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Technologie suisse au service de l’A380

Européen, le plus gros avion du monde peut aussi compter sur une technologie suisse. Airbus

Premier vol d'essai ce mercredi 27 avril pour l'Airbus A380. Et les moteurs du géant des airs sont contrôlés par un système «made in Switzerland».

Elaboré par l’entreprise vibro-meter, établie à Fribourg, cet outil d’analyse très pointu fournira en tout temps des images détaillées de l’état des moteurs.

«Engine Monitoring Unit» (unité de surveillance des moteurs) est le nom de baptême de ce système, installé sur les quatre moteurs de chaque A380.

Son rôle: analyser les paramètres vitaux des moteurs et délivrer un bilan de santé de ces derniers.

Signaux de vibration, vitesses de rotation, pressions, température et bien d’autres informations seront ainsi collectées et passées au crible par la boîte électronique.

Sécurité et maintenance


«Les mesures de ces paramètres servent à deux choses, explique Peter Huber, le directeur de l’entreprise fribourgeoise. D’une part à la sécurité: tout signe avant-coureur d’une défaillance est détecté et permet au pilote d’agir à l’avance. Et d’autre part, à la planification de la maintenance.»

Cette unité permet en effet de réduire les coûts de maintenance, puisque seuls les éléments nécessitant d’être remplacés sont signalés.

«Il faut imaginer le moteur comme un ensemble de pièces en rotation, poursuit Peter Huber. Le moindre dommage à l’une d’entre elles déséquilibre le système et produit des vibrations identiques à celles que l’on perçoit en voiture lorsqu’un pneu est mal équilibré.»

Le dernier-né des produits vibro-meter, dont le coût de développement est évalué à 10 millions de francs, est composé d’un nombre élevé et complexe de programmes, et doit être à même de résister à un environnement plutôt rude.

«Il doit endurer par exemple des températures allant de -54 à +120 degrés. C’est donc un peu plus complexe à construire que votre ordinateur de bureau, qui ne supporterait pas cela», relève l’entrepreneur fribourgeois.

Dans les vingt prochaines années – qui représentent l’espérance de vie moyenne d’un avion -, ce système devrait permettre à vibro-meter d’engranger 3 à 5 millions de francs de bénéfice par an.

«Mais c’est bien l’aspect stratégique qui est le plus important à nos yeux, estime Peter Huber. L’unité installée sur le A380 est la première de ce genre et d’autres constructeurs devraient se montrer intéressés».

En bonne position


«Nous sommes également en pourparlers avec Rolls-Royce, General Electric et Boeing pour le nouveau 787, se réjouit le directeur de vibro-meter. L’architecture étant identique, nous sommes bien placés pour faire affaires avec toutes les flottes qui se développeront ces 10 à 20 prochaines années.»

Fondée en 1954, l’entreprise fribourgeoise s’est spécialisée à ses débuts dans la production de capteurs fournissant des mesures précises d’indicateurs mécaniques tels que pression, torsion, vibration et déplacement.

Brown Boveri (aujourd’hui ABB) a été un de ses premiers grands clients. Pour elle, les Fribourgeois ont développé notamment des capteurs analysant les paramètres des turbines à gaz notamment.

Puis, dans les années 60 à 70, deux événements ont permis à vibro-meter de tisser des liens avec les milieux aéronautiques.

Des portes ouvertes grâce à la F1


Tout d’abord avec Swissair. Ses ingénieurs avaient alors trouvé la parade à un problème que l’ancienne compagnie helvétique avait avec ses avions Coronado.

Puis, à la faveur des contacts qu’entretenait vibro-meter avec le pilote fribourgeois de Formule 1 Jo Siffert, la firme suisse s’est vue offrir l’occasion de tester des moteurs.

«Sur quelques vieilles photos, il est possible de lire notre nom sur la monoplace de Jo Siffert, se félicite Peter Huber. Cette publicité nous a ouvert les portes de la Grande-Bretagne et plus particulièrement celles de la division aéronautique de Rolls Royce.»

Aujourd’hui, l’entreprise fribourgeoise produit toute une palette de produits (capteurs, électronique, programmes) pour des marchés hi-tech, comme l’industrie aéronavale, spatiale ou maritime.

Quant à l’avenir, vibro-meter, qui est désormais filiale du groupe britannique Meggitt, l’envisage avec sérénité. La direction prévoit même un doublement de ses ventes dans les 10 à 15 prochaines années.

«Notre équipement est à la pointe de la technologie, conclut Peter Huber. Nous sommes sur tous les projets de construction aéronautique actuels et grâce au soutien de notre maison-mère, nous sommes nettement plus en position de racheter certains de nos concurrents que de nous faire racheter par eux».

swissinfo, Robert Brookes à Fribourg
(traduit et adapté de l’anglais par Raphael Donzel)

Hormis vibro-meter, plusieurs autres entreprises helvétiques sont impliquées dans la construction de l’Airbus A380, dont RUAG Aerospace, Liebherr, Leica et Alu Menziken.

– L’A380 est le plus grand avion transporteur de passagers du monde.

– Le dernier-né d’Airbus est un «superjumbo» quadrimoteur à deux ponts et quatre couloirs.

– Dans sa configuration standard (trois classes), il peut transporter 555 passagers.

– L’A380 devrait entrer en service en 2006.

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