
En Suisse, l’Etat est social, mais de façon inégale

Selon une étude de l´Office fédéral de la statistique, les personnes âgées sont relativement épargnées par la pauvreté. Elles bénéficient de l´AVS et des prestations complémentaires pour s´en sortir. Ce qui n'est pas le cas de tous les nécessiteux.
C’est une première en Suisse. En soi, l’étude de l’Office fédéral de la statistique (OFS) concernant les effets des prestations sociales publiques sur la pauvreté est à marquer d’une pierre blanche. Et cela même si ce travail s’appuie sur des données statistiques qui datent un peu. Puisque il se fonde sur l’étude nationale sur la pauvreté réalisée au début des années 90.
De manière générale, constate l’OFS, l’ensemble des prestations sociales contribue pour un tiers environ au revenu des personnes défavorisées. La palme revient à l’AVS et aux prestations complémentaires qui font baisser de 20 à 50 pour cent le taux de pauvreté des ménages de retraités. Sans ces prestations, les retraités seraient fortement touchés par la pauvreté. L’OFS relève toutefois que la précarité chez les personnes âgées reste une réalité, en particulier pour les étrangers.
Mais, l’Etat social a ses limites, voire ses oubliés. Il s’agit des groupes de population dont la situation financière est précaire: les mères de famille qui élèvent seules leurs enfants ou les divorcés. Ils n’ont pas l’âge de recevoir l’AVS ou les prestations complémentaires et s’adressent à l’aide sociale. «Là, la réduction du taux de pauvreté est moins significative», constate Stéphane Fleury, de l’OFS.
Par ailleurs, la prévoyance professionnelle est certes utile pour les revenus moyens. Par contre, «elle est inefficace pour les très bas revenus, puisqu’ils sont exclus des caisses de pension», souligne Stéphane Fleury. Cette prévoyance ne suffit pas à subvenir à leurs besoins lorsqu’ils sont âgés.
Autre faiblesse du système suisse: la diversité des pratiques cantonales. Il existe ainsi d’importantes disparités régionales dans la lutte contre la pauvreté. Les résultats les plus probants sont observables dans la région lémanique, où les taux de pauvreté sont élevés, et le canton de Zurich, où ils sont faibles.
Les grands centres urbains disposent en effet de systèmes sociaux particulièrement bien développés. A l’inverse, les communes de l’extrême périphérie, plus touchées que la moyenne, ne parviennent pas à réduire la pauvreté dans des proportions semblables.
Jugurtha Aït-Ahmed

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