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Attaquer le cancer à la racine

C’est souvent un dysfonctionnement au niveau du noyau qui rend une cellule cancéreuse. Keystone Archive

La recherche sur le cancer plonge de plus en plus profondément au cœur des cellules. A Lausanne, une rencontre internationale de haut niveau fait le point.

Cette 5e conférence biennale permet à l’Institut de recherche expérimentale sur le cancer (ISREC) de renforcer sa place de centre de compétences de niveau mondial.

«Je considère la conférence de l’ISREC comme la meilleure rencontre européenne – voire mondiale – centrée sur les relations qui existent entre le contrôle de la division cellulaire et le cancer». Venant de Peter Sorger, biologiste et directeur de laboratoires au prestigieux MIT (Massachusetts institute of technology), le constat est flatteur.

Le cancer, qui touche 30’000 personnes chaque année en Suisse (et qui en tue la moitié), reste la deuxième cause de mortalité dans le pays, après les maladies cardio-vasculaires.

Les chercheurs savent depuis longtemps qu’une tumeur est un groupe de cellules qui se multiplient de manière anarchique. Et désormais, en plongeant de plus en plus profondément au cœur de ces cellules, ils commencent à comprendre les mécanismes responsables de cette croissance aberrante.

Ceux-ci sont souvent à chercher dans des défauts des molécules organiques, qui sont les «briques» de base de toute matière vivante. Et particulièrement de l’ADN, qui commande entre autres la division cellulaire.

Brain storming



A l’ISREC, on travaille depuis 40 ans sur la compréhension de ces causes moléculaires du cancer. L’Institut lausannois fait partie d’un vaste réseau international et jouit d’une réputation scientifique reconnue.

C’est ce qui lui permet de réunir tous les deux ans la crème des chercheurs en biologie cellulaire et moléculaire du cancer. Pour cette cinquième édition, elles et ils sont près de 300, venus principalement d’Europe et des Etats-Unis.

Ces scientifiques – dont bon nombre de lauréats de prix nationaux ou internationaux – viennent ici exposer les résultats ou l’état d’avancement de leurs travaux, souvent avant même la publication dans les revues spécialisées.

La rencontre et les discussions entre savants confirmés et avec de jeunes doctorants ou post-doctorants ne sert pas seulement à échanger des informations. Elle peut aussi déboucher sur des idées nouvelles, que chacun n’aurait pas forcément eues en restant dans son laboratoire.

Les médicaments de demain

Les chercheurs n’en oublient pas pour autant que les laboratoires pour lesquels ils travaillent peuvent être en concurrence. Car le marché des médicaments contre le cancer représente un enjeu commercial colossal.

Et dans ce domaine, le progrès s’accélère depuis quelques années. Si les travaux exposés dans une conférence comme celle de l’ISREC appartiennent encore au champ de la recherche fondamentale, les applications thérapeutiques ne sont plus très loin. Certaines sont même déjà là.

Prix de la Ligue suisse contre le cancer 2003, Nancy Hynes fait partie des orateurs inscrits à la conférence. Avec son équipe de l’Institut bâlois Friedrich Miescher – partie de la Fondation pour la recherche du géant Novartis, elle a contribué de manière significative à la compréhension d’un mécanisme moléculaire à l’œuvre dans certains cancers du sein.

Ces travaux ont d’abord débouché sur la création d’un médicament, puis les chercheurs ont identifié le mécanisme qui rendait certains cellules résistantes à sa substance active.

Des avancées de ce genre laissent espérer que la chimiothérapie classique, à peu près aussi agressive avec les cellules saines qu’avec les cellules tumorales, appartiendra bientôt à l’arsenal thérapeutique du passé.

swissinfo, Marc-André Miserez

La 5e Conférence biennale «Biologie cellulaire et moléculaire du cancer» de l’ISREC s’est achevée samedi à Lausanne.
Durant quatre jours, près de 300 chercheurs du monde entier se sont réunis pour faire le point sur la recherche fondamentale.

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