Allô docteur?
«Moi et l'Univers», nous dit l'arteplage d'Yverdon. Et «Moi», c'est notamment la santé. Au travers deux expositions, dont la réussite est surtout visuelle.
«La relation à soi-même est au moins aussi importante que la relation à autrui et la santé en est un des aspects fondamentaux», remarque Sergio Cavero, responsable des expositions de l’arteplage yverdonnois.
Partant de ce constat, ce sont deux expositions ayant pour thème la santé qui ont été montées à Yverdon: «Jardin d’Eden – Fascination Santé», dû à la multinationale Roche, et «Signaldouleur», qui inclut plusieurs partenaires, privés et public.
Aïe aïe aïe
«Signaldouleur, moi, ce serait plutôt un titre qui me ferait aller voir ailleurs s’y j’y suis. Mais il semble que ce ne soit pas le cas pour la majorité du public. A voir les chiffres de fréquentation, il y a une vraie curiosité! Car la douleur est un tabou dans notre société», constate Sergio Cavero.
Dans le cadre de cette exposition, c’est le langage qui est central: les avertissements que nous envoient notre corps pour nous prévenir. Pour évoquer cela, les concepteurs de «Signaldouleur» ont rejeté tout didactisme au profit du conceptuel pur et dur: le visiteur est pris dans une masse de tubes qui pendent du plafond, haut de 12 mètres.
Certains sont sonores – on y entend des témoignages de médecins ou de malades. Et des effets de lumière ponctuent cette jungle malsaine, où résonnent les basses d’une sorte d’évocation cardiaque. Un voyage à l’intérieur de soi-même, selon les organisateurs. Et sans doute une partie de cache-cache rigolote pour nombre de visiteurs.
Allô Maman bobo
Avec «Jardin d’Eden-Fascination Santé», le jeu de la conceptualisation continue. Pour accéder au fameux jardin, on passe d’abord devant une galerie de sculptures qui vous raconte leurs bobos, grâce à un habile jeu de projections. Puis, par une galerie, on débouche dans un vaste hémicycle où reflets et projections vous expédient dans un Jardin d’Eden très psychédélique.
C’est indéniablement beau, mais dans ce somptueux décor, où se niche donc la santé? «C’est une exposition qui thématise la relativité de la santé. On est en train de passer d’un modèle où le médecin était une sorte de dieu, une instance supérieure qui guérit (un modèle qui vient de la Renaissance) à un autre modèle, où l’on n’est plus un patient, mais un individu qui doit prendre des responsabilités, dont celle de s’informer», théorise Sergio Cavero.
Oui, sans doute. Mais, quel rapport avec le Jardin d’Eden? «Dans le Jardin d’Eden, il y a l’Arbre de la connaissance. Et donc un moment où l’on perd son innocence, où on ne peut plus se limiter à être assisté». Nous y voilà donc!
Le lien paraît ténu. Et il l’est. Mais cet angle strictement symbolique est étayé au rez-de-chaussée par un certain nombre d’explications, relatives notamment aux quatre facteurs qui déterminent notre santé: l’hérédité, les habitudes de vie, le diagnostic et la thérapie.
Les limites du tout-conceptuel
«J’ai la rate qui se dilate, et le foie qu’est pas droit… », chantait Ouvrard dans un temps que les moins de cent ans ne peuvent pas connaître. De ses récitals, on devait sortir, j’imagine, de bonne humeur, mais sans interrogation profonde en matière d’hygiène de vie. Pas sûr que les visiteurs des deux expositions en question ressortent de là bouleversés par une prise de conscience aiguë…
swissinfo/Bernard Léchot
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