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Discovery a décollé avec deux expériences suisses

La navette spatiale Discovery prête au départ au centre spatial Kennedy à Cap Canaveral. Keystone Archive

La navette spatiale Discovery a quitté Cap Canaveral mardi pour rejoindre la station spatiale ISS. Elle emporte avec elle deux projets suisses de recherche.

Un troisième suivra en septembre. Les travaux seront effectués durant cette mission de six mois par l’astronaute allemand Thomas Reiter.

Les expériences suisses relèvent du domaine médical. Il s’agit notamment d’un appareil qui donne des stimulations électriques à des groupes de muscles du bras et de la jambe, afin de tester leurs réactions dans un environnement de gravité zéro.

Conçu par Syderal, une entreprise du Seeland bernois, près de Neuchâtel, cet engin sert avant tout à la recherche sur la musculature humaine.

Seul, il peut être utilisé pour maintenir la force musculaire. Mais il peut aussi fonctionner avec d’autres instruments, en particulier pour la recherche sur l’atrophie des muscles.

«Il va permettre de mesurer la perte musculaire et l’ostéoporose que l’on observe couramment chez les gens qui séjournent longtemps dans l’espace», explique à swissinfo Arnaud Gisiger, responsable de la recherche et du développement chez Syderal.

Comprendre le «mal de l’espace»

Une autre expérience livrée par Discovery à l’ISS a été partiellement conçue par des chercheurs de l’Université de Zurich. L’ETD (Eye Tracking Device) est un appareil qui mesure la relation entre l’œil d’un astronaute et son sens de l’équilibre.

Les scientifiques espèrent qu’en analysant comment l’état d’apesanteur influence cette relation, ils pourront mieux comprendre les causes de ce que l’on nomme le «mal de l’espace» ainsi que les vertiges et les nausées qui frappent les astronautes à leur retour sur la Terre.

L’ETD a déjà été utilisé sur l’ISS depuis 2004. Il s’agit de lunettes spéciales munies de caméras miniature qui traquent les plus petits mouvements de l’œil.

Apesanteur et globules blancs

Une autre expérience suisse devrait être embarquée à bord de la Station au mois de septembre. Thomas Reiter conduira alors une recherche sur les effets de l’apesanteur sur les globules blancs, pour le compte de l’Ecole polytechnique fédérale de Zurich et pour Zero-g LifeTec, une entreprise qui en est issue.

Un vaisseau spatial russe Soyouz livrera à l’ISS des échantillons de sang, sur lesquels l’astronaute allemand simulera une infection au moyen d’un extrait de plante. Cette expérience, baptisée Leukin, vise à tester la réaction immunitaire des lymphocytes-T en apesanteur.

«Thomas Reiter a suivi une formation spéciale en avril avec l’astronaute suisse Claude Nicollier, nous sommes donc convaincus qu’il pourra effectuer ce travail», déclare Augusto Cogoli, patron de LifeTec.

Les résultats seront analysés après son retour par un ancien astronaute à San Francisco.

Deuxième chance

Cette deuxième chance sera, espérons-le, la bonne pour Leukin. En effet, cette expérience était déjà à bord de la navette Columbia, qui avait explosé lors de son retour dans l’atmosphère terrestre en 2003, tuant tous ses occupants et détruisant les données scientifiques réunies pendant la mission.

Le projet avait été proposé pour la première fois en 1997, selon Augusto Cogoli, mais l’attente a parfois du bon.

«Les retards n’ont heureusement pas toujours été négatifs, a-t-il expliqué à swissinfo. Ils nous ont permis d’affiner encore notre technologie et les résultats des analyses devraient donc n’en être que meilleurs.»

swissinfo et les agences

– La Suisse est un des pays fondateurs de Agence spatiale européenne (ESA) et collabore avec les autres puissances de l’espace.

– Son industrie spatiale regroupe 28 Instituts des Hautes Ecoles et 54 entreprises. Hormis Contraves (300 employés), qui fabrique des coiffes de fusées, toutes sont des PME.

– Leurs spécialités: ossatures de satellites, équipements au sol, appareils optiques, de télécommunications et de mesure du temps, robotique, recherche biologique en microgravité, surveillance des changements climatiques.

– En 2005, cette industrie a généré un chiffre d’affaires de 170 millions de francs.

– La Suisse a son astronaute, astrophysicien et pilote d’essai: Claude Nicollier, 1er non-américain nommé spécialiste de mission par la NASA.

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