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Elisabeth Baume-Schneider et Albert Rösti entrent au Conseil fédéral

prestation de serment Elisabeth Baume-Schneider et Albert Rösti
Après leur élection, les nouveaux membres du Conseil fédéral Elisabeth Baume-Schneider (PS) et Albert Rösti (UDC) ont prêté serment devant l’Assemblée fédérale réunie. © Keystone / Peter Schneider

Le Parlement suisse a élu mercredi au Conseil fédéral l’UDC bernois Albert Rösti et la socialiste jurassienne Elisabeth Baume-Schneider. Si le premier était pressenti pour prendre la place d’Ueli Maurer, l’élection de la seule romande en lice à la succession de Simonetta Sommaruga est une surprise.

On n’attendait pas de bouleversement de dernière minute, finalement la double élection au Conseil fédéral ce mercredi aura réussi à prendre de court la plupart des analystes. A l’UDC (droite conservatrice), le favori Albert Rösti a bien été nettement élu dès le premier tour par l’Assemblée fédérale, constituée des deux chambres du Parlement réunies.

En revanche, peu de prévisionnistes s’attendaient à ce que la socialiste Elisabeth Baume-Schneider remporte davantage de voix que la Bâloise Eva Herzog, qui était donnée grande favorite depuis le début de la course. L’élection de la première jurassienne au Conseil fédéral a été réglée en trois tours, et a réservé plus de surprises que ce qu’on pouvait attendre.

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Albert Rösti élu sans suspense

Après les hommages aux ministres démissionnaires, les candidats UDC ont été les premiers à être fixés sur leur sort. Sur le ticket, le Bernois Albert Rösti faisait face au Zurichois Hans-Ueli Vogt. Depuis l’annonce des candidatures, les médias estimaient qu’Albert Rösti, mieux connecté au Parlement et perçu comme plus prévisible que son rival, avait de meilleures chances de l’emporter.

Les portraits d’Albert Rösti et Hans-Ueli Vogt:

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Le conseiller national bernois a de fait été nettement élu en un seul tour par 131 voix sur 243 bulletins valables. Hans-Ueli Vogt n’a pas réussi à déjouer les pronostics et a obtenu 98 voix. Seules 14 voix éparses ont été attribuées.

Dans son discours d’acceptation, le nouvel élu a souligné l’importance de tenir compte des uns et des autres, au-delà des frontières cantonales et linguistiques. L’ancien président de l’UDC a souligné le caractère unique au monde de la démocratie helvétique et s’est dit honoré de la confiance qui lui a été témoignée.

«Je m’engagerai pour la liberté, la démocratie et la paix, des valeurs que je défends», a-t-il dit, promettant de s’investir pour «des solutions qui nous permettent de préserver nos acquis». Il a ensuite longuement remercié son père, sa femme, toute sa famille et ses collègues pour leur soutien tout au long de sa carrière.

Election à rebondissements à gauche

La succession de la socialiste Simonetta Sommaruga a été tranchée en deuxième partie de matinée et a finalement réservé beaucoup plus de suspense que ce qui avait été annoncé. Les parlementaires devaient choisir entre deux femmes à l’expérience politique tout aussi solide mais aux personnalités bien différentes, la Bâloise Eva Herzog et la Jurassienne Elisabeth Baume-Schneider. La candidate alémanique, représentant l’aile droite du parti, était donnée largement favorite face à la seule romande en lice, plus marquée à gauche.

Les portraits d’Eva Herzog et Elisabeth Baume-Schneider:

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Mais c’était sans compter sur la fronde d’une partie des parlementaires. Il y a d’abord eu une certaine mauvaise humeur causée par la composition du ticket voulue par la direction du PS. Dans les jours suivant la démission de Simonetta Sommaruga, un mini psychodrame avait secoué le parti: la co-présidence socialiste avait annoncé exclure les candidatures masculines au profit d’un ticket 100% féminin, dans un souci de respect de la parité au gouvernement. Cette décision divisait le monde politique et le sénateur zurichois Daniel Jositsch s’y était ouvertement opposé, en annonçant qu’il souhaitait se porter candidat.

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Au premier tour, une partie des parlementaires ont semble-t-il voulu donner un signal de désapprobation face à cette stratégie jugée «discriminatoire», en accordant 58 voix à Daniel Jositsch, hors ticket, face à 96 voix pour Elisabeth Baume-Schneider et 83 voix pour Eva Herzog. A l’issue de ce premier tour, le chef du groupe socialiste Roger Nordmann a rappelé ses collègues à l’ordre, en les exhortant à choisir l’une des candidates du ticket. Il a rappelé que le Conseil fédéral avait à ce jour compté «111 conseillers fédéraux mâles» et qu’«il [était] temps d’élire la 10e conseillère fédérale».

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La Jurassienne était encore en tête au 2e tour, avec 112 voix devant Eva Herzog (105 voix) et Daniel Jositsch (28 voix). Il a fallu attendre le 3e tour pour apprendre qu’Elisabeth Baume-Schneider avait finalement remporté la majorité absolue par 123 voix sur 245 bulletins valables. Eva Herzog a quant à elle obtenu 116 voix, et 6 sont encore allées à Daniel Jositsch.

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Modéré par: Pauline Turuban

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La nouvelle conseillère fédérale a promis de s’engager «avec passion et sans relâche» dans sa nouvelle fonction et de continuer à œuvrer pour les plus faibles. Elisabeth Baume-Schneider s’est dite honorée de la confiance témoignée et a ajouté qu’elle avait hâte de se mettre au travail, se réjouissant d’être un pont, entre la ville et la campagne mais aussi entre les cultures. La nouvelle élue a finalement remercié sa famille, son parti, les autres candidates socialistes, mais aussi les Jurassiennes et les Jurassiens, dont certains avaient fait le déplacement jusqu’à la capitale fédérale pour la soutenir.

La prestation de serment des deux nouveaux membres du gouvernement devant l’Assemblée fédérale réunie: 

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Le gouvernement compte désormais une majorité latine. L’équilibre des genres reste inchangé, avec quatre hommes (Albert Rösti, Alain Berset, Guy Parmelin et Ignazio Cassis) et trois femmes (Elisabeth Baume-Schneider, Karin Keller-Sutter et Viola Amherd).

Cette matinée a aussi officiellement marqué le départ de deux membres du Conseil fédéral, l’UDC zurichois Ueli Maurer et la socialiste bernoise Simonetta Sommaruga. L’occasion pour le Parlement de rendre hommage à deux personnalités politiques opposées.

Dans son discours à l’attention d’Ueli Maurer, le président du Conseil national, le Grison Martin Candinas, a salué un conseiller fédéral «aimable», à l’«humour malicieux» et très engagé. «Votre énergie, le plaisir avec lequel vous avez affronté les défis ont toujours été des exemples et des sources d’inspiration», a-t-il déclaré.

Le conseiller fédéral sortant a pris congé sur un appel à défendre la liberté. Sans liberté, pas de démocratie, a-t-il déclaré. «Cette liberté, il faut que nous en prenions soin». Ministre des finances, il a rappelé son attachement aux budgets équilibrés, qu’il juge aussi garants de la liberté.

A propos de Simonetta Sommaruga, Martin Candidas a loué une conseillère fédérale qui a su rester sincère et «vulnérable», dont l’engagement philanthropique a été la «boussole politique». Le Grison a relevé sa «propension à l’empathie et au dialogue», qui lui a permis «de trouver des compromis»,  «de faire avancer des dossiers épineux et d’initier des changements».

Dans son discours d’adieu, Simonetta Sommaruga a pour sa part souligné les différences qui l’opposaient à Ueli Maurer, principalement liées à leurs fonctions. «Le ministre des finances veut économiser. La ministre des infrastructures doit assurer les services de base», a-t-elle dit, rappelant l’importance du service public. «Un tel service a un prix mais c’est de l’argent bien investi.»

«Il n’y a pas plus différent que nous deux», pourtant «nous incarnons ce qui rend notre politique unique», à savoir de pouvoir trouver des solutions, a-t-elle résumé.

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