres d’opinion montrent que les préoccupations environnementales et climatiques restent importantes pour la population. Mais au Parlement, elles ne passent plus.»
L’offre politique pour les Suisses de l’étranger
En matière de politique pour les Suisses de l’étranger, le parti écologiste souhaite faciliter la participation démocratique de la Cinquième Suisse. La numérisation des services publics suisses, notamment via l’e-ID, a été portée par le conseiller national vert Gerhard Andrey. Il a su rallier une majorité au Parlement, contribuant ainsi à l’acceptation de l’identité électronique lors de la votation de septembre 2025.
«Nous constatons que les médias pertinents pour les Suisses de l’étranger sont devenus vulnérables, déclare la vice-présidente des Vert-e-s, Sibel Arslan. Nous nous mobilisons pour les défendre.» Le parti s’est également opposé avec vigueur à la suppression des rentes pour enfants de retraités. Bien que cette mesure ne visait pas spécifiquement les Suisses de l’étranger, ceux qui en bénéficient ont salué le soutien des Vert-e-s.
Sibel Arslan dénonce une «majorité de droite au Conseil fédéral et au Parlement qui fait passer ses projets en ignorant la volonté populaire». Les questions de sécurité et de politique sociale ont relégué les enjeux écologiques au second plan. Le parti, qui espérait encore décrocher un siège au gouvernement en 2023, a vu son influence diminuer. «Dans le nouvel engrenage parlementaire, il a été particulièrement difficile pour les Vert-e-s de faire valoir leurs propres priorités», constate aussi Lukas Golder.
Mais selon lui, un nouveau réalisme est né de cette défaite. Il parle d’une «nouvelle realpolitik de gauche»: modérée, orientée vers les solutions et ouverte aux milieux économiques. Parmi les figures emblématiques de cette approche figurent Gerhard Andrey, entrepreneur informatique, qui a su fédérer une large alliance autour de l’e-ID au Conseil national, Matthias Zopfi, artisan de compromis respectés au Conseil des États, et Lisa Mazzone, présidente du parti, qui agit en coulisses sans mandat parlementaire, toujours guidée par le pragmatisme.
Loin des activistes du climat, place aux arguments rationnels. Cette sobriété nouvelle porte ses fruits. «Tous les référendums que nous avons lancés ou soutenus ont été gagnés», affirme Sibel Arslan. Le plus grand succès: le rejet populaire de l’extension autoroutière en 2024. En revanche, les initiatives sur la responsabilité environnementale et la biodiversité ont échoué. Selon Lukas Golder, elles portaient encore «l’esprit de l’ancienne mouvance fondamentaliste verte».
Sibel Arslan souligne aussi des succès parlementaires, souvent obtenus grâce à des alliances: comme la réforme du droit pénal sexuel ou l’e-ID. Et pour les élections de 2027? «Bien sûr que nous allons progresser, affirme-t-elle. Nous sommes proches des mouvements citoyens – et le balancier va repartir dans notre direction.»
Les Vert’libéraux en quête d’un nouveau souffle

Le sommet politique des Vert’libéraux (PVL) remonte à 2019. Depuis, le parti peine à maintenir sa dynamique. Lors des élections fédérales de 2023, il a perdu peu de voix, mais six sièges au Parlement. Dans les scrutins cantonaux qui ont suivi, dix mandats supplémentaires ont été perdus.
Malgré cela, le secrétaire général Pascal Tischhauser voit des signes encourageants: «Nous progressons désormais aussi dans les communes rurales – cela nous donne une base plus large pour réussir à l’échelle nationale.»
L’offre politique pour les Suisses de l’étranger
À l’approche des élections de 2023, le PVL a fondé une section internationale, destinée aux Suisses de l’étranger. Sur les 80 membres initiaux, 40 sont encore actifs, auxquels s’ajoutent une cinquantaine de sympathisantes et sympathisants. Le retour de certains membres en Suisse et l’introduction de règles de transparence plus strictes ont fait baisser les effectifs.
Selon le parti, la participation aux élections et aux votations figure parmi les préoccupations majeures de la section. «Il est essentiel pour nous que tous les cantons rendent le vote électronique accessible aux Suisses de l’étranger», affirme Pascal Tischhauser, secrétaire général du PVL.
Le politologue Lukas Golder reste sceptique. Selon lui, le PVL peine à s’imposer dans les petits cantons. Parti centriste, urbain et marqué par la Suisse alémanique, il a du mal à se positionner entre le centre et les partis polarisés. Le climat sécuritaire actuel en Suisse complique aussi la tâche d’un parti tourné vers l’international. L’image du parti a également été ternie par le dérapage très médiatisé de son ancienne figure de proue zurichoise, Sanjia Ameti.
Sur la question européenne, le PVL a toutefois su affirmer une ligne claire durant cette législature. Il a été le premier parti à se prononcer en faveur des accords bilatéraux III – une prise de position qui le distingue nettement du PLR. Le parti mise aussi sur des personnalités fortes: Tiana Moser, spécialiste des affaires étrangères, a fait son entrée au Conseil des États. D’autres figures comme Patrick Hässig, conseiller national zurichois, se sont imposées, notamment dans le domaine de la santé. C’est lui qui a proposé une solution de compromis sur la 13e rente AVS, adoptée par le Parlement.
Au Conseil national, le PVL joue souvent un rôle d’arbitre. Idéologiquement plus souple que le centre conservateur, il reste limité par sa taille – onze sièges. Pascal Tischhauser souligne toutefois l’influence du parti sur des dossiers clés comme la loi sur l’électricité ou l’imposition individuelle.
Pour les élections de 2027, le parti mise sur les électeurs et électrices en quête d’une alternative libérale et pragmatique dans un paysage politique de plus en plus polarisé.
Relu et vérifié par Mark Livingston, graphiques: Kai Reusser
Si vous avez manqué la première partie de notre tour d’horizon des partis politiques, la voici:
Plus
Test de forme pour les partis politiques à mi-parcours de la législature


En conformité avec les normes du JTI
Plus: SWI swissinfo.ch certifiée par la Journalism Trust Initiative
Vous pouvez trouver un aperçu des conversations en cours avec nos journalistes ici. Rejoignez-nous !
Si vous souhaitez entamer une conversation sur un sujet abordé dans cet article ou si vous voulez signaler des erreurs factuelles, envoyez-nous un courriel à french@swissinfo.ch.