Le maillon faible de la protection des espèces
Engagée dans un vaste projet européen de protection de l'environnement, la Suisse n'a toujours pas délimité les zones concernées.
Pour faire pression, le WWF et l’Association suisse pour la protection des oiseaux ont présenté leur propre projet.
Le «Réseau Emeraude» est un plan européen de protection de toute une gamme d’habitats et d’espèces animales et végétales.
Emanation de la Convention de Berne, dont la Suisse est signataire, il a été formellement créé en 1996.
Conformément aux accords, les pays signataires se sont engagés à désigner une zone Emeraude sur leur territoire. Et à l’annoncer au Conseil de l’Europe.
Le hic, c’est que la Suisse n’a pas encore entamé les démarches.
Initiative des associations
«Berne n’a encore annoncé aucune zone candidate alors que les pays limitrophes sont en train d’établir leur réseau, dénommé Natura 2000», souligne Walter Vetterli, responsable de la campagne Emeraude pour le WWF Suisse.
Face à la lenteur helvétique, le WWF et l’Association suisse pour la protection des oiseaux (ASPO) ont donc pris l’initiative de désigner les zones d’intérêt qui devraient être inscrites au réseau Emeraude.
Elles sont au nombre de 108 et couvrent une superficie de 1475 km², soit 3,6% de la surface du pays.
Parallèlement, l’ASPO-BirdLife et la Station ornithologique suisse demandent d’inclure dans le projet les 31 zones protégées pour les oiseaux d’importance internationale. Ce qui représente une superficie de 5382 km², soit 13% du territoire suisse.
Une protection élargie
Le nombre total des zones candidates au Réseau Emeraude s’élève donc à 139, pour une surface de 6440 km², soit 16% de la superficie du pays.
Une superficie 20 fois plus importante que les inventaires fédéraux actuels.
«Nous allons dans le même sens que le WWF», souligne Adrian Aeschlimann, chargé d’information à l’Office fédéral de l’environnement, des forêts et du paysage.
«Toutefois, il faut considérer que les superficies proposées par les associations de protection de l’environnement sont des propositions. A ce titre, elles devront être étudiées, voire réduites dans certains cas.»
Et d’ajouter, «par ailleurs, nous ne sommes pas en retard quant à la planification du Réseau Emeraude. Les zones protégées sont en voie d’être définies. Elles devraient être désignées en 2003-2004».
De leur côté, le WWF et l’ASPO exigent des autorités fédérales, cantonales et communales qu’elles examinent ces zones candidates, les délimitent géographiquement et les annoncent au Conseil de l’Europe.
Les deux organisations demandent également que les zones désignées soient reconnues sur le plan juridique et bénéficient de mesures de protection à long terme et d’un soutien financier approprié.
La place de l’humain
«Les régions abritant des espèces et habitats Emeraude doivent être soutenues par des subventions plus élevées, précise M. Weissen. Des subventions plus importantes doivent être octroyées dans le domaine de l’agriculture également, pour les surfaces de compensation écologique».
Ces zones Emeraude ne sont en effet pas de nouvelles réserves, mais des ensembles naturels cohérents et jouissants d’une protection particulière.
Les activités humaines nécessaires à la conservation des espèces et de l’habitat doivent dont y être encouragées.
Selon les organisations écologistes, ce réseau doit devenir un instrument clé de la politique nationale de protection de la nature. Sans pour autant remplacer les inventaires fédéraux existants.
swissinfo/Vanda Janka
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