
Dépistage de drogue: Roche persiste et signe

Malgré les pressions, l’entreprise pharmaceutique bâloise entend poursuivre des tests systématiques de dépistage de drogue auprès de ses apprentis. Le service fédéral de la protection des données s’y oppose et va prendre des mesures.
Le préposé fédéral à la protection des données est outré. Roche traite en effet ses apprentis comme des délinquants potentiels. Preuve en est: chaque jeune en formation dans l’entreprise doit se soumettre à une analyse de dépistage de drogue. Roche transmet ainsi l’image d’une jeunesse suisse où la consommation de narcotiques serait généralisée.
Le service fédéral de la protection des données crie au scandale. Odilo Guntern, le préposé fédéral, estime que ces pratiques sont inadmissibles et devraient se limiter aux seules personnes soupçonnées par leur comportement de consommer des drogues. En aucun cas, la protection aux données ne peut soutenir des tests de dépistage effectués à large échelle.
Les quelque 300 apprentis de Roche subissent ces tests depuis deux ans déjà. Et l’entreprise pharmaceutique n’est pas prête à y renoncer. Elle refuse de parler de contrainte et souligne que les employés ont donné leur accord par écrit, lors de leur embauche. Mais de quel accord s’agit-il? réplique Odilo Guntern. Si le candidat ne signe pas, il n’obtient pas une place d’apprentissage chez Roche. A-t-il donc vraiment le choix? poursuit le préposé fédéral.
Roche, de son côté, ne démord pas. Face à son refus d’entrer en matière, le préposé à la protection des données a donc décidé de mettre sur pied un groupe de travail, composé notamment de représentants de l’Office fédéral de la santé, des délégués de Roche et du monde du travail.
Pour l’instant, l’affaire est dans l’impasse. Le groupe de travail ne devrait publier son rapport qu’à la fin de l’année. Et si aucun accord ne peut être négocié avec Roche, le problème sera transféré à la Commission fédérale pour la protection des données.
Catherine Miskiewicz

En conformité avec les normes du JTI
Plus: SWI swissinfo.ch certifiée par la Journalism Trust Initiative
Vous pouvez trouver un aperçu des conversations en cours avec nos journalistes ici. Rejoignez-nous !
Si vous souhaitez entamer une conversation sur un sujet abordé dans cet article ou si vous voulez signaler des erreurs factuelles, envoyez-nous un courriel à french@swissinfo.ch.